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Édition du 1er au 15 juillet 2025

Les Européens d’Algérie et leur exode

Albert Camus en Algérie : la “trêve civile” de janvier 1956

Des associations de nostalgiques de l’Algérie coloniale tentent aujourd’hui de récupérer Albert Camus. Par exemple, sur un « Mur des disparus »1 érigé à Perpignan par le Cercle algérianiste, il est envisagé de graver une citation du Prix Nobel de Littérature.

Cette appropriation de l’écrivain né en Algérie par ceux qui défendent les bienfaits de la colonisation, est une réécriture de l’histoire car elle fait silence sur les choix de Camus pendant la guerre d’indépendance de l’Algérie et la haine qu’ils ont suscitée chez les partisans de l’Algérie coloniale.

Cette détestation s’est exprimée avec violence lors de la venue du futur Nobel à Alger, fin janvier 1956, pour proposer une « trêve civile » dans le but d’épargner les vies innocentes. Cet épisode mérite d’être rappelé pour illustrer l’incompatibilité entre la lucidité et l’humanité de Camus et l’aveuglement obstiné des tenants de l’Algérie française.

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Albert Camus : l’Algérie en mai 1945

Albert Camus est mort en janvier 1960, au moment où l’option de la négociation avec le FLN pour préparer l’indépendance de l’Algérie commençait à être envisagée par le général de Gaulle. On ne sait pas comment il aurait réagi s’il avait vécu en 1960, 1961 et 1962, à un moment où chacun a eu à choisir entre cette acceptation de l’indépendance et l’option du putsch et de l’OAS. Le fait est que, jusqu’à sa mort, il a refusé l’idée d’indépendance de l’Algérie, en considérant que cela signifierait le départ des Européens d’Algérie et donc la mort de « son » Algérie2. Après s’être engagé en janvier 1956 en faveur de l’arrêt des violences contre les civils des deux camps3 ce qui l’a exposé à la haine des extrémistes européens qui l’ont empêché de parvenir à son objectif, il s’est réfugié jusqu’à sa mort dans un silence presque total sur ce sujet. Aurait-il suivi, s’il avait vécu, l’évolution d’amis comme l’écrivain Emmanuel Roblès ou le peintre Jean de Maisonseul en faveur de l’indépendance, ou bien une autre direction ? rien ne permet de l’affirmer.

Quoi qu’il en soit, les textes qu’il a écrits en mai 1945 pour le journal Combat4, montrent son estime et sa grande attention aux populations arabes déshéritées, ainsi que sa conviction qu’il s’agit « de faire jouer à leur propos les principes démocratiques que nous réclamons pour nous-mêmes ». Voici des extraits de ces textes5.

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Albert Camus et l'Algérie

il y a cinquante ans, le prix Nobel de littérature était attribué à Albert Camus

Conférence donnée par Benjamin Stora6 au Musée de la Méditerranée de Stockholm, le 6 octobre 2007.

Vous pourrez également lire sur ce site un de ses articles datant de 1939 sur la misère de la Kabylie, son point de vue sur les événements de Sétif, et un article consacré à Albert Camus et Joseph Duval publié récemment dans un quotidien algérien.

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Marseille 1962 (Keystone).
Les Européens d'Algérie et leur exode

L’arrivée et l’installation des Pieds-Noirs à La Seyne-et dans le Var en 1962, par G. Crespo

Un exposé de Gérard Crespo, docteur en histoire, au colloque organisé le 16 novembre 2002 par l’association pour l’Histoire et le Patrimoine Seynois.

Nous remercions l’association Histoire et Patrimoine Seynois7 de nous avoir permis de reprendre l’exposé de Gérard Crespo ainsi que le débat qui l’a prolongé publiés sur http://www.histpat-laseyne.net/ dans les actes du colloque8.

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Monseigneur Duval et Albert Camus, deux hommes dans la tourmente

Les événements tragiques qui ont accompagné le déclenchement de la guerre algérienne de Libération ont mis Monseigneur Duval et l’écrivain Albert Camus devant un choix qu’ils ne pouvaient faire.

A l’occasion du dixième anniversaire de la mort du cardinal Léon-Etienne Duval, El Watan publie un dossier de A. Benchabane qui lui est consacré 9.

[Mise en ligne, le 15 mai 2006,

mise à jour, le 14 janvier 2007]
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Les Européens d'Algérie et leur exode

1962 : l’exode des pieds-noirs

Au cours de la seule année 1962, plusieurs centaines de milliers de pieds-noirs ont fui l’Algérie, pour venir se réfugier en France. Désemparés, hébétés, ils ont quitté leur pays.

Au cours des années précédentes, combien d’entre eux avaient imaginé qu’ils seraient un jour amenés à abandonner ainsi une terre qu’ils avaient toujours considérée comme la leur ? L’Algérie était leur pays10. Ils y vivaient – en dehors de l’Histoire.

De ce monde, les Arabes étaient exclus, à moins d’être domestiques, les fatmas, ou, au travail, les dockers, les ouvriers agricoles … – ils s’appelaient tous Mohamed. Ce qui n’empêchait pas les gosses arabes et les petits européens de jouer ensemble, d’aller à la même école. Mais ni les mariages mixtes, ni la promotion politique ne sont, ne sauraient être envisagées. “ Si l’un d’entre eux entre au conseil municipal, je tire mon Mauser de la guerre de 14 ”, disait un garagiste.»

Seule une minorité de pieds-noirs avaient envisagé que le pouvoir puisse un jour passer aux Arabes. Marc Ferro, évoquant la signature des accords d’Évian, écrit : « la foudre s’était abattue, alors que le ciel était tout bleu.» 11

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