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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

Les “banlieues”

Les “banlieues”

Indignation générale après la décapitation d’un professeur à Conflans-Sainte-Honorine

Un professeur d’histoire-géographie dans un collège des Yvelines a été assassiné par décapitation le 16 octobre 2020. Ci-dessous les réactions des syndicats d’enseignants et de la Ligue des droits de l’Homme qui expriment leur indignation et leur détermination à ne rien céder dans le combat fondamental pour la défense de la liberté d’expression, de l’éducation à l’esprit critique et de la laïcité. Nous reprenons le projet de lettre d’un enseignant qui appelle à réagir « avec les musulmans » et à refuser toute intrumentalisation islamophobe. Et rappelons, en signalant des pages parues antérieurement sur notre site, que l’indignation légitime suscitée aujourd’hui en France par ce meurtre par décapitation doit s’étendre aux mêmes pratiques barbares qui ont été mises en œuvre par des armées et des autorités françaises tout au long de l’époque coloniale.

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Laurent Mucchielli : “il faut adapter la citoyenneté à notre societe multiculturelle”

Neuf mois après les attentats qui ont frappé Paris et Montrouge, le sociologue Laurent Mucchielli estime que la réponse au « malaise français » se situe avant tout sur le terrain socio-économique et politique. Il juge indispensable de concilier la citoyenneté avec le multiculturalisme de la société. Il se penche également sur le bilan de la politique de la ville et sur les enjeux de sécurité au plan local.

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Mort de Zyed et Bouna : relaxe définitive des deux policiers

A la suite de la relaxe des deux fonctionnaires de police poursuivis pour non-assistance à personne en danger après la mort des deux adolescents, en 2005 à Clichy-sous-Bois, l’avocat des familles de Zyed et Bouna, Jean-Pierre Mignard, a déploré, mardi 19 mai sur France Inter, que « la parole de deux policiers blancs l’emporte sur toute autre considération ». « Dans ce pays, il y a des fractures raciales. Dans ce jugement, je vois de la distance. […] A un moment, ce pays aura besoin de se réveiller, de se choquer », a ajouté M. Mignard.

Zyed et Bouna étaient morts le 27 octobre 2005 par électrocution, alors qu’ils s’étaient réfugiés sur un site d’EDF pour fuir un contrôle de police. Les policiers qui participaient à leur poursuite, ont été relaxés par le tribunal correctionnel de Rennes lundi 18 mai.

La Ligue des droits de l’Homme déclare sa tristesse et son inquiétude pour l’avenir

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Il y a trente ans, la «marche des beurs»

15 octobre 1983, départ à Marseille de la «Marche des Beurs». Son objectif : dénoncer le racisme, réclamer une France multiculturelle et obtenir l’égalité des droits pour les immigrés et leurs enfants.

Cette Marche pour l’égalité et contre le racisme, rebaptisée « Marche des Beurs », a pris naissance au cours de l’été 83 dans le quartier des Minguettes, à Vénissieux. Le climat est tendu dans cette ZUP et les affrontements se multiplient entre les forces de l’ordre et les jeunes. Au cours des rixes, Toumi Djaïda, le président de l’association SOS Avenir Minguettes, est blessé par un policier. Les violences montent, des voitures sont brûlées, des bâtiments saccagés…

Partie dans l’anonymat, en octobre 83, la marche finit en apothéose à Paris, le 3 décembre, avec près de 100 000 personnes à la Bastille. Un documentaire revisite l’histoire de cette marche pour l’égalité qui a vu la prise de parole par des enfants de l’immigration. Mais la fracture existe toujours entre la France et ses banlieues…

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Affaire Zyed et Bouna : les deux policiers seront jugés en correctionnelle

Le 27 octobre 2005, Zyed Benna, 17 ans, et Bouna Traoré, 15 ans, étaient morts électrocutés dans un transformateur EDF où ils s’étaient réfugiés. Un troisième jeune, Muhittin Altun, 17 ans au moment des faits, avait été grièvement brûlé.

Huit ans après les faits, la cour d’appel de Rennes a décidé, vendredi 20 septembre, de renvoyer en correctionnelle deux des policiers impliqués dans la mort de Zyed Benna, 17 ans, et Bouna Traoré, 15 ans, morts en 2005 à l’issue d’une course-poursuite à Clichy-sous-Bois.

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Trappes : ce que le voile révèle

«Il y a l’élément déclencheur et le contexte. L’élément déclencheur?: à Trappes une femme voilée, mais pas intégralement, a d’abord été agressée à l’arme blanche?; puis s’est produit le contrôle d’identité d’une femme portant le niqab. Le contexte?: les révoltes ne se produisent pas dans les quartiers aisés mais dans les quartiers populaires, ouvriers, où règne un sentiment d’abandon, de disqualification, de ségrégation. C’est le cas à Trappes. Dans tous ces quartiers existe un haut degré d’exaspération. Les forces de l’ordre représentent l’État et sa forme répressive. Parmi la population musulmane, l’islamophobie est une autre cause de l’exaspération. L’islamophobie n’est pas reconnue – ou alors du bout des lèvres – ni prise en charge par les pouvoirs publics.» (Marwan Mohammed1)

Ci-dessous un billet d’humeur du démographe Nicolas Bourgoin2, suivi d’un entretien vidéo du mari de la femme verbalisée, diffusé sur la Télévision locale du 93.

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Zyed et Bouna
Zyed & Bouna

Il se serait donc passé quelque chose à Clichy-sous-Bois en 2005

La chambre criminelle de la Cour de cassation vient de rendre, le 31 octobre 2012, un arrêt important dans une affaire qui hante les mémoires du département de Seine-Saint-Denis.

Le 27 octobre 2005, deux jeunes mouraient électrocutés dans un transformateur EDF de Clichy-sous-Bois, un troisième était grièvement brûlé.
La police, présente à proximité des lieux était accusée par les familles de ne pas avoir fait le nécessaire pour porter secours à ces enfants. Cet événement déclencha les émeutes qui embrasèrent les banlieues à l’automne 2005.

Nous reprenons le commentaire de l’arrêt de la chambre criminelle de la Cour de cassation, publié le 1er novembre par Jean-Luc Rongé sur le blog de Jean-Pierre Rosenczveig, président du tribunal pour enfants de Bobigny3.

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La manifestation organisée à Paris le 8 février 1962, pour dénoncer les agissements de l'OAS, avait été réprimée de façon particulièrement violente sur ordre de Maurice Papon – 8 morts au niveau du métro Charonne. (Graphisme : d'après Siné)
Les “banlieues”

Chaque violence illégitime contre un manifestant incitera des dizaines de ses camarades à vouloir le venger

Aurait-on déjà oublié le motif initial des émeutes en Grande Bretagne ? Il s’agit de la mort de Mark Duggan, un Antillais de 29 ans, abattu le 4 août par des policiers dans le quartier de Tottenham au nord de Londres. Mark Duggan était soupçonné d’appartenir à un gang. Les policiers ont justifié l’usage de leur arme en invoquant la légitime défense. La colère est venue de là, de l’homicide bien entendu, mais également de la relation par la police des circonstances de cette mort, une relation qui n’a pas convaincu le quartier. Et Tottenham s’est embrasé comme Clichy-sous-Bois en octobre 2005, puis Villiers-le-Bel en novembre 2007.

Dans ces deux derniers cas, la police avait commencé par chercher à s’exonérer de toute responsabilité : à Clichy, « les enfants n’étaient pas poursuivis », et à Villiers-le-Bel, « le véhicule de police circulait normalement ». Dans ces deux cas, la relation des faits s’est avérée fausse, mais aucun des policiers impliqués n’a été sanctionné, alors que ce sont les inexactitudes de leurs déclarations qui ont provoqué les émeutes qui ont suivi.

L’avocat Jean-Pierre Mignard, observe sur son blog que le même processus s’est déroulé à Londres : l’IPPC (l’Independant Police Complaints Commission) a fait savoir le 9 août que rien ne démontrait que Mark Duggan se soit servi de son arme ou qu’il ait tenté de s’en servir. La thèse de la légitime défense s’effondre donc.

Jean-Pierre Mignard rappelle d’autre part que, en mai 1968, Maurice Grimaud, alors préfet de police de Paris, avait su, en leur rappelant des règles déontologiques élémentaires, calmer les fonctionnaires de police et contenir la violence qu’ils ont exercée sur les manifestants parisiens. La lettre que Maurice Grimaud avait adressée le 29 mai 1968 à chaque membre de la police parisienne est reprise ci-dessous4. Jean-Pierre Mignard signale d’ailleurs que, lors des émeutes de Clichy en 2008, l’actuel préfet de police Michel Gaudin avait fait afficher cette lettre dans les commissariats.

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Les “banlieues”

Villiers-le-Bel : condamnations sur dénonciations rétribuées

La mort, fin novembre 2007, de deux adolescents dans la collision de leur moto avec un véhicule de police avait entraîné deux jours de violences entre jeunes et forces de l’ordre à Villiers-le-Bel (Val d’Oise). La cour d’assises de Pontoise vient de condamner à des peines lourdes – de 3 à 15 ans de prison ferme – mais inférieures aux demandes du ministère public, cinq jeunes accusés d’y avoir pris part, fut-ce indirectement, accusation qui ne s’appuyait que sur un seul témoignage “sous X” 5. Un appel dénonçant «l’inacceptable verdict du 4 juillet 2010, condamnant sans preuves cinq jeunes de Villiers-le-Bel à des peines d’emprisonnement ferme» peut être signé : appel contre une condamnation pour l’exemple.

Il y a quelques années, Laurent Mucchielli, co-auteur de l’ouvrage Quand les banlieues brûlent, avait déclaré «tant que l’on refusera de traiter les questions de fond, on aura des émeutes»6. Il avait identifié «quatre problèmes cruciaux pour les banlieues» :

  1. les relations catastrophiques avec la police,
  2. le niveau de l’échec scolaire et le ressentiment envers l’école,
  3. le niveau du chômage des jeunes, y compris lorsqu’ils sont qualifiés et
  4. le statut global de la population dite “issue de l’immigration” dans la société française.

Il poursuivait : «Ils sont toujours là, et ils nourrissent toujours en permanence dans ces quartiers des sentiments de colère, d’injustice, d’exclusion, d’humiliation et de ce que j’appelle la “victimation collective” ».

L’article d’Oernella Guyet que nous reprenons ci-dessous sous contrat Creative Commons – il a été initialement publié sur le site BastaMag – montre que la situation ne s’est pas améliorée depuis lors.

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