La création à venir d’une Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie, contestée par de très nombreux historiens, continue à être un sujet de polémique.
L’intérêt de recueillir les témoignages d’anciens combattants de la guerre d’Algérie est indiscutable. Mais il est illusoire d’en attendre la mise à jour de « la réalité des faits» et c’est faire preuve d’une grande naïveté que de penser que « la vérité historique » ainsi dévoilée permettra de «réconcilier les mémoires». A titre d’exemple, on ne perçoit pas en quoi le témoignage de Roger Benmebarek sur les événements de mai 1945 à Sétif, rédigé dans le respect des « principes préconisés par son rapport remis au premier ministre, le 13 janvier 2006, pour préfigurer [cette] fondation», peut contribuer à cette réconciliation.
C’est pourtant ce que Hubert Falco avait affirmé lors du congrès de l’UNC, le 14 mai 2010, à Montpellier.
Le secrétaire d’Etat à la Défense et aux Anciens combattants avait déclaré, le 2 février dernier à l’Assemblée nationale, que la fondation « n’est pas chargée d’écrire l’histoire de la guerre d’Algérie », mais de « transmettre à nos jeunes l’histoire de cette période». Comme il l’a répété à Montpellier, la fondation sera chargée « de défendre la vérité simple, la vérité toute nue», sans craindre «la vérité de l’histoire» : «Nous savons ce que fut la présence française en Algérie. Nous savons ce que le système colonial comptait en injustices de tous ordres. Mais nous savons aussi ce que les Français d’Algérie ont apporté à ce beau et grand pays».
Comment pourrait-il en être autrement de la part d’une fondation créée par une loi «portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en
faveur des Français rapatriés» ? Une fondation dont le député Lionnel Luca, auteur de l’incroyable proposition de loi visant à la reconnaissance du génocide vendéen de 1793-1794, attend avec impatience la mise en place, «afin de mieux approcher la vérité et la réconciliation entre les peuples».
Le débat qui entoure ce projet de fondation révèle une confusion des esprits. Afin d’apporter des éléments de réflexion sur le sujet, nous reprenons ci-dessous quelques textes d’historiens qui traitent des rapports entre mémoire et histoire.