Taubira : « J’encaisse le choc mais c’est violent pour mes enfants »
La une de l’hebdomadaire Minute comparant la garde des Sceaux à un singe est « d’une extrême violence », a déclaré Christiane Taubira, mercredi 13 novembre. La ministre était l’invitée de David Pujadas sur le plateau du 20 heures de France 2. Ces propos « prétendent m’expulser de la famille humaine, dénient mon appartenance à l’espèce humaine ». « J’encaisse le choc mais c’est violent pour mes enfants », a-t-elle ajouté. A propos de son refus de porter plainte, elle a déclaré : « Je n’ai pas fait profil bas, c’est une dignité assumée que je tiens des nombreux soutiens que j’ai reçus. »
Pour la garde des Sceaux, il est « incontestable » qu’il y a aujourd’hui une désinhibition des paroles racistes. « C’est pour cela que nous devons faire face », a-t-elle lancé, tout en se disant confiante dans « le socle » de la société française qui « s’est construite sur la fraternité ».
Interrogée sur la condamnation par le Front national des propos racistes qui l’ont visée, Christiane Taubira a estimé qu’il s’agissait juste « d’hypocrisie », de « lâcheté ». « Tant que le FN ne va pas renier tout son héritage, tout ce qui fait son identité profonde… je pense que ce sont des accommodements, des positions opportunistes », a-t-elle ajouté.
Communiqué LDH
Paris, le 14 novembre 2013.
Pour l’égalité, rassembler contre le racisme et les idées d’extrême droite
Après la une du journal Minute, après les incidents qui ont marqué la commémoration nationale du 11 novembre, on constate partout une forte envie d’agir et de se rassembler contre les manifestations de racisme et de l’extrême droite. Cela s’est vérifié à Angers où, avec la Ligue des droits de l’Homme, associations, organisations syndicales et politiques se sont rassemblées autour des valeurs de la République. Cela se traduit par les plaintes déposées contre le journal Minute et par la saisine du procureur de la République par le Premier ministre. Dans le même temps, une série de manifestations et de rassemblements sont proposés pour peser avec force dans le débat public.
La LDH se félicite de ce sursaut salutaire et des diverses formes qu’il adopte ; au-delà des actions juridiques, elle entend construire une démarche pleinement citoyenne, englobant dans une même condamnation, les attaques racistes ainsi que les actes et propos qui en ont permis la maturation.
Car s’en tenir à la seule une de Minute serait permettre à trop de forces et de responsables de s’exonérer à bon compte de leurs responsabilités. Elle engage donc ses militantes et militants, ses sections et fédérations à assumer la vocation de force de rassemblement de la LDH ; partout, à inviter ou participer à des réunions pour permettre les expressions et manifestations les plus larges et les plus déterminées contre le racisme et les dérives d’extrême droite.
Elle entend, enfin, contribuer, à sa place, aux processus pouvant permettre une expression forte, unitaire et visible de ce sursaut citoyen ; à cet égard, elle estime que le 3 décembre, date anniversaire de l’arrivée à Paris de la Marche pour l’égalité et contre le racisme, peut être l’occasion d’un grand rassemblement à Paris, place de la République ; elle rappelle, enfin, que le 7 décembre, date choisie par nombre de forces pour faire revivre l’esprit de la Marche, est d’ores et déjà placé sous le signe de l’égalité, de la défense de la démocratie et de la République.