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Non à la cérémonie pro-OAS du 7 juin 2007 à Perpignan !

Suite à l'appel à rassemblement lancé par l'ADIMAD pour rendre hommage à d'anciens activistes de l'OAS, à Perpignan le 7 juin prochain, un collectif d'associations appelle à une manifestation le même jour à 10h pour refuser qu'une telle cérémonie puisse se dérouler dans un espace public. Il demande également le déplacement dans un lieu privé de la stèle élevée à la gloire des tueurs de l’OAS. Vous trouverez ci-dessous l'appel du collectif, les lettres adressées au maire de Perpignan et au préfet des Pyrénées-Orientales par deux associations qui défendent la mémoire de victimes de l'OAS, ainsi qu'un premier écho paru dans la presse algérienne.
[Première mise en ligne, le 22 avril 2007,
la liste des associations signataires a été mise à jour le 4 juin 2007]

Non à la cérémonie pro-OAS

jeudi 7 juin 2007

au cimetière du Haut Vernet – Perpignan

L’ADIMAD, association composée d’anciens activistes de l’Organisation armée secrète, organise pour la 4ème année un rassemblement au cimetière du Haut-Vernet, le 7 juin 2007 à partir de 11 h.
Il s’agit, pour ses initiateurs de rendre plus particulièrement hommage à Albert Dovecar et Claude Piegts, deux terroristes de l’OAS qui participèrent à l’assassinat, le 31 mai 1961 du commissaire central d’Alger, Roger Gavoury. Cet acte criminel leur valut, dans les conditions de l’époque, d’être condamnés à mort par la justice française. Ces tueurs agissaient sous les ordres du légionnaire déserteur Degueldre, chef des commandos « Delta », qui subit lui aussi le même sort. Parmi ses crimes, il avait abattu au fusil-mitrailleur, le 15 mars 1962, six Inspecteurs de l’Education nationale, membres des Centres sociaux éducatifs.
Ce rassemblement est prévu devant la stèle élevée à leur gloire ainsi qu’à celle de Jean Bastien-Thiry, instigateur en 1961 et 1962 de deux attentats dirigés contre le général de Gaulle, alors président de la République.

Nous appelons à une manifestation le même jour à 10h, devant le cimetière du Haut-Vernet pour refuser qu’une telle cérémonie puisse se dérouler dans un espace public.

Parce qu’elle est une forme d’expression de l’apologie de crimes de guerre, constitutive notamment d’un trouble réel à l’ordre public, nous nous adressons au Préfet des P.O. pour lui demander de prendre un arrêté d’interdiction à son encontre.
Nous lui demandons, ainsi qu’au maire de Perpignan, d’user de leurs prérogatives pour faire déplacer la stèle élevée à la gloire des tueurs de l’OAS dans un lieu privé.

Pour les soussignés, cette cérémonie est une offense à la mémoire de tous ceux et celles qui ont été victimes de l’OAS. Il est contraire à l’esprit de paix, de fraternité et de réconciliation, nécessaire pour que vivent ensemble les générations issues des populations que le drame algérien a éprouvées.
C’est dans cet esprit que nous serons présents pour déposer le jeudi 7 juin à 10h à l’entrée du cimetière du Haut Vernet une gerbe en hommage à toutes les victimes du passé colonial de la France en Algérie, de 1830 à 1962.

Nous vous appelons à être présents nombreux

jeudi 7 juin à 10h

devant l’entrée du cimetière du Haut Vernet


Sont signataires dans le département des Pyrénées Orientales : ANACR, ARAC, ASTI, CGT, Coup de soleil, France-Palestine, FSU, LCR, LDH, MRAP, PCF, Ras l’Front, SURVIE, UNSA, Les Verts Catalogne Nord.

Autres signataires : Familles et Amis d’Algérie (Languedoc-Roussillon), LDH Nîmes et Montpellier, MRAP 13 et Languedoc-Roussillon.

Soutien de : ATTAC 66, Mouvement de la Paix 66.

Sont signataires les associations et organisations nationales : Les amis de Max Marchand, Les anciens appelés en Algérie contre la guerre, ANPROMEVO, France-Algérie, Harkis et droits de l’Homme, Internationale Gaulliste, LCR, Ligue des droits de l’Homme, Mouvement pour l’égalité, MRAP, Union citoyenne gaulliste.
1.

Paris, le 17 avril 2007

Monsieur le maire,

Sur son site Internet (www.adimad-oas.com), sous la rubrique « ACTUALITÉ/Calendrier », une association composée d’anciens activistes de l’Organisation armée secrète, dénommée « Association amicale pour la défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus et exilés politiques de l’Algérie française » (Adimad), a lancé un appel à rassemblement sur le domaine public de votre commune, le 7 juin 2007 à partir
de 11 h 00.

Il s’agit, pour les initiateurs de ce projet, de rendre plus particulièrement hommage, à l’occasion du 45ème anniversaire de leur exécution, à deux terroristes condamnés à mort pour leur participation à l’assassinat, le 31 mai 1961, sous les ordres du lieutenant déserteur Degueldre, du commissaire central d’Alger, Roger Gavoury, mon père, dont l’acte de décès est – je tiens à le souligner – revêtu de la mention « Mort pour la France ».

Ces deux criminels sont Albert Dovecar et Claude Piegts.

Le rassemblement en question est envisagé au cimetière du Haut-Vernet, devant la stèle élevée à leur gloire ainsi qu’à celle du chef des commandos « Delta » Roger Degueldre et de Jean Bastien-Thiry, instigateur en 1961 et 1962 de deux attentats dirigés contre le général de Gaulle, alors président de la République.

Dans cette manifestation, l’on ne peut que voir à la fois une forme d’expression de l’apologie de crimes de guerre et une injure à la mémoire de militaires et de civils, fonctionnaires de la police ou de l’éducation nationale, porteurs des valeurs de la République.

Pour s’en convaincre, il suffit de rappeler les termes de l’allocution du président de l’Adimad, le 7 juin 2006, devant le cénotaphe précité :

« Je suis très ému de me trouver aujourd’hui […] devant cette stèle, ô combien représentative de l’assassinat de 116 de nos camarades, les meilleurs d’entre nous. Assassinés par le traître en chef, les barbouzes gouvernementales, les forces militaires gaullistes alliées des terroristes FLN, les polices parallèles ou gaullâtres, la justice d’exception couchée devant le maître, recevant pour prix de sa soumission des hochets où l’honneur avait couleur de sang et sans oublier la solde des Judas […]. C’est en leur nom, en notre nom à tous aussi, Claude et Bobby, que je m’adresse à vous, qui êtes devenus le symbole même de notre combat si juste et si désespéré. Je me souviens de ce 7 juin 1962. Nous croupissions alors dans ces ignobles cachots de la Santé où De Gaulle Charles nous avait claquemurés. Nous occupions la place encore chaude de ceux qu’il venait d’amnistier : les abominables tueurs FLN dans les bras desquels le degaulleiter s’était abandonné, servi par ses polices, parallèles ou pas, afin de livrer des millions de Français de toutes confessions, et quinze départements du territoire national, à une bande de sicaires sans aucune autre légitimité que le sang français qu’ils avaient répandu, à profusion, de concert, et main dans la main. ».

Nul doute que, si le déroulement de la manifestation prévue cette année est autorisé par vos soins, ces propos seront renouvelés, voire durcis.

Je ne puis imaginer que vous acceptiez de cautionner des délits prévus et réprimés par la loi du 29 juillet 1881 modifiée sur la liberté de la presse.

Pour sa part, l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (ANPROMEVO) n’a pas l’intention de laisser se dérouler une manifestation honteuse, dont la tenue porterait atteinte à l’honneur et à la dignité de ceux qui, depuis le plus modeste jusqu’au plus haut niveau, ont servi l’Etat avec courage et dévouement, témoignant d’un loyalisme constant et absolu à l’égard des institutions de la République.

C’est pourquoi elle se dispose à inviter ses adhérents, comme celles et ceux qui soutiennent son action à Perpignan, à se réunir devant le cimetière du Haut-Vernet, le jeudi 7 juin en matinée, pour un contre-rassemblement républicain : l’objectif consistera à empêcher, de la façon la plus résolue, qu’hommage soit à nouveau publiquement rendu, par leurs thuriféraires, à d’anciens terroristes, érigés en martyrs et héros aux termes d’un discours révisio-négationniste auquel l’élu que vous êtes ne peut souscrire.

En considération de ces éléments, il vous appartient d’apprécier, en concertation avec le préfet des Pyrénées-Orientales, l’opportunité d’user ou non des pouvoirs que vous tenez de l’article 3 du décret du 23 octobre 1935 modifié portant réglementation des mesures relatives au renforcement du maintien de l’ordre public.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le maire, l’expression de mes sentiments distingués.

Jean-François Gavoury, président de

l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (ANPROMEVO)

Paris, le 25 avril 2007

Monsieur le Préfet,

Un fois de plus l’ADIMAD, qui regroupe d’anciens militaires factieux, appelle à une manifestation publique le 7 juin 2007 à 11heures au cimetière du Haut-Vernet, en hommage à deux criminels condamnés à mort et exécutés pour leur participation à l’assassinat, le 31 mai 1961, du commissaire central d’Alger Roger Gavoury, reconnu « Mort pour la France ».

Quel est le crédit de l’Etat lorsqu’il recommande de respecter la police, tandis qu’il permet qu’honneur public soit rendu aux assassins d’un fonctionnaire de la Police nationale?

L’année dernière, en même temps que l’éloge des deux assassins, le président de l’Adimad2 avait honoré la mémoire du commanditaire de l’attentat contre le commissaire Roger Gavoury, le légionnaire déserteur Roger Degueldre, lui aussi condamné à mort et exécuté. Parmi ses crimes, il avait abattu au fusil-mitrailleur, le 15 mars 1962, six Inspecteurs de l’Education nationale, membres des Centres sociaux éducatifs, dont l’association que je préside perpétue l’œuvre et le souvenir.

Quel est le crédit de l’Etat lorsqu’il recommande de respecter les enseignants, tandis qu’il permet qu’honneur public soit rendu à l’un des assassins de fonctionnaires de l’Education nationale ?

Notre association, qui regroupe d’anciens rapatriés qui tiennent l’OAS pour responsables de leur départ d’Algérie, ne peut accepter sans réagir le déroulement d’une manifestation d’hommage à des criminels, jugés et condamnés par la Justice.

Ce rassemblement d’anciens membres d’une organisation terroriste et raciste en vue d’honorer le chef des assassins d’enseignants est incompatible avec les valeurs qu’incarnaient et enseignaient les six dirigeants des Centres sociaux éducatifs « morts au champ d’honneur de leur travail ».

Cette manifestation constitue une apologie de crime de guerre. Elle offense les 2 200 victimes civiles et militaires de l’OAS qui ont courageusement servi et défendu l’Etat lorsqu’il était menacé par des traitres qui ont tourné contre la République les armes qui leur avaient été confiées.

Nos adhérents sont donc invités à s’opposer avec détermination à cet hommage indigne et provocateur.

Il vous appartient, Monsieur le Préfet, de prendre toutes les mesures nécessaires pour interdire cette manifestation anti nationale qui transforme en héros ce qui furent les assassins de serviteurs loyaux de la République.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Préfet, l’expression de ma considération distinguée.

Jean-Philippe Ould Aoudia

Des associations appellent à une contre-manifestation Un hommage à l’OAS prévu à Perpignan

par : Kamel Daoud, Le Quotidien d’Oran du 26 mai 2007

Si l’élection à la présidence de Nicolas Sarkozy peut être lue comme une victoire implicite des partisans de la colonisation « positive », de la lutte contre les faiblesses de la « repentance » qui ont secoué la France ces dernières années et de la réhabilitation corrigée selon les critères des néo-OAS et de la droite en pleine ascension, le débat franco-français et franco-algérien sur la mémoire coloniale n’est pas pour autant clos. Nouvelle démonstration publique en vue.

Pour le fait, il s’agit d’un appel lancé par le Mouvement pour l’égalité pour une manifestation, le 7 juin prochain à Perpignan (10 heures, cimetière du Haut-Vernet), contre le rassemblement convoqué le jour même, au lieu même, par une « association » d’anciens tueurs de l’OAS, selon le communiqué. Rappelant que cette organisation est responsable de plusieurs centaines d’attentats et d’exécutions en Algérie et en France et qu’elle a tué 2.700 personnes, dont 2.400 Algériens, de mai 1961 à septembre 1962, l’association explique que la manifestation de l’OAS est à ce jour autorisée par le préfet de ce département qui a toléré « cette honteuse stèle à la gloire des terroristes pro-Algérie française ! A l’heure où le nouveau président chante les louanges de la colonisation (depuis les saintes Croisades !) et vitupère contre la « repentance ». Le communiqué ajoute qu’il « ne faut guère compter que son représentant départemental interdise le rassemblement pro-OAS » et que le seul moyen de le stopper ou de le refuser, c’est d’adhérer à une mobilisation de rue pour empêcher cette provocation.

Pour le détail, l’appel à cette « commémoration » contestée a été lancé par l’ADIMAD, une association composée d’anciens activistes de l’Organisation Armée Secrète qui organise pour la 4ème année un rassemblement au cimetière du Haut-Vernet, le 7 juin 2007 à partir de 11 h. Au menu, un hommage à Albert Dovecar et Claude Piegts, deux terroristes de l’OAS qui participèrent à l’assassinat, le 31 mai 1961, du commissaire central d’Alger, Roger Gavoury. « Cet acte criminel leur valut, dans les conditions de l’époque, d’être condamnés à mort par la justice française. Ces tueurs agissaient sous les ordres du légionnaire déserteur Degueldre, chef des commandos «Delta», qui subit lui aussi le même sort », explique le communiqué du Mouvement pour l’égalité, qui ajoute que parmi les crimes de ce dernier, le meurtre « au fusil-mitrailleur, le 15 mars 1962, de six inspecteurs de l’Education nationale, membres des Centres sociaux éducatifs ».

Le rassemblement OAS est prévu devant la stèle élevée à leur gloire ainsi qu’à celle de Jean Bastien-Thiry, instigateur en 1961 et 1962 de deux attentats dirigés contre le Général de Gaulle, alors président de la République, précise-t-on. S’appuyant sur ce détail qu’aucune manifestation de ce genre ne peut être programmée dans un espace public, le Mouvement s’élève contre ce qu’il nomme « une forme d’expression de l’apologie de crimes de guerre, constitutive notamment d’un trouble réel à l’ordre public » et demande au préfet concerné de « prendre un arrêté d’interdiction à son encontre ».

Par ailleurs, le même mouvement en appelle aux autorités publiques « d’user de leurs prérogatives pour faire déplacer la stèle élevée à la gloire des tueurs de l’OAS dans un lieu privé ». Jugeant aussi que « cette cérémonie est une offense à la mémoire de tous ceux et celles qui ont été victimes de l’OAS. Il est contraire à l’esprit de paix, de fraternité et de réconciliation nécessaire pour que vivent ensemble les générations issues des populations que le drame algérien a éprouvées ». Le communiqué est déjà signé par un ensemble d’associations connues comme la LDH Perpignan, le MRAP Languedoc-Roussillon, Les Amis de Max Marchand, la Ligue des droits de l’Homme, le Mouvement pour l’égalité, le PCF, etc.

Il annonce du coup un retour sur scène d’un débat qui a eu son écho en Algérie et que la classe politique française, focalisée sur une présidentielle qui a joué sur des définitions contradictoires du « sentiment » français, a trop vite évacué après l’élection de Sarkozy.

  1. Les associations et organisations souhaitant s’associer à cet appel peuvent s’adresser à ">.
  2. Il a lui-même participé à la tentative d’assassinat pour achever le résistant et déporté Joël Le Tac, dans son lit de l’hôpital du Val de Grâce, où il avait été admis après avoir été grièvement blessé par balles à la suite d’un attentat de l’OAS les jours précédents.
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