« Rwanda 1994. Archives, mémoires, héritages »
En cette année de la commémoration des trente ans du génocide des Tutsi au Rwanda, la revue Matériaux pour l’histoire de notre temps de La Contemporaine publie un riche numéro
En cette année de la commémoration des trente ans du génocide des Tutsi au Rwanda, la revue Matériaux pour l’histoire de notre temps de La Contemporaine publie un riche numéro
Alors qu’on commémore le trentième anniversaire du génocide des Tutsi au Rwanda, se pose toujours avec force la question de la complicité de la France. Synthèse des derniers développements.
Nous reproduisons cet article de François Graner car sa lecture publique au Musée du Quai Branly et le débat qui a suivi ont montré sa pertinence et son actualité.
L’association survie publie une série de vidéos sur la complicité française dans le génocide des Tutsis.
La Revue d’Histoire Contemporaine de l’Afrique et la revue Sources publient ensemble un numéro intitulé « Au-delà du rapport Duclert. Décentrer l’histoire du génocide des Tutsi du Rwanda ». Outre l’éditorial qui présente ce riche dossier accessible gratuitement en ligne, nous publions ici un extrait d’un long entretien avec le chercheur François Graner, membre de l’association Survie. Ce dernier y expose les spécificités d’une recherche militante assumée, non académique et néanmoins rigoureuse, sur la question de la complicité de l’Etat français dans la perpétration du dernier génocide du XXème siècle, son point de vue sur les apports et les insuffisances du rapport Duclert, ainsi que son expérience de difficultés persistantes pour accéder à toutes les archives publiques relatives à l’action de la France au Rwanda.
Le groupe de personnalités présidé par Vincent Duclert qui a été chargé il y a plus de deux ans par le président de la République, Emmanuel Macron, de rendre un rapport sur « la France, le Rwanda et génocide des Tutsi » a remis son rapport le 26 mars 2021. Il souligne la responsabilité accablante de la France présidée alors par François Mitterrand dans le soutien aux auteurs du génocide des Tutsi en 1994. Mais la commission Duclert n’a pas pu accéder à certaines archives comme celles de la mission parlementaire présidée en 1998 par Paul Quillès, que la présidence de l’Assemblée nationale a refusé de lui communiquer, ou à celles de Jean-Christophe Mitterrand, chargé alors des affaires africaines. Et, tout en pointant des faits gravissimes, ce rapport s’est lancé dans une étrange définition de la notion de « complicité » afin de ne pas l’appliquer à la politique française avant, pendant et après ce génocide.
En juillet 1994, les principaux membres du gouvernement rwandais responsable du génocide des Tutsis sont entrés dans la Zone Turquoise contrôlée par l’armée française. Leur arrestation est possible et même réclamée par le commandement militaire de cette Zone, qui a connaissance des fortes présomptions qui pèsent contre eux. Grâce à la décision du Conseil d’Etat d’autoriser le chercheur François Graner à accéder aux archives de François Mitterrand, il a pu consulter un document inédit, émanant alors du cabinet du ministre des Affaires étrangères de l’époque, Alain Juppé, qui montre que la France a préféré les laisser partir. Il est signé de l’actuel patron de la DGSE. Ci-dessous l’article de Mediapart qui explique son contenu et l’émission de RFI qui a réuni François Graner et le colonel Jacques Hogard, chargé en 1994 d’organiser l’exfiltration de ces présumés organisateurs du génocide.
Rwanda : une enquête révèle que la hiérarchie militaire française disposait d’informations crédibles et suffisantes dès l’après-midi du 27 juin 1994.
Dans une tribune publiée dans Libération le 27 juillet dernier, un collectif d’historiens, dont les travaux sur les grandes crises du XXe siècle sont internationalement reconnus, stigmatise la persistance d’une « véritable entreprise de dissimulation des faits » concernant le génocide des Tutsi du Rwanda en 1994. « Tout se passe comme si, en haut lieu, certains s’acharnaient à cautionner et à prolonger les erreurs politiques et militaires de 1994, en relativisant la nature du génocide », contredisant le nécessaire « travail de vérité sur la logique qui a produit ces tueries de masse. » Ils déplorent à la fois l’absence de fait de la France lors des commémorations du 20e anniversaire et le manque de respect à l’égard de la recherche scientifique en ce domaine.
Un appel cosigné par l’association Survie, le CPCR (Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda), la FIDH (Fédération Internationale des ligues des Droits de l’Homme), la LICRA (Ligue Contre le Racisme et l’Antisémitisme) et la LDH (Ligue française des droits de l’Homme).5 644
«Je n’accepte pas les accusations injustes et indignes qui pourraient laisser penser que la France ait pu être complice d’un génocide au Rwanda, alors que son honneur, c’est toujours de séparer les belligérants !», c’est ainsi que Manuel Valls s’est exprimé au sujet du Rwanda, lors de la déclaration de politique générale du Gouvernement, à la tribune de l’Assemblée nationale, mardi 8 avril 2014 1.
À la suite de son intervention, lors de la commémoration à l’UNESCO du 20e anniversaire du génocide des Tutsi du Rwanda (Paris, 7 avril 2014), nous reprenons un entretien avec Jean-Pierre Chrétien au cours duquel l’historien évoque le livre qu’il vient de publier avec Marcel Kabanda, Rwanda, Racisme et Génocide, l’idéologie hamitique.