Béziers : Ménard s’incline devant une stèle glorifiant l’OAS
Dernière provocation en date du maire d’extrême droite : commémorer les « massacres d’Oran » devant les photographies de fusillés de l’OAS.
Un geste que Robert Ménard assume totalement. Le maire de Béziers, élu avec le soutien du Front national, a commémoré samedi dernier les « massacres d’Oran » du 5 juillet 1962 devant une stèle en l’honneur de quatre fusillés de l’OAS – une cérémonie en forme d’appel du pied à l’égard de son électorat pied-noir.
Depuis des années, cette stèle qui se trouve dans le cimetière municipal de Béziers provoque le courroux de l’opposition. Y figurent en effet les photographies de Dovecar et Piegts, à l’origine de l’assassinat du commissaire d’Alger, de Bastien-Thiry, organisateur de l’attentat manqué contre De Gaulle au Petit-Clamart, et de Degueldre, fondateur des commandos Delta. Quatre hommes condamnés à mort par les tribunaux français après la guerre [d’Algérie].
« Je m’en contrefiche »
Mais plutôt que de retirer la plaque commémorative, comme l’exigeait Aimé Couquet, membre du PCF, Robert Ménard a préféré s’incliner devant elle avec Elie Aboud, candidat malheureux aux municipales et député UMP de l’Hérault. Son ex-rival s’est joint à lui pour déposer une gerbe sur la stèle, en présence de 150 à 200 « rapatriés » de l’Algérie française. Et le fondateur de Reporters sans frontières, qui revendique ses racines pieds-noires, a prononcé un discours sur « l’indifférence du gouvernement d’alors » et les « centaines de Français d’Algérie livrés sans défense à Oran au couteau des égorgeurs » 1 Un classique de l’extrême droite, en somme. La « stèle de la honte » en supplément.
« Ça n’est pas une stèle en l’honneur de l’OAS, mais de fusillés comme il y en a tant eu, avec un certain nombre de noms qui figurent sur cette plaque », minimise auprès du Nouvel Observateur Robert Ménard. « Je suis né à Oran, mon père a failli être tué ce jour-là. Il y a un déni de réalité sur ce qui s’est passé. » Les critiques ? « Je m’en contrefiche », assène le maire de Béziers.
Une démarche « électoraliste »
« C’est une véritable provocation », s’insurge de son côté Aimé Couquet, qui exigeait déjà du prédécesseur de Ménard le retrait de la stèle, en vain. « Nous n’avons rien contre les rapatriés d’Algérie. Ce qui nous pose problème c’est le fait de s’incliner devant ces photographies de tueurs de l’OAS qui ont été jugés et fusillés dans le cadre des lois de la République. »
Le conseiller municipal dénonce un discours « tourné vers les principes de l’OAS ». « Robert Ménard a beau avoir été élu sans l’étiquette Bleu Marine, il continue de porter des idées encore plus extrémistes que celles du FN », ajoute-t-il.
« Ça n’a pas été fait au petit bonheur la chance. Outre sa nostalgie de ce qu’a fait l’OAS en Algérie, on voit bien le côté électoraliste de la chose, vis-à-vis des nombreux rapatriés de Béziers. »
Robert Ménard, lui, compte renouveler l’opération chaque année, et mettre « les drapeaux de la ville en berne le 19 mars », jour du cessez-le-feu de la guerre d’Algérie.
- Le discours de Robert Ménard est repris sur le site de la mairie de Béziers : http://www.ville-beziers.fr/votre-mairie/actualites/discours-de-la-ceremonie-commemorative-des-massacres-doran-du-5-juillet-1962.
On remarquera que la photo qui accompagne ce texte est tronquée, dissimulant la stèle à la gloire de Dovecar, Piegts, Degueldre, Bastien-Thiry devant laquelle Ménard parlait.