Il y aura bientôt soixante ans, dans la nuit du 11 au 12 juin 1957, Maurice Audin, jeune mathématicien membre du Parti communiste algérien, était arrêté à Alger par une unité de parachutistes, avant de disparaître à jamais. Dans une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron, plusieurs personnalités demandent au nouveau Président de la République de se saisir de ce triste anniversaire pour illustrer son engagement à « prendre des actes forts sur cette période de notre histoire », en faisant en sorte que la vérité historique sur cet assassinat soit enfin connue.
Communiqué LDH – La LDH demande la vérité sur l’affaire Audin
Le 6 juin 2017
Le 11 juin 1957, Maurice Audin, jeune mathématicien engagé pour l’indépendance de l’Algérie, a été arrêté par les parachutistes chargés du maintien de l’ordre à Alger et n’est jamais réapparu.
Les autorités françaises de la IVe République avaient confié, le 7 janvier, à la 10e division parachutiste commandée par le général Massu, les pouvoirs de police dans la ville. C’était la « Bataille d’Alger », où quelque trois mille Algériens arrêtés ont disparu. Le secrétaire général de la police d’Alger, Paul Teitgen, ancien résistant et déporté, qui refusait l’usage de la torture, a écrit le 29 mars dans sa lettre de démission : « Depuis trois mois nous sommes engagés […] dans l’anonymat et l’irresponsabilité qui ne peuvent conduire qu’aux crimes de guerre ».
Les autorités françaises ont affirmé que Maurice Audin s’est évadé. Cette version a été répétée jusqu’à un communiqué publié, le 18 juin 2014, par le président François Hollande, disant : « Les documents et les témoignages dont nous disposons aujourd’hui sont suffisamment nombreux et concordants pour infirmer la thèse de l’évasion qui avait été avancée à l’époque. M. Audin ne s’est pas évadé. Il est mort durant sa détention. » Mais cette reconnaissance n’a pas fait place à l’aveu sur les causes de sa mort.
Dans un livre paru peu avant rapportant ses confidences tardives, le général Aussaresses affirme qu’un ordre de l’assassiner a été donné par le général Massu. Comment Maurice Audin est-il mort ? Si un ordre de le tuer a été donné, qui l’a émis ou partagé ? dans quel but ? Soixante ans après les faits, il est temps que la France, dont les pouvoirs politiques successifs ont menti à sa veuve, Josette Audin, et entravé le travail de la justice, connaisse enfin la vérité.
La Ligue des droits de l’Homme s’associera, le samedi 10 juin, à 11h, à un dépôt de gerbes place Maurice-Audin, dans le 5e arrondissement de Paris.
[Mis en ligne le 26 mai 2017, mis à jour le 10 juin]