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Édition du 15 décembre 2024 au 1er janvier 2025
Des migrants embarqués après l'évacuation de leur squat, tout près des Buttes-Chaumont, à Paris. (Benoit Tessier / Reuters)

protestations contre la politique française envers les migrants tunisiens

Les protestations contre la politique française envers les migrants tunisiens s'amplifient. Ci-dessous l'appel de France terre d'asile. Ce vendredi, l'opposant tunisien Mustafa Ben Jaafar, 71 ans, a déposé une lettre de protestation à l'Elysée : «Par cette lettre, je viens vous faire part de ma profonde préoccupation qui est aussi celle de l’ensemble de mes concitoyens concernant les conditions à peine croyables de l’accueil réservé à ces quelques milliers de jeunes tunisiens, qui fuyant la misère, se sont retrouvés au péril de leur vie sur le sol français. »[ la suite de la lettre ]
Des migrants embarqués après l'évacuation de leur squat, tout près des Buttes-Chaumont, à Paris. (Benoit Tessier / Reuters)
Des migrants embarqués après l’évacuation de leur squat, tout près des Buttes-Chaumont, à Paris. (Benoit Tessier / Reuters)

Appel à l’initiative de France terre d’asile

La France doit apporter une réponse digne et responsable
à la question tunisienne

Depuis janvier 2011, plus de 20 000 Tunisiens sont arrivés sur les côtes italiennes et quelques milliers, qui se sont vus délivrer par Rome une autorisation provisoire de séjour à titre humanitaire, se sont dirigés vers la France. Certains errent aujourd’hui dans les rues et les squares des grandes villes, Marseille, Nantes et surtout Paris. Ils bénéficient du soutien d’urgence que leur apportent les associations, certaines municipalités et d’une importante entraide communautaire et citoyenne. Cela ne suffit évidemment pas.

Face à cette situation chaque jour plus dramatique, le gouvernement français, guidé par des considérations de politiques internes, a déployé une série de réponses totalement inadaptées : multiplication d’interventions policières, placement en garde à vue, en centre de rétention, blocage de la frontière franco-italienne et réadmission de Tunisiens vers l’Italie. La France manque à sa réputation de patrie des droits de l’Homme et déroge aux principes qu’elle a toujours défendus. Nous sommes en droit d’attendre de notre pays une autre réponse, digne et responsable, qui porte nos valeurs.

Les personnalités et organisations signataires refusent l’instrumentalisation idéologique et politique de cette situation et en appellent au gouvernement français pour qu’il adopte des solutions à la hauteur des enjeux.

Nous demandons pour cela que le gouvernement :

  • Cesse les interventions policières sur les lieux de rassemblement des Tunisiens : ces interventions sont discriminatoires, agressives et inutiles.
  • Propose un dispositif d’accueil temporaire.
  • Mette en place un dispositif spécifique d’aide au retour volontaire pour les Tunisiens qui souhaitent retourner dans leur pays : cette mesure permettrait d’organiser des retours de manière digne et humaine à un coût qui ne serait pas plus élevé que le coût de la politique actuelle.
  • Considère la situation des Tunisiens qui pourraient entrer dans des dispositifs d’accès au séjour ou de formation professionnelle, notamment dans le cadre des accords migratoires franco-tunisiens.
  • Contribue, y compris dans le cadre européen, à une aide significative au développement économique et social de la nouvelle démocratie tunisienne.
  • Encourage la solidarité européenne en matière d’accueil des migrants.

Prendre ces mesures simples et humaines c’est bien peu quand on sait que la Tunisie a accueilli 300 000 déplacés de la crise libyenne en faisant preuve d’un élan de solidarité exceptionnel. En entendant notre appel, la France s’honorerait de renouer avec des principes qui ont inspiré les différents mouvements de ce printemps arabe tant salué et de la révolution du Jasmin en particulier.

Paris, le 6 mai 2011

Les signataires

128 migrants tunisiens expulsés de leur squat parisien

Libération le 4 mai 2011 à 18h08

Un immeuble du nord de Paris, occupé depuis lundi par une centaine de jeunes migrants, pour la plupart Tunisiens, a été évacué mercredi en début d’après-midi.

Les occupants «ont été emmenés dans des commissariats pour des vérifications d’identité», a indiqué la préfecture de police. Selon la PP, «128 personnes qui se trouvaient à l’intérieur du bâtiment» sont concernées, ainsi que «20 autres personnes qui manifestaient devant l’immeuble, sans déclaration préalable».

Leur sort devrait être décidé à l’issue de ces vérifications.

«L’opération d’évacuation a commencé peu avant 14H00 et s’est achevée sans incident notable à 15H00. Nous agissons sur réquisition du propriétaire des lieux», a indiqué la préfecture de police de Paris. L’immeuble, situé au 51 avenue Simon Bolivar (XIXe arrondissement), «n’était pas aux normes d’incendie et n’est pas adapté à servir de local d’hébergement», a-t-on ajouté.

L’évacuation «s’est faite à la demande de la Ville: ce lieu est reconnu comme dangereux et n’est nullement conçu pour servir d’hébergement», a confirmé la mairie de Paris propriétaire de cet immeuble insalubre, situé à proximité directe du parc des Buttes Chaumont.
«Liberté! Liberté!»

Le bâtiment était occupé depuis lundi par une centaine de jeunes migrants, pour la plupart passés par l’Italie, qui dormaient depuis leur arrivée à Paris dans des jardins de la ville, notamment au Parc de la Villette.

Pendant l’évacuation, plusieurs dizaines de personnes soutenant les migrants ont crié «Liberté! Liberté!», face à un cordon de CRS protégeant l’accès à l’immeuble. Certains soutiens, en colère, ont lancé des détritus sur les CRS.

La Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR) a condamné «l’attitude de ce gouvernement qui, malgré des demandes répétées de prise en charge humaine de la question des migrants tunisiens, ne sait utiliser que des solutions répressives».

La mairie de Paris a précisé qu’avant l’évacuation, «des élus et des représentants de la ville ont tenté de convaincre les ressortissants tunisiens présents de quitter le lieu pour rejoindre les hébergements» financés par la Ville.

Elle a appelé l’Etat à «mettre en place un dispositif adapté à ces circonstances exceptionnelles, notamment en proposant une aide au retour revalorisée».

(Source AFP)

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