RDV du 7 juin manqué à Perpignan : La « stèle de l’OAS » désertée par les nostalgiques de l’Algérie française
Aucun hommage n’a été rendu ce dimanche matin à la « stèle de l’OAS ». Les nostalgiques de l’Algérie française ont déserté. Pas leurs opposants.
Curieux spectacle dimanche matin aux abords immédiats du cimetière du Haut-Vernet, à Perpignan. Là où se confrontent chaque 7 juin depuis douze ans, les nostalgiques de l’Algérie française et les militants de gauche et d’extrême gauche. Les premiers, principalement issus de l’Adimad (l’Association pour la défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus de l’Algérie française) venant rendre hommage aux « fusillés et combattants tombés pour que vive l’Algérie française » devant la stèle qui a été érigée là à cet effet. Des « fusillés et combattants » parmi lesquels des membres de l’OAS, l’Organisation de l’armée secrète.
Spécificité perpignanaise
Une spécificité quasi perpignanaise (comme le Centre de documentation des Français d’Algérie d’ailleurs) puisque de telles stèles n’existent que dans de rares villes du sud de la France. Fréjus, administrée par le sénateur-maire FN David Rachline, a par exemple inauguré la sienne le mois dernier. Les seconds venant brandir des banderoles disant « Non à l’hommage de la honte » ou « Non aux fascismes ». L’ambiance aurait été électrique s’il y avait eu les deux parties.
Oui mais voilà, cette année, point de recueillement pour les « fusillés de l’Algérie française ». Personne de ce camp-là n’avait fait le déplacement. Les « contre manifestants », comme les forces de l’ordre les désignent (une quinzaine de policiers avait été mobilisée pour la matinée) étaient en revanche sur le pied de guerre depuis 9 heures du matin. Malgré les déjà 27° C et l’interdiction de rassemblement prise par la préfète Chevalier.
Composée notamment de membres du Collectif pour une histoire franco-algérienne non falsifiée qui avait appelé à manifester (notre édition de vendredi), la trentaine de personnes n’a donc déployé ses banderoles qu’à l’attention des quelques automobilistes qui empruntaient le rond-point devant le cimetière. Contraints de faire acte d’une présence devenue inutile faute de « nostalgériques », comme ils les nomment.
La gerbe polémique des anciens de l’OAS
Hier, les nostalgiques de l’Algérie française et leurs opposants se sont une nouvelle fois affrontés devant le cimetière du Nord.L’ambiance était houleuse hier matin devant le cimetière du Nord. Comme tous les 7 juin, des nostalgiques de l’Algérie française s’y étaient donné rendez-vous. Pour tenter de fleurir la stèle rendant hommage aux membres de l’Organisation armée secrète (OAS), qui se sont battus contre l’indépendance de l’Algérie. Par le biais d’actes terroristes. Une trentaine d’anciens membres et sympathisants de l’OAS se sont rejoints devant le cimetière aux environs de 10 h.
Devoir de mémoire ou hommage déplacé ? 1
Egalement présent, le conseiller municipal FN de Perpignan Bruno Lemaire a clairement pris le parti des pro-OAS. « Je trouve ça tout à fait normal qu’on vienne fleurir cette stèle », a-t-il estimé. Jean-Pierre Prévoteaux évoque « un devoir de mémoire ». Une opinion que ne partagent évidemment pas les adhérents du Collectif pour une histoire franco-algérienne non falsifiée, à l’initiative de la manifestation contre le dépôt de gerbe. « Pour nous, les membres de l’OAS sont des assassins, explique le porte-parole du mouvement, Roger Hillel. Nous nous opposons au fleurissement de la stèle, car il n’y a aucune raison de rendre hommage à de tels criminels ». Hier matin, les pro-OAS n’ont pas pu fleurir leur stèle. Les portes du cimetière sont restées closes. Afin d’éviter tout débordement à l’intérieur de l’enceinte.
- Par Arnaud Andreu, L »Indépendant : «Perpignan : la gerbe polémique des anciens de l’OAS» (extrait).