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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

Nicolas Sarkozy et l’histoire coloniale

l’Afrique au kärcher par Anne-Cécile Robert

Stupeur et indignation ont accueilli le discours prononcé à Dakar par le président Nicolas Sarkozy, venu présenter sa vision des rapports franco-africains, le 26 juillet dernier. Abasourdis, presse et intellectuels du continent noir reprochent au chef de l’Etat des propos d’un « autre âge ». Certains, cherchant peut-être le second degré, se demandent même s’il pense vraiment ce qu’il dit1.

Un article d’Anne-Cécile Robert

publié dans Le Monde diplomatique de septembre 2007
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l’historienne Adame Ba Konaré réagit au discours de Sarkozy

Jugé décalé et rétrograde par les uns, paternaliste voire colonialiste par certains et raciste par les autres, le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar le 26 juillet dernier continue à susciter une vive réprobation sur l’ensemble du continent africain.

Dans un texte publié le 14 septembre par le quotidien malien Les Echos, Adame Ba Konaré s’insurge. Elle demande à ses collègues de la rejoindre dans un Comité pour la défense de la mémoire de l’Afrique. Et elle propose aux historiens africains de s’engager dans la production d’un ouvrage scientifique qui réponde au discours du chef de l’Etat français.

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Nicolas Sarkozy et l'histoire coloniale

la vision raciale de l’hyper-président

Le journaliste canadien qualifie de condescendant et de raciste le discours que Nicolas Sarkozy a prononcé à Dakar.

Lilian Thuram l’avait déjà remarqué : «Sarkozy a une vision raciale des gens».

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Nicolas Sarkozy et l'histoire coloniale

impressions de Paris, par Achille Mbembe

Né au Cameroun, Achille Mbembe a publié De la postcolonie, aux éditions Karthala en 2000. L’historien, qui enseigne actuellement à l’Université Witwatersrand de Johannesburg (République sud-africaine)
a très vivement réagi au discours de Nicolas Sarkozy à Dakar qu’il qualifie d’ « Épitre aux Africains ».2

A la suite d’un bref séjour à Paris, fin août-début septembre 2007, il nous a adressé ses impressions.3

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Abdoulaye Wade, Nicolas Sarkozy, Jean-Marie Bockel et Rama Yade, à Dakar, le 26 juillet 2007.
Discours de Dakar 2007

et s’il n’en reste qu’un, Jean-Marie Bockel sera celui-là

Le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar sur «l’homme africain» jugé étranger à «l’idée de progrès» continue à être très mal reçu en Afrique.
«Se peut-il qu’il n’ait pas compris à quel point nous nous sommes sentis insultés?», lance l’écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop.
«D’un point de vue rigoureusement politique, son discours est une faute. Il ne tardera pas à s’en rendre compte: les Africains et les nègres de la diaspora ne le lui pardonneront jamais», souligne-t-il.

Vous trouverez ci-dessous, à titre de document, l’appui que Jean-Marie Bockel a cru devoir renouveler aux thèses de Nicolas Sarkozy4

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«Le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire. Jamais il ne s'élance vers l'avenir, jamais il ne lui vient à l'idée de sortir de la répétition pour s'inventer un destin.» Nicolas Sarkozy (Dakar, 26 juillet 2007)[L'Express N° 2926 - 2 août 2007]
Discours de Dakar 2007

le discours de Dakar : un mois plus tard on en parle toujours

«Le discours de Dakar, on en parlera encore dans dix ans». Selon le Canard Enchaîné du 1er août 2007, Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, se serait ainsi vanté du texte de 16 pages rédigé par ses soins, ajoutant «ceux qui ne connaissent pas l’Histoire ne font pas de bons discours».

Un mois plus tard, on parle encore beaucoup du discours de Dakar, les commentaires restant très sévères, et pas seulement en Afrique. Il ne reste que Jean-Marie Bockel pour le qualifier de “grand discours”.

[Première mise en ligne le 23 août, mise à jour le 28 août 2007]

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Thabo Mbeki et Nicolas Sarkozy, le 11 juin 2007, lors de la réunion du G8 à Heiligendamm (photo : Michael Urban / AFP)
Discours de Dakar 2007

Thabo Mbeki victime collatérale du discours de Dakar ?

Le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar le 26 juillet 2007 a été particulièrement mal reçu en Afrique. On comprend donc que l’évocation par le président français d’une lettre de félicitation — elle figure vers le bas de cette page — que lui a adressée Thabo Mbeki, président de la République sud-africaine, y ait causé une certaine surprise.

A la suite des remous provoqués par ce qui apparaît comme une vaine tentative pour sauver un discours calamiteux, une mise au point de la présidence sud-africaine rappelle que les félicitations de Thabo Mbeki ne concernaient que le soutien de la France au développement de l’Afrique.

[Première mise en ligne le 24 août 2007, mise à jour le 28 août]
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Amadou Mactar Mbow : Sarkozy ignore les réalités profondes de l’histoire de l’Afrique

« On oublie que la traite des Noirs a contribué très largement dans l’accumulation primitive du capital ». Joint hier à Vichy5, l’historien sénégalais, ancien directeur général de l’Unesco, est sorti de sa réserve pour répondre à Nicolas Sarkozy de Nagy Bocsa. Une manière pour lui de célébrer ce 23 août « Journée internationale de commémoration de la lutte contre l’esclavage et de son abolition ». Amadou Mactar Mbow avait réussi sous l’égide de l’Unesco à rassembler d’éminents scientifiques africains dont Joseph Ki-Zerbo, Cheikh Anta Diop, pour écrire l’Histoire générale de l’Afrique. Premier ministre de l’Education et de la Culture du Sénégal, il affirme que « Sarkozy ignore les réalités profondes de l’histoire de l’Afrique. »6

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“la mémoire partisane du président”, par C. Coquery-Vidrovitch, G. Manceron et B. Stora

Le refus de la repentance a pour objectif d’entraver le travail des historiens et de réunifier la droite.

Ce texte des historiens Catherine Coquery-Vidrovitch, Gilles Manceron et Benjamin Stora, a été publié dans Libération le 13 août 2007. A sa suite vous trouverez une réaction de l’historien Gilbert Meynier.

[Mis en ligne le 13 août, complété le 21 août 2007]

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Mamadou Diouf : pourquoi Sarkozy se donne-t-il le droit de nous tancer et de juger nos pratiques…

Devons-nous réellement prêter attention à son discours ou devons-nous faire en sorte qu’il ne puisse plus prendre avec une telle arrogance et un tel mépris — un mépris fait de tant d’ignorance — cette liberté que s’octroie le maître vis-à-vis de l’esclave : lui dire son fait, le définir, lui attribuer une essence qui affiche son comportement, sa moralité douteuse, sa sexualité débridée tout en se rendant disponible pour le corriger et le punir parce qu’il le connaît mieux que tout le monde. Telle est la position de Mamadou Diouf, l’invité personnel du Président Chirac lors du dernier Sommet France-Afrique. Il balaie au passage le recours sélectif de la philosophie de Senghor par Nicolas Sarkozy. Pour l’historien sénégalais une protestation des Sénégalais et du Gouvernement étaient et sont toujours d’actualité.7

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géopolitique de la nostalgie

En matière de politique africaine, l’homme de la rupture disparaît sous le poids des traditions.

Par Florence Brisset-Foucault, doctorante, Paris-I- Sorbonne ; Marie-Emmanuelle Pommerolle, maître de conférences, université Antilles-Guyane : Etienne Smith et Emmanuel Viret doctorants, Sciences-Po, Paris.

[Libération, mardi 14 août 2007]
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