Pour un accueil humain des réfugiés de Tunisie
Mobilisation. La section toulonnaise de la Ligue des droits de l’Homme alerte la population de l’accueil indigne qu’oppose la France aux Tunisiens.
Place du Mûrier, une demi-douzaine de militants de la section toulonnaise de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) se sont mobilisés hier matin. Comme chaque mois, l’association alerte la population sur un sujet particulièrement préoccupant dans l’actualité. «Et en ce moment, les thèmes ne manquent pas », soupire François Nadiras, militant de longue date de la LDH. Hier, il s’agissait de signifier l’urgence de la situation des migrants de Tunisie. L’association, citant plusieurs sources médiatiques, parle de 26 000 migrants auxquels la France oppose un « traitement indigne ».
« En Tunisie, ils montrent l’exemple, ils ont accueilli près de 200 000 Libyens qui fuyaient leur pays. Tout le contraire de la France », regrette l’homme tout en distribuant le tract édité par la LDH. Sur celui-ci, on peut lire la revendication principale des militants : « Nous demandons l’arrêt immédiat des rafles policières, la libération des personnes arrêtées et l’ouverture de négociations pour trouver des solutions adaptées. »
« Ce n’est pas une invasion ! »
« Dans la mesure où ces personnes ont réussi à passer la frontière, nous souhaitons qu’ils soient accueillis dignement. Aujourd’hui, on considère les migrants tunisiens au mieux comme suspect, au pire comme coupable », poursuit François Nadiras. Mounir Antar, autre militant de la LDH précise : «On entend les réactions classiques issues des idées du Front national. Pourtant, ces Tunisiens qui arrivent ils ne vont pas nous bouffer ! 26 000 personnes ce n’est pas une invasion !»
D’ailleurs, d’après la Ligue, la plupart ne souhaitent pas d’une vie en France : «Aujourd’hui, leur pays n’est plus en état de fonctionner normalement. Il faudra un peu de temps pour se remettre de la révolution. La plupart attendent juste que la situation se stabilise chez
eux pour pouvoir y repartir », note Jean-Marie Altier. Mounir reprend : « La première chose à faire, c’est au moins de réserver à ces Tunisiens un accueil humain, digne et respectueux. Ensuite, on trouvera des solutions. Il faut notamment leur expliquer que l’Europe tout entière soutiendra le peuple. Jusqu’à présent, les pays de l’Union européenne soutenait les dictateurs. Demain, cela va changer.»
François Nadiras, pour sa part, déplore le « double discours » du gouvernement, qui « soutient la révolution, mais refoule les réfugiés». «Le pire, c’est que cela se passe dans uni relative indifférence… » Notamment à Toulon, où les affiches de haine du FN réapparaissent régulièrement. Ce n’est pas pour décourager la LDH : « Nous venons tous les mois, nous reviendrons le mois prochain. Il faut continuer d’informer les gens, même si c’est difficile.»
Tract diffusé le 4 juin 2011
Migrants de Tunisie : urgence pour la solidarité
Nous dénonçons le traitement indigne infligé aux centaines de tunisiens arrivés en France via l’Italie et laissés en errance dans les rues de Paris, de Marseille et d’autres villes. La plupart ont des permis de séjour temporaire délivrés par l’Italie, leur assurant des droits.
Nous demandons l’arrêt immédiat des rafles policières, la libération des personnes arrêtées et l’ouverture de négociations pour trouver des solutions adaptées.
Il y a urgence à trouver des solutions d’accueil (centres
d’hébergement, structures d’accueil,…) et à nourrir les personnes
concernées.
Nous demandons également au Gouvernement français :
- pour ceux qui souhaitent bénéficier d’une formation pour
contribuer à leur retour au développement de la Tunisie, de leur en
donner les moyens et une carte de séjour temporaire - pour ceux qui souhaitent travailler et vivre en France,
temporairement au moins, de leur donner une carte de séjour vie
privée et familiale à titre exceptionnel en égard à la révolution
démocratique tunisienne comme cela a pu être fait à d’autres
époques. - pour ceux qui souhaitent retourner en Tunisie, que l’OFII leur
fournisse un billet d’avion et une aide au retour significative.
Nos associations appellent les associations, syndicats, collectifs,
organisations politiques et collectivités locales à la mobilisation
générale pour permettre accueil et solidarité respectant la dignité
des migrants tunisiens.
Nous soutenons les processus démocratiques en cours. Ils ne
peuvent être séparés de la fondation de rapports internationaux
plus justes et plus équilibrés, basés sur une égalité des droits des
individus et des peuples à la liberté, à une vie digne et
indépendante ainsi qu’à des droits égaux à la liberté de circulation.