Une reconnaissance officielle qui reste incomplète
Autant la déclaration du Président de la République, Emmanuel Macron, du 13 septembre 2018 sur l’assassinat de Maurice Audin par des militaires français et sur le système de torture organisé alors par l’armée française, qui était précise et argumentée, revêtait une grande importance historique ; autant le bref « tweet » que le président de la République s’est contenté de publier le 17 octobre 2018, s’il va bien dans le sens de la reconnaissance demandée, est resté très général et est loin d’être satisfaisant.
Qu’on en juge :
Les demandes de vérité, telles qu’elles sont exprimées dans l’appel national ci-dessous, vont bien au-delà. En particulier, concernant le niveau des responsabilités dans l’établissement de ce couvre-feu raciste et discriminatoire qui a provoqué la manifestation pacifique des Algériens, responsabilités qui dépassent le préfet de police de Paris et incombent au chef du gouvernement de l’époque, le Premier ministre, Michel Debré, hostile à l’indépendance de l’Algérie, dont tout indique qu’en vue d’empêcher l’indépendance sans partition de toute l’Algérie, négociée alors avec le FLN, il s’est lancé dans un plan de répression violente contre l’émigration algérienne et la fédération de France du FLN, en s’appuyant sur les exécutants dociles qu’étaient le ministre de l’Intérieur, Roger Frey, et le Préfet de Police, Maurice Papon. Les demandes concernent aussi la liberté d’accès aux archives ; et que la lumière soit faite sur les soi-disant « retours vers leurs douars d’origine » des Algériens survivants du 17 octobre 1961, envoyés en réalité dans des camps de concentration souvent mortels dans l’Algérie coloniale. Elles concernent enfin la création d’un lieu de mémoire voué à cet évènement, conformément à la résolution votée par le Sénat en octobre 2012, qu’il revient aux autorités de l’Etat, de la Ville de Paris et la Région Ile-de-France de mettre en œuvre. Les associations signataires sont décidées à exiger des plus hautes autorités de l’Etat une réelle reconnaissance de cet événement et de ce qui l’a rendu possible.