Une loi prescrit d’enseigner la colonisation de manière «positive», qu’en pensez-vous ?
PVN – Au Japon, une loi définit le contenu de l’enseignement historique, et les manuels scolaires minimisent la responsabilité des Japonais dans les massacres de la guerre sino-japonaise. Si la France veut faire comme le Japon, il n’y a qu’à continuer dans cette voie. Cette loi me rappelle les «taches roses» qu’on trouvait sur nos cartes de géographie, lorsque le domaine français, au Maghreb, en Afrique noire, en Indochine, signifiait la puissance coloniale de notre pays.
Il n’est pas indifférent de remarquer que les parlementaires qui ont porté la loi de février 2005 sont issus de circonscriptions où les pieds-noirs sont nombreux. Les organisations des rapatriés d’Algérie ont toujours idéalisé la coexistence entre Français et Algériens avant l’indépendance. Or ces deux populations étaient étanches et vivaient superposées.
Si ce n’est pas à la loi de dire l’histoire, que penser de la loi Gayssot qui interdit de professer des contre-vérités concernant le génocide des juifs ?
PVN – Je vomis les négationnistes. Mais j’ai toujours été contre la loi Gayssot. Ce n’est pas à l’Etat de dire comment on enseigne l’histoire. On peut comprendre une telle loi en Allemagne, mais en France elle est inutile.
A l’inverse, le débat monte sur l’enseignement de l’esclavage, jugé insuffisant…
PVN – Je n’ai aucun doute sur le caractère criminel de l’esclavage. Il faut évidemment l’inclure dans les programmes, mais je ne vois pas ce qu’ajoute sa reconnaissance officielle comme crime contre l’humanité. Tout ce qui ressemble à une histoire officielle est pernicieux. Si l’on pense à Napoléon, il est celui qui a rétabli l’esclavage en 1802. Mais, pour certains, c’est aussi le «Robespierre à cheval», décrit par Germaine de Staël. C’est un mythe, mais les mythes font partie de l’histoire des nations. C’est le travail des historiens de les analyser. Ils font partie de la vie des gens, comme l’esclavage.