à l’horizon d’une vie pleine de malheur et d’amertume …
Le 17 décembre 2007, Madame O. de la wilaya de Tizi-Ouzou a adressé la lettre suivante à la section de Toulon de la LDH.
Le 17 décembre 2007, Madame O. de la wilaya de Tizi-Ouzou a adressé la lettre suivante à la section de Toulon de la LDH.
Jusqu’à mi-décembre 2007, le centre de rétention administrative (CRA) des Pyrénées-Orientales se trouvait à Rivesaltes. Il avait été construit en 1984 à l’intérieur du sinistre camp Joffre où ont été internés, de 1939 à 1942, des Républicains espagnols, des Tsiganes et des juifs de toute nationalité, avant de devenir un centre d’hébergement particulièrement rude pour les harkis de 1962 à 1964. Aujourd’hui, trois stèles honorent les Républicains espagnols, les juifs et les harkis qui sont passés dans ce camp, et une quatrième est prévue pour rappeler le souvenir des Tsiganes. Prochainement, un mémorial y sera construit.
Le CRA se trouve maintenant dans le voisinage immédiat de l’aéroport de Perpignan. Indépendamment des plus grandes facilités de transport, les autorités ont sans doute tenu à éviter les rapprochements avec un passé qui n’est pas très loin de nous. D’autant que le recours croissant à la chasse aux “étrangers sans-papiers” est de plus en plus contesté, comme en témoigne l’organisation de manifestations en Europe le 19 janvier 2008.
A son retour d’Algérie, le 5 décembre 2007, le président Sarkozy a reçu 150 représentants d’anciens combattants d’Afrique du Nord, de rapatriés et de harkis.
Il a rendu hommage à leur douleur et les a invités à tourner la page en nouant des relations nouvelles avec l’Algérie. Il a évoqué le sort des harkis qui ont cru en la parole de la France mais qu’elle a mal reçus, et les réparations qu’elle leur doit, ainsi qu’à leurs
enfants. La demande pour les harkis et leur famille de la liberté d’aller en Algérie qu’il a formulée au président Bouteflika a été aussi évoquée.
Mais le candidat Sarkozy avait promis, le 31 mars dernier, en recevant une centaine de représentants de harkis : « Si je suis élu président de la République, je veux reconnaître officiellement la responsabilité de la France dans l’abandon et le massacre de harkis ». De cette reconnaissance officielle, il n’a pas été question dans l’allocution prononcée par le président.
Toujours dans l’attente de la reconnaissance officielle de la responsabilité de la France dans l’abandon et le massacre de harkis, les deux présidents d’associations de harkis demandent quel est le sens de l’hommage national du 25 septembre alors même que le président de la région Languedoc-Roussillon, Georges Frêche, poursuivi en justice pour avoir traité des harkis de «sous-hommes», vient d’être relaxé en appel. Et pourquoi le parquet ne s’est-il pas pourvu en cassation ? cela résulte-t-il d’un
choix au plus haut niveau de l’Etat ?
Une réponse au discours prononcé par François Fillon lors de l’hommage solennel, le 25 septembre 2007 — vous pourrez en prendre connaissance ci-dessous.
Le président de la région Languedoc-Roussillon avait été condamné pour avoir traité, en février 2006, des harkis de “sous-hommes” (voir notre article), mais il vient d’être relaxé en appel.
En effet, la Cour d’appel, présidée par Claude Arrighi, a reconnu que «les expressions “vous n’avez rien. Vous êtes des sous-hommes” qui nient même l’appartenance à la nature humaine et renvoient aux expressions utilisées par les doctrines raciales nazies» peuvent être qualifiées d’injures, et qu’elles «s’adressent bien à l’ensemble de la communauté harkie et non aux seuls harkis qui ont participé à la réunion de Palavas.» Mais au terme d’une analyse juridique de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, le tribunal a relaxé Georges Frêche.
Comme en témoigne la déclaration de l’association Harkis et droits de l’Homme, ce jugement a semé la consternation au sein de la communauté harkie. De son côté, la Ligue des droits de l’Homme a décidé de porter l’affaire en cassation.
«Il était, il est du devoir le plus élémentaire » du gouvernement français «de protéger les hommes qu’il a engagés» écrivait Pierre Vidal-Naquet en novembre 1962. «Il semble bien que ce n’est pas par hasard si les harkis sont si peu nombreux à s’être réfugiés en France, poursuivait-il, des ordres ont été donnés pour éviter un afflux massif que l’économie française est pourtant en état de supporter ; en Algérie même, la protection des harkis semble laissée à l’initiative individuelle. Il y a là la continuation de la vieille attitude raciste et coloniale.»1
Le président ex-socialiste de la région Languedoc-Roussillon — exclu du PS le 26 janvier 2007 pour ses propos sur la composition ethnique de l’équipe de France de football — avait fait appel de sa condamnation en première instance à une amende de 15 000 € — prononcée le 25 janvier 2007 — pour avoir traité de “sous-hommes” des représentants de harkis, le 11 février 2006.
La campagne électorale est l’occasion pour les candidats à l’élection présidentielle de revenir sur le problème des harkis. Différentes déclarations, différentes promesses ont été faites. Cela nous a incités à rencontrer deux responsables de l’association Harkis et droits de l’Homme2, pour faire le point, à quinze jours du premier tour de l’élection.
La section de Toulon de la Ligue des droits de l’Homme a donc rencontré Fatima Besnaci-Lancou, présidente, ainsi qu’Amar Assas, porte-parole de l’association, et leur a posé quelques questions.
Vous trouverez ensuite un communiqué du PS en date du 10 avril, un extrait d’un discours de François Bayrou, puis une présentation des intentions de Nicolas Sarkozy à la date du 31 mars.
Aujourd’hui, Fatima Besnaci-Lancou a champ libre à Roubaix : une exposition et deux week-end de rencontres et d’échanges avec différentes enfants de l’Algérie.3
Au-delà de la nécessaire reconnaissance dûe aux harkis, Fatima Besnaci-Lancou, co-fondatrice et présidente de l’Association Harkis et droits de l’Homme, veut ainsi contribuer par des actes à la réconciliation franco-algérienne.
Le général Pascal Jardin, ancien directeur général de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONAC), s’indigne dans une lettre contre le refus de la France de reconnaître aux anciens supplétifs de l’armée française, restés malgré eux en Algérie après 1962, la qualité d’anciens combattants ainsi que les droits qui s’y rattachent4.
Un texte signé « Pierre Vidal-Naquet, secrétaire du comité Maurice Audin » publié dans Le Monde du 11-12 novembre 1962.
Dans cet ouvrage, Fatima Besnaci-Lancou présente treize vies blessées de harkis. Ils furent reçus avec leurs familles par la France avec mépris et indifférence. On n’a jamais cessé de mentir à ces déracinés, leur affirmant qu’ils étaient français quand on avait besoin d’eux, avant de leur signifier qu’on ne les considérait pas comme tels quand on n’avait que faire d’eux en France. Ils ne réclament aucune réparation matérielle ; comme Ali, dont vous lirez le témoignage ci-dessous, ils demandent simplement qu’au moins leurs enfants connaissent un jour la vérité5.