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Édition du 15 septembre au 1er octobre 2024
A Aix-en-Provence comme à Marseille, les tribunaux poursuivent l’expulsion des familles Roms (Laurent Saccomano)

Roms en voie d’expulsion à Marseille et Aix-en-Provence … et après ?

Suite à des décisions de justice, les habitants des campements du Plateau de l’Arbois et de Château-Gombert vivent depuis le 23 juillet 2012 sous la menace d'une expulsion. Par une lettre, rendue publique le 17 juillet, 49 prêtres et diacres de Marseille ont interpellé le maire, Jean-Claude Gaudin, dénonçant des « expulsions [qui] ne sont pas suivies de solutions de résidences convenables et durables. Cela ne fait que déplacer les problèmes … et les personnes». « La situation sur le terrain n’a pas varié d’une virgule depuis l’arrivée de la gauche en mai » , insiste Philippe Rodier, responsable de missions pour Médecin du monde. « Des camps de Roms vont encore être délogés tandis que des expulsions sont planifiées sur le plateau de l’Arbois, près d’Aix-en-Provence » , confie Christophe Lenfant, délégué du Secours catholique à Marseille. Évaluant à 1 500 le nombre de Roms présents sur Marseille, il se prononce en faveur d’un moratoire concernant les expulsions « pour se donner le temps d’aborder la question des migrants au niveau européen et de répondre aux situations d’urgence »1.
A Aix-en-Provence comme à Marseille, les tribunaux poursuivent l’expulsion des familles Roms (Laurent Saccomano)
A Aix-en-Provence comme à Marseille, les tribunaux poursuivent l’expulsion des familles Roms (Laurent Saccomano)

LE PEUPLE ROM TOUJOURS SOUS LA MENACE

par Emmanuelle Barret, La Marseillaise, 24 juillet 2012

« Nous sommes inquiets, lâche Jean Sicard de Rencontres tziganes à Marseille, les tribunaux ont rendu leur jugement d’expulsion et nous
nous attendons à être sollicités d’un instant à l’autre.
». A Aix-en-Provence comme à Marseille, les tribunaux poursuivent à la demande des élus, l’expulsion des familles roms. Suite à la plainte déposée par la Maire d’Aix-en-Provence à l’encontre des familles, qui vivent sur le plateau de l’Arbois, le tribunal a rendu un jugement d’expulsion, exécutoire dès le 23 juillet au matin.

A Marseille, les Roms du campement de Château Gombert dans le 13e arrondissement, sont expulsables depuis le 21 juillet. «Les forces de police peuvent débarquer à tout moment pour appliquer l’expulsion », déplore Marc Durand de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH). Les diverses manifestations devant la mairie de Marseille comme celle d’Aix ne semblent malheureusement indigner personne et « Monsieur Gaudin et son adjoint Monsieur Bourgat réaffirment que ces familles sont traitées de manière humaine et que seule la responsabilité du gouvernement est engagée », continue Marc Durand, qui laisse augurer une expulsion des familles de l’Arbois « dès mercredi ou jeudi matin».

Un nouveau coup dur après « les Roms de Vasarely ». Sur le Plateau de l’Arbois, ce ne sont pas moins de 400 personnes, dont «un bon nombre d’enfants, de nourrissons et des personnes malades», qui seront chassés par les forces de l’ordre selon Hélène Mayer du Secours Catholique, qui lance un appel à la mobilisation avec le collectif d’associations (Rencontres tziganes, LDH, La Pastorale des Tziganes et gens du voyage, Médecins du Monde, Addap 13…). Si beaucoup ont déjà déserté le campement hier suite à l’annonce relative à l’expulsion, il reste tout de même 150 personnes sur le plateau selon les associations, qui invitent «les personnes individuelles, qui soutiennent ces familles à manifester leur indignation et leur réprobation devant le traitement déshumanisant infligé à ces personnes.».

Elles seront donc là pour témoigner et seulement témoigner de l’expulsion manu militari du plateau de l’Arbois. «Le campement sera certainement bouclé, nous n’aurons pas le droit d’entrer d’y pénétrer et n’aurons pas l’opportunité de communiquer avec les familles», déclare le militant de la LDH accusant cette «chasse aux Roms à Marseille, constante, implacable, des mois durant, cassant tout le travail des associations et poussant les personnes à vivre sur les trottoirs pour les poursuivre encore». Et de pointer le manque de volonté politique à trouver des solutions pérennes pour les populations les plus pauvres «que l’on traite comme des sous-hommes».

Lettre adressée au maire de Marseille et aux Maires d’arrondissement

29 juin 2012

Vous n’ignorez pas les situations tragiques vécues par les familles Rroms de notre ville.

Prêtres en activité dans le diocèse de Marseille, nous sommes très souvent témoins de la précarité de leurs conditions de vie – hébergement sanitaire en particulier – conditions d’où découlent des risques graves pour leur santé et même pour leur vie. A cela, s’ajoute la grande difficulté, voire l’impossibilité qu’ont les enfants d’ être scolarisés.

Quand ces personnes ont trouvé un lieu un peu stable, quand les associations commencent à mettre en place des actions de scolarisation, de nettoyage de terrain, il n’est pas rare qu’elles en soient délogées souvent brutalement. Parfois même, le peu qu’elles ont est détruit. Ces expulsions ne sont pas suivies de solutions de résidences convenables et durables. Cela ne fait que déplacer les problèmes … et les personnes.

Toute expulsion est intolérable. Pourquoi tout cet acharnement sur ces familles ? Considérons nous ces hommes, ces femmes et ces enfants comme nos égaux en humanité et pour nous, chrétiens, comme nos frères et sœurs en Jésus-Christ ?

Nous sommes conscients que les solutions sont difficiles à trouver et qu’elles impliquent de nombreux partenaires. C’est pourquoi nous souhaitons l’organisation rapide de réunion de concertation impliquant toutes les parties concernées, y compris les Rroms.

Etant personnellement impliqués, nous sommes prêts à y participer et à apporter notre contribution à la réflexion et à l’action.

Il est possible de vivre ensemble dans le respect et la dignité de chacun si nous le voulons.

Soyez assurés…

Signé par 49 prêtres et diacres de Marseille

Raser les camps ne solutionne aucune pauvreté

par Houda Benallal, La Marseillaise, 11 juillet 2012 [extraits]

Le CADDRIS (Collectif aixois pour la dignité et droit des Romps, des immigrés et des sans-papiers) a organisé une manifestation lundi 9 juillet 2012 avant la séance du conseil-municipal à 18h […] pour alerter l’opinion publique des faits et actes de Madame Joissains, suite à son référé,
exigeant la destruction violente sans aucune solution à l’appui, du bidonville abritant une centaine de Roms au Jas de Bouffas, et avant celui à venir, le 28 juillet concernant le camp de l’Arbois bien plus peuplé.

Les Roms ne sont pas des rats

«Le Préfet de Police a réuni des institutions et leur a présenté sa vision des Roms. Sa conclusion a été claire, il s’agit d’un groupe de sauvages, délinquants sinon criminels, vivant sur un tas d’immondices et montrant par là leur état sauvage», rapportait Marc Durand, du CADDRIS. Poursuivant:
« Les Roms sont des hommes et des femmes, pas des rats. Comme vous et moi ils ont droit à un minimum vital, à la sécurité et au respect de leur dignité». Une situation d’autant plus insupportable, qu’aucune mesure d’hygiénisation n’existe pour que vivent mieux ces Roms. Au contraire, ces derniers ont été encore plus stigmatisés durant le Conseil Municipal, qualifiés de voleurs, «issus de filière mafieuse, ils auraient même de très belles maisons», pour reprendre les termes de Maryse Joissains. De son côté le conseiller de l’opposition, Hervé Guerera a rappelé: les propos de Mgr Dufour: «Si on traite Ies gens comme des chiens, il ne faut pas s’étonner qu’ils attrapent la rage», invitant la maire à trouver des solutions d’urgence. […]

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