Communiqué de presse
Paris le 12 février 2011 – 14h
De
Collectif d’Algériens de soutien à la lutte en Algérie pour le changement et la démocratie
Collectif des familles de disparus en Algérie
Algérie Pacifique (section France)
Nous, collectifs d’associations algériennes, dénonçons les arrestations arbitraires de nos confrères militants lors de la Marche nationale pacifique, prévue ce matin 12 février 2011, à Alger.
Nos sources sur place indiquent l’arrestation de 70 personnes, essentiellement des membres de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie – dont des représentants de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), du collectif Algérie pacifique, de SOS Disparus, des syndicats CLA, SATEF, SNAPAP, du RCD, des associations de femmes et de victimes du terrorisme. Parmi eux : Mouloud Boumghar, Amine Menadi, Kamel Moussaoui, Mohamed Salem Sadali, Idir Achour, Cherifa Kheddar, Sofiane Baroudi et Mourad Yahli.
Une trentaine de personnes sont toujours détenus à cette heure. Quelques milliers de personnes manifestent actuellement à Alger, place du 1er-Mai.
Nous demandons aux autorités algériennes de relâcher immédiatement toutes les personnes qui ont été arrêtées, et que leur sécurité soit assurée. Selon nos sources sur place, les détenus ont été maltraités par les services de police et continuent de subir un harcèlement moral dans les locaux de ces derniers.
Il est inadmissible, pour un régime qui se prétend « démocrate », de poursuivre sa logique répressive et illégale. Nous tenons à dénoncer ces pratiques extrajudiciaires, et appelons la communauté internationale à se mobiliser afin de permettre aux Algériennes et aux Algériens de réaliser leur vœux d’une Algérie démocratique fondée sur un véritable Etat de droit.
Tewfik Allal – 06 81 60 65 43
Commission Information, du Collectif d’Algériens de soutien à la lutte en Algérie pour le changement et la démocratie.
Informations à propos des arrestations du 12 février 20111
Selon certaines informations à 13h près de 500 personnes seraient en état d’arrestation à Alger et environ 30 à Oran.
Mme Fatiha Briki, universitaire-syndicaliste de l’université de Blida a
été arrêtée ce matin par la police à la place du 1er mai à Alger lors de la manifestation organisée par la CNDC (Coordination nationale pour le changement et la démocratie).
M Ouafi Saha, universitaire-syndicaliste à l’ENSET d’Oran, a été arrêté par la police ce matin à Oran lors de la manifestation organisée par la CNDC.
M Chouicha Kaddour, universitaire-syndicaliste à l’USTO d’Oran a été
arrêté par la police ce matin à Oran lors de la manifestation organisée par la CNDC.
M Abboura Abdelhalim, universitaire-syndicaliste à l’Université de
Mascara a été arrêté par la police ce matin à Oran lors de la
manifestation organisée par la CNDC.
9h 15 :Arrestation du syndicaliste Yacine Zaïd et une cinquantaine de personnes à la place du 1er mai d’Alger. Ils ont été emmenés au commissariat du 8e arrondissement d’Alger, près de l’hôpital Mustapha.
12h 10 : Arrestation d’Ali Benhadj et de son fils.
Manifestation à Alger malgré un impressionnant dispositif policier
Des milliers de manifestants ont afflué vers la place du 1er-Mai à Alger, samedi 12 février. Le rassemblement a commencé vers 11 heures du matin et se poursuivait en début d’après-midi, malgré une très forte présence policière. Le ministère de l’intérieur algérien a estimé que les manifestants n’étaient que 250, les organisateurs avançant le chiffre de 3 000. En tout début d’après-midi, la circulation avait timidement repris dans ce secteur.
Près de 30 000 policiers étaient en effet déployés dans le centre d’Alger pour empêcher la tenue de cette manifestation de l’opposition, interdite par les autorités. Au lendemain du renversement du président égyptien Hosni Moubarak, et un mois après celui du dirigeant tunisien Zine El-Abidine Ben Ali, le président algérien Abdelaziz Bouteflika avait tenu à renforcer les mesures de sécurité dans la capitale.
« BOUTEFLIKA DEHORS »
Dans la matinée, des échauffourées étaient signalés aux abords de la place. Quelques centaines de manifestants scandant « Bouteflika dehors » ont en effet été empêchés de rejoindre la place et au moins deux d’entre eux ont été interpellés, selon l’AFP, dont un député du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Othmane Maazouz, et Fodil Boumala, co-fondateur de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), qui avait appelé à la manifestation.
Le président du RCD Saïd Sadi s’est indigné que « le doyen de la Ligue de défense des droits de l’homme, Ali Yahia Abdelnour, âgé de 90 ans, ait été malmené » par les forces de l’ordre. Parmi les manifestants, figuraient des responsables de la vie politique et de la société civile mais aussi le co-fondateur du Front islamique du salut (FIS), Ali Belhadj.
A Oran, grande ville de l’ouest algérien où une manifestation avait aussi été interdite par les autorités selon l’opposition, un rassemblement de 400 personnes Place du 1er-Novembre a été de courte durée et s’est achevé par une trentaine d’arrestations. Le chef local de la CNCD, le professeur d’université Kadour Chouicha et son fils, et deux journalistes, Djaafar Bensaleh du quotidien arabophone El-Khabar et Kamel Daoud du Quotidien d’Oran, ont été brièvement interpellés, selon des témoins.
NE PAS RÉAGIR AVEC UNE « FORCE EXCESSIVE »
Les autorités disent avoir interdit cette manifestation pour des raisons d’ordre public et non par volonté d’étouffer des voix discordantes. « Les Algériens doivent être autorisés à s’exprimer librement et à organiser des manifestations pacifiques à Alger et ailleurs », écrit Amnesty International dans un communiqué qui invite les autorités algériennes à ne pas réagir par une « force excessive ».
Créée le 21 janvier dans la foulée des émeutes du début de l’année contre la vie chère, la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), formée de partis d’opposition, de la société civile et de syndicats autonomes,avait promis « un grand jour pour la démocratie en Algérie ».
L’initiative a toutefois été rejetée par plusieurs syndicats et formations d’opposition historiques : le Front des forces socialistes de Hocine Aït Ahmed, qui a dénoncé une « surenchère verbale », selon la radio nationale, le Front national algérien (15 députés sur 389), le Parti des travailleurs (26 députés) et le syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (SNAPAP).
Les autorités algériennes affirment œuvrer en faveur de la création d’emplois, de la construction de nouveaux logements et de l’amélioration des services publics. Bouteflika a annoncé le 3 février la levée « dans un très proche avenir » de l’état d’urgence en vigueur depuis 1992. Le gouvernement est récemment intervenu pour faire baisser le prix de certaines denrées de base et il a accru les importations de blé.
- Source : algeria-watch.