L’OAS, l’ancienne organisation de poseurs de bombes des ultras de l’Algérie française, va-t-elle être réhabilitée, quarante-cinq ans après la fin du conflit ? C’est un bien étrange « Mur des disparus » qui créé la polémique à Perpignan, dans cette cité où nombre de pieds-noirs ont pris racine après la fin de la guerre, en 1962. L’édifice, de quinze mètres de long et deux mètres de haut, devrait être inauguré en novembre « avec les noms de quelque 3 000 Français portés disparus – essentiellement des civils – victimes du FLN », précise le Cercle algérianiste. Cette importante association de Français issus d’Algérie est à l’origine de ce projet et attend des milliers de personnes pour l’inauguration.
Où est le problème ? Les plus éminents historiens de la guerre d’Algérie, qui ont tous refusé de cautionner ce « mur » adossé à un futur Centre de l’oeuvre française en Algérie, cofinancé par la municipalité, mettent en garde : « Les pieds-noirs ont le droit d’honorer leurs morts. Mais l’inscription, sur un mur, des noms de tous les disparus parmi les Français d’Algérie se heurte à un problème éthique, puisque cela reviendrait à graver dans la pierre les noms de ceux, minoritaires, qui furent activistes de l’OAS. De la sorte, les descendants des victimes de cette organisation criminelle se sentiraient insultés. »
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La polémique n’est pas anecdotique et déborde le cas de Perpignan, car plusieurs musées mémoriels, offrant une vision partisane et tronquée de l’Histoire, sont en projet dans le sud de la France. La guerre des mémoires algériennes est loin d’être terminée, dans un climat où toute approche critique de la question coloniale est taxée de « repentance » par l’orthodoxie sarkoziste.
- A lire dans le lumineux rapport d’Eric Savarese, En finir avec
les guerres de mémoires algériennes en France, téléchargeable sur : http://www.univ-perp.fr/modules/resources/download/COMMUNICATION/COLLOQUES%20CONF/Rapport%20Collectif%20Perpignan_0707.pdf.