Albert Camus en Algérie : la “trêve civile” de janvier 1956
Des associations de nostalgiques de l’Algérie coloniale tentent aujourd’hui de récupérer Albert Camus. Par exemple, sur un « Mur des disparus »1 érigé à Perpignan par le Cercle algérianiste, il est envisagé de graver une citation du Prix Nobel de Littérature.
Cette appropriation de l’écrivain né en Algérie par ceux qui défendent les bienfaits de la colonisation, est une réécriture de l’histoire car elle fait silence sur les choix de Camus pendant la guerre d’indépendance de l’Algérie et la haine qu’ils ont suscitée chez les partisans de l’Algérie coloniale.
Cette détestation s’est exprimée avec violence lors de la venue du futur Nobel à Alger, fin janvier 1956, pour proposer une « trêve civile » dans le but d’épargner les vies innocentes. Cet épisode mérite d’être rappelé pour illustrer l’incompatibilité entre la lucidité et l’humanité de Camus et l’aveuglement obstiné des tenants de l’Algérie française.