Présentation de l’éditeur
Sortie le 12 septembre 2024. 448 pages.
Mathias Gardet est historien, membre de l’IHTP. Depuis le 1er mars 2024, il est responsable du Centre d’exposition historique « Enfants en Justice XIXe-XXe siècles » qu’il avait conçu en 2001. Professeur des universités dans le département des sciences de l’éducation, il est détaché par l’université Paris 8.
Sur les lieux de l’ancien centre d’observation pour mineurs de Savigny-sur-Orge, Mathias Gardet a découvert les dossiers de centaines de jeunes Algériens isolés arrivés en France entre 1945 et 1963. Face aux récits des adolescent·es, la parole de l’institution judiciaire, éducative, policière, psychiatrique oppose un écho glaçant et empreint de racisme.
Au cours des dernières décennies de l’Algérie coloniale, de jeunes gens choisissent de venir en Métropole, seul·es, pour rejoindre qui une cousine, qui un père ou un mari, ou simplement trouver un travail et une vie meilleure. Arrêté·es pour vagabondage ou de petits délits, ils et elles sont retenu·es quelques mois dans un centre d’observation en région parisienne, en attendant la décision d’un juge.
C’est donc sous le regard et à la demande de l’institution judiciaire, éducative, policière, psychiatrique qu’ils et elles racontent et dessinent leurs aspirations ordinaires d’adolescent·es : leurs vies là-bas, la traversée en bateau, les hôtels meublés, l’école et les petits boulots, les sorties au bal ou au cinéma, leurs histoires d’amours et expériences sexuelles…
Face à leurs désirs d’émancipation, la parole des professionnels oppose, dans un véritable dialogue de sourds, une sévérité inquisitrice et des jugements biaisés, un écho glaçant et empreint de racisme.
Grâce à cette archive, Mathias Gardet enquête et compose un magnifique récit choral à hauteur d’adolescent·es. Il restitue un pan méconnu de l’histoire de l’immigration et de la justice des mineurs, une réalité incarnée de la situation coloniale.