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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

Harkis

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Harkis

“la République face aux harkis : questions aux historiens”, par Todd Shepard


«Avant que ne s’annoncent les manifestations commémorant le cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie (et la fin de l’empire français !), Claude Lanzmann a eu la très opportune idée de consacrer un numéro entier des Temps modernes aux harkis. Nous avons tous ou presque la conscience coupable lorsqu’il s’agit de notre indifférence devant le sort épouvantable réservé aux combattants algériens qui s’étaient rangés aux cotés de la France. Les harkis n’étaient ni des traitres ni des collaborateurs. Les Français et les Algériens sont également coupables du drame qu’ils ont vécu. Ce numéro, Harkis 1962-2012 : Les mythes et les faits, est parfaitement composé.»

Jean Daniel1


Le numéro 666, novembre–décembre 2011, de la revue Les Temps Modernes, réalisé sous la direction de Fatima Besnaci-Lancou, est consacré aux harkis. Vous trouverez ci-dessous la liste des personnes qui ont contribué à ce numéro exceptionnel, dont nous reprenons, avec l’autorisation de l’auteur et de l’éditeur, la contribution de l’historien Todd Shepard, professeur d’histoire à l’université Johns Hopkins (Baltimore), spécialiste de la France et son empire colonial au vingtième siècle.

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les harkis : ni rapatriés comme les autres, ni français comme les autres

Le terme harki est utilisé de nos jours pour désigner l’ensemble des
« Français musulmans d’Algérie » qui ont été engagés dans ou au côté de l’armée française. La terminologie utilisée par l’administration pour les désigner a varié dans le temps: Français musulmans rapatriés (FMR) à partir de 1962, puis Français rapatriés de confession islamique (FRCI) en 1970 et enfin Rapatriés d’origine nord africaine (RONA) dans les années 1980. Pour les autorités françaises, ce n’étaient ni des rapatriés comme les autres, ni des Français comme les autres.

Cette logique de «catégorisation» traduisait une gestion discriminatoire de leur prise en charge : à leur arrivée en France ils ont été d’abord logés dans des camps de transit, puis relogés par la SONACOTRA qui était pourtant chargée des travailleurs migrants étrangers. Pour les HLM, ils n’étaient pas prioritaires, une directive (circulaire Missoffe de 1964) ayant précisé qu’ils ne pouvaient y accéder qu’après les « Rapatriés français de souche européenne ».

Dans l’intervention que nous reprenons ci-dessous, Laure Pitti2. revient sur les modes d’administration discriminants qu’ont rencontrés les harkis en France.

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Harkis

les Harkis attendent une reconnaissance et non des médailles

Le 25 septembre 2001, le président Jacques Chirac a institué le 25 septembre de chaque année comme journée nationale d’hommage aux harkis. À la veille du dixième anniversaire de cette décision, il semble malheureusement que le président Nicolas Sarkozy n’ait toujours pas l’intention d’honorer sa promesse du 31 mars 2007 de «reconnaître officiellement la responsabilité de la France dans l’abandon et le massacre de harkis ».

Après la Ligue des droits de l’Homme, l’association Harkis et droits de l’Homme demande solennellement au président de la République de respecter son engagement.

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Harkis

pour la reconnaissance officielle de la responsabilité de la France dans l’abandon et le massacre des harkis

Lettre ouverte adressée au Président de la République.

À la veille de la journée officielle d’hommage aux harkis du 25 septembre 2011, la Ligue des droits de l’Homme s’adresse à Nicolas Sarkozy pour la reconnaissance officielle de la France dans le comportement qu’elle a eu envers les harkis durant la guerre d’Algérie et au lendemain de l’indépendance de ce pays.

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Camp de Rivesaltes (Pyrénées Orientales)
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“lieux d’internement, lieux de mémoire”, colloque à Paris, le 8 juin 2011

Le 12 novembre 1938, sous la Troisième République, un décret permit l’internement des « étrangers indésirables » dans des « centres spécialisés ». Contrairement à la procédure « juridico-policière » traditionnelle, l’internement administratif vise des personnes non pour ce qu’elles ont fait (ou sont présumées avoir fait) mais pour le danger potentiel qu’elles représentent aux yeux de l’Etat du seul fait de leur présence sur le sol français. En 1938, elle vise principalement les réfugiés espagnols… suivent les juifs, les tziganes, les indochinois, les harkis… « Ces centres spécialisés » ne sont rien d’autre que des camps.

Colloque : “Lieux d’internement, lieux de mémoire”, mercredi 8 juin 2011 de 9h15 à 18h00 à l’Auditorium de l’Hôtel de Ville, 5,rue Lobau, 75004 Paris (Métro: Hôtel-de-Ville).

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Salah Salmi et sa carte d’ancien combattant. (Photo Dominique Leriche)
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Salah Salmi oublié en 1962, refusé en 2010, régularisé en 2011

Salah Salmi, un ancien harki âgé aujourd’hui de 72 ans, avait pu obtenir un visa en 2000 pour rejoindre la France. En 2004, il est incarcéré pour un viol dont il a été innocenté depuis. Après dix-huit mois de détention provisoire, il s’est trouvé privé de titre de séjour pour n’avoir pas effectué en temps voulu auprès de la préfecture du Var les formalités permettant la reconduction de son titre – il était alors en prison.

En 2010, la cour administrative d’appel de Marseille avait rejeté sa demande…

La préfecture du Var vient enfin de le régulariser et il va être indemnisé pour l’incarcération injustifiée qu’il a subie.

[Mis en ligne le 8 octobre 2010, mis à jour le 25 mars 2011]

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Harkis

El Watan présente “les harkis, histoire, mémoire et transmission”

A l’occasion de la parution de l’ouvrage Les harkis, histoire, mémoire et transmission, le quotidien algérien de langue française El Watan publie dans son édition du 20 décembre 2010 un dossier de Walid Mebarek consacré aux harkis.

On ne peut que se féliciter de cette initiative qui contribuera à combattre les préjugés qui, de part et d’autre de la Méditerranée, «déforment et instrumentalisent le passé».

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Dans le camp de Bourg-Lastic (Puy-de-Dôme) en juin 1962. (photo : La Montagne)
Harkis

l’arrivée des harkis en France : camps, hameaux de forestage et cités de transit

Le terme « harkis », au sens strict, désigne les membres d’une harka, l’une des formes d’unités supplétives de l’armée française en Algérie. Mais, progressivement, le terme s’est étendu à l’ensemble des « Français musulmans d’Algérie» engagés dans ou au côté de l’armée française. Au total, fin 1960, on comptait 60 000 « Français de souche nord-africaine » – selon la dénomination de l’époque – dans les forces régulières et supplétives, dont 20 000 harkis.

Les harkis et leurs familles qui ont fui l’Algérie pour la France en 1962 vont y être successivement catégorisés comme « Français musulmans rapatriés» à partir de juin 1962, puis comme « Français rapatriés de confession islamique », enfin comme « Rapatrié d’origine nord-africaine» dans les années 1980. Ce prisme de l’origine, omniprésent et durable, et qui n’est pas sans rappeler un des ressorts de la discrimination coloniale, marginalise doublement les harkis – ni rapatriés comme les autres, ni Français comme les autres.

En matière de logement, une note relative à « l’attribution des logements HLM aux anciens harkis », en date du 31 janvier 1964, émanant du ministre des Rapatriés, à l’attention des préfets, rend clairement compte de cette logique. Elle rappelle certes que «les anciens harkis sont considérés comme rapatriés et bénéficiaires, à ce titre, de la loi du 26 décembre 1961 ». Mais elle donne aux préfets la directive de ne « reloger les anciens harkis qu’après avoir relogé tous les rapatriés demandeurs de logement et particulièrement mal-logés. » Dans les faits, les harkis et leurs familles sont majoritairement logés en camps de transit puis en « cités d’accueil », lesquels perdurent jusqu’au milieu des années 19703.

Des informations sur ces camps et hameaux de forestage qui, les années passant, deviennent des lieux de mémoire, sont regroupés sur le site Harkis et droit de l’Homme : http://www.harki.net/article.php?rubrique=15

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“les Harkis, histoire, mémoire et transmission”, par Fatima Besnaci-Lancou, Benoît Falaize et Gilles Manceron

La guerre d’Algérie devient un objet d’histoire abordé à l’école primaire, au collège et au lycée. Mais la question de la place des harkis, ces supplétifs enrôlés aux côtés de l’armée française, est souvent laissée dans l’ombre en raison des passions qu’elle suscite et des clichés qui perdurent. Grâce aux repères rigoureux proposés au fil des pages, cet ouvrage aidera notamment les enseignants à aborder cette question dans leurs cours.

La première partie examine l’état des connaissances historiques sur le sujet en répondant à quatre questions décisives : À quel objectif répondait le recrutement des harkis ? Comment explique-t-on cet engagement ? Dans quelle mesure peut-on dire que l’État français les a abandonnés ? Que sait-on de l’ampleur des massacres à l’indépendance de l’Algérie ?

Les seconde et troisième parties du livre traitent respectivement de la gestion de la mémoire (lieux, littérature, cinéma…) et de la façon dont l’Éducation nationale aborde la question des harkis dans les programmes, les manuels et les pratiques scolaires en France et en Algérie.

Nous reprenons ci-dessous la préface de cet ouvrage par l’historien Philippe Joutard, suivie d’un extrait de l’introduction et de la table des matières.

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 62 enfants de harkis racontent

Le livre Des vies – 62 enfants de harkis racontent, écrit sous la direction de Fatima Besnaci-Lancou, vient de paraitre. Il est préfacé par Boris Cyrulnik, et a reçu la participation de Jean-Jacques Jordi, Gilles Manceron, Abderahmen Moumen et Yann Scioldo-Zurcher4.

Fatima Besnaci-Lancou est présidente de l’association Harkis et droits de l’Homme. Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages dont Fille de harkis (Éditions de l’Atelier, 2003) et Les harkis dans la décolonisation et ses suites (en collaboration avec Gilles Manceron aux Éditions de l’Atelier, 2008).

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au catalogue des engagements non tenus : la promesse faite aux harkis

Le 31 mars 2007, Nicolas Sarkozy reçoit une délégation d’une centaine de harkis à son centre de campagne. Il leur déclare :

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Depuis lors, Nicolas Sarkozy, toujours empressé de répéter qu’il tenait ses engagements de campagne, n’a pas trouvé le temps de respecter cette promesse.

[Page publiée le 27 décembre 2009]

Mise à jour – La lettre ouverte de Jean-Pierre Dubois adressée à Nicolas Sarkozy le 6 avril 2010 a été ajoutée le 9 avril 2010.

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