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Édition du 1er au 15 février 2025

L’importante thèse de Fanny Layani sur les Algériens en prison en France durant la guerre d’indépendance

Fanny Layani a soutenu le 19 décembre 2024 sa thèse d’histoire intitulée Entre ordinaire carcéral et prison politique, les indépendantistes algériens détenus en métropole, 1954-1962.

Résumé de la thèse : Durant la guerre d’indépendance algérienne, sur le sol métropolitain, la privation de liberté par l’incarcération s’inscrit dans une chaîne répressive visant à contrôler, isoler et neutraliser les militants du FLN et du MNA. La prison devient un outil du maintien de l’ordre public, cherchant à limiter l’influence des organisations indépendantistes. L’analyse des interactions entre les détenus, les organisations politiques rivales auxquelles ils appartiennent et l’administration pénitentiaire française permet de comprendre que les modes de détention spécifiques qui émergent au cours du conflit résultent des capacités d’auto-organisation des détenus et d’une forme de coopération conflictuelle avec l’administration pénitentiaire. Cette coproduction de l’ordre carcéral est faite de négociations informelles mais aussi de moment de lutte d’une grande dureté, prenant la forme de grèves de la faim collectives massivement suivies. Cette thèse vise également à contribuer à l’histoire des Algériens dans la guerre d’indépendance, en montrant comment, confrontée à une incarcération massive de ses forces vives, la fédération de France du FLN doit intégrer les prisons à sa stratégie, notamment en imposant en prison un cadre qui se superpose à celui des prisons françaises. Étudiant également le sort des dirigeants du parti et des ministres du GPRA incarcérés, cette thèse tente de comprendre comment le passage par la prison put construire un capital politique et influer sur leurs attitudes politiques de l’immédiat après-guerre. L’attention portée à la chronologie fine des espaces pénitentiaires permet de repérer un temps carcéral propre, en partie en décalage avec la chronologie politique de la guerre. Les prisons deviennent ainsi des microcosmes où les dynamiques de pouvoir et de lutte prennent des formes uniques. Il s’agit enfin de comprendre comment des pratiques pénitentiaires nées de la guerre ont laissé des traces durables dans le système pénitentiaire français.

Le jury était composé de : M. Emmanuel BLANCHARD – Professeur des universités, Sciences Po Saint-Germain-en-Laye, Rapporteur M.  Marc RENNEVILLE – Directeur de recherche, CNRS, Rapporteur Mme Claire DE GALEMBERT – Chargée de recherches CNRS HDR, Examinatrice M. Didier FASSIN – Professeur Institute for Advanced Study, Princeton et Collège de France, Examinateur Mme Stéphanie LATTE ABDALLAH – Directrice de recherches CNRS, Examinatrice Mme Sylvie THÉNAULT – Directrice de recherches CNRS, Examinatrice Mme Raphaëlle BRANCHE– Professeure des universités, Université Paris Nanterre, Directrice de thèse.

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