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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

les parcours méconnus
de sept militantes noires
par Annette Joseph-Gabriel

Les éditions Ròt-Bò-Krik ont publié en mai 2023 Imaginer la libération. Des femmes noires face à l'empire, par Annette Joseph-Gabriel. Y sont présentés à partir de leurs écrits et de leurs archives, les parcours trop méconnus de sept militantes noires qui contestèrent dans la seconde moitié du XXe siècle la domination impériale et raciste : Suzanne Césaire, Paulette Nardal, Eugénie Éboué-Tell, Jane Vialle, Andrée Blouin, Aoua Kéita et Eslanda Robeson. Nous publions ici la présentation de l'éditeur, le prologue du livre et sa recension dans la revue Clio, ainsi qu'un lien vers une émission que France Culture lui a consacré.

Imaginer la libération. Des femmes noires face à l’empire,
par Annette Joseph-Gabriel



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Présentation de l’éditeur



Autrice et universitaire, Annette Joseph-Gabriel enseigne la littérature française à l’université Duke. Spécialiste de l’étude des interactions entre culture, politique et littérature, elle explore notamment les héritages du colonialisme et de l’esclavage dans l’espace atlantique francophone.

Son travail met en valeur les voix et les expériences d’autrices noires engagées dans l’anticolonialisme pour montrer combien leurs écrits peuvent nous offrir de nouvelles façons de penser les questions culturelles et politiques contemporaines.

Au milieu du XXe siècle, tandis que se joue la fin de l’empire colonial français, des penseuses et militantes noires s’engagent au coeur des grands mouvements de décolonisation.

Encore bien trop méconnues, Suzanne Césaire, Paulette Nardal, Eugénie Éboué-Tell, Jane Vialle, Andrée Blouin, Aoua Kéita et Eslanda Robeson sont pourtant des protagonistes majeures de la contestation de la domination impériale et raciste.

Explorant leurs écrits et archives, Annette Joseph-Gabriel raconte leur parcours et la diversité de leur positionnement. Toutes ont en commun d’imaginer de nouvelles identités, tant panafricaines que pancaribéennes, et permettent de construire une histoire complexe du féminisme noir.


Imaginer la libération. Prologue


Je suis devenue citoyenne française en 2017, tandis que j’écrivais ce livre. Je n’ai eu droit à aucun faste ni à aucune solennité, pas plus qu’à une Marseillaise lors d’une émouvante cérémonie à laquelle aurait pu assister ma famille, heureuse et impatiente de me voir accueillie dans le giron de la France. Personne n’est français dans ma famille. L’enveloppe toute blanche, arrivée par la poste depuis le consulat français, contenait un dossier bleu-blanc-rouge orné d’une Marianne portant le drapeau tricolore, empruntée au fameux tableau d’Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple. À l’intérieur du dossier, une lettre-type portait la signature de François Hollande, qui m’annonçait mon « [r]attachement à la longue histoire de la France qui, au fil des siècles, a accueilli des femmes et des hommes qui se sont reconnus dans ses valeurs : la liberté, l’égalité, la fraternité, la laïcité ».

La célèbre devise ternaire, cri de ralliement originel de la Révolution française, arborait donc un ajout, réemballage des valeurs nationales pour une époque nouvelle, où il ne s’agissait plus de brandir la laïcité à la face du clergé catholique avec la même ferveur qu’à l’ère révolutionnaire, mais bien plutôt à celle de l’islam, constitué désormais comme contestation centrale, à partir de laquelle se décide qui peut ou pas être réellement français. Le reste du dossier était éclairant quant à ce que le gouvernement considérait comme les ingrédients nécessaires pour devenir une bonne citoyenne : les résultats officiels de l’examen de langue obligatoire prouvaient que je connaissais suffisamment le français pour être française. Sur des feuilles A4 pelliculées brillantes, les paroles de La Marseillaise (enfin !), la Constitution de la Cinquième République et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 témoignaient des éléments spécifiques de l’histoire française que je pouvais apparemment revendiquer désormais comme miens. Ce dernier document s’avérerait un point de départ utile pour mon analyse de la question de la citoyenneté dans ce livre.

De la pléthore de documents administratifs qui me parvinrent en acquérant la citoyenneté française, deux en particulier se distinguèrent comme emblématiques du réconfort et de l’embarras apportés par ce nouveau statut. Le premier était une brochure m’informant que si je n’avais pas répondu à la proposition initiale du consulat au sujet de la francisation de mon nom, il n’était pas trop tard pour le faire. Toute personne un jour confrontée au processus administratif français est frappée, comme je le fus, par la rareté des deuxièmes chances. Un dossier entier peut être refusé sans cérémonie ou, au mieux, retourné à l’envoyeur, pour une coquille. M’offrir une deuxième chance de modifier l’orthographe de mon nom, c’était ainsi souligner la nécessité de rendre lisible à l’État français les noms, les identités, les soi estimés illisibles.

Le second document était une carte d’enregistrement au consulat français de Chicago, prouvant que j’étais désormais placée sous protection consulaire. Cette année-là, aux États-Unis et en Corée du Nord, des dirigeants instables se provoquaient l’un l’autre en s’invectivant au sujet de leur apparence physique, de leurs capacités mentales et de leurs arsenaux nucléaires. Le langage protecteur du consulat, aussi douteuse qu’ait été l’efficacité de ladite protection, procurait une illusion de sûreté, alternative à une réalité sinistre. C’était aussi l’année où le gouvernement français renvoya du Conseil national du numérique la très en vue militante féministe et antiraciste Rokhaya Diallo pour avoir utilisé l’expression « racisme d’État » afin de combattre publiquement le racisme institutionnalisé en France. Les promesses de droits et de protection, les rappels administratifs à me rebaptiser pour une meilleure lisibilité, la réalité des femmes noires en France et de leurs revendications continues d’égalité restées lettre morte, tout cela a constitué le terrain depuis lequel je me suis intéressée à la citoyenneté pour ce livre.

Comme en atteste mon dossier de naturalisation française, la citoyenneté désigne une relation de l’individu à l’État. Elle se déploie dans l’arène juridique, celle des constitutions et des lois, des droits et des devoirs. Les images visuelles et linguistiques du dossier témoignaient de ce que la citoyenneté s’étend aussi aux sphères sociales, culturelles et politiques de la construction communautaire, de la formation identitaire et de l’appartenance. Elle est à la fois concrète et abstraite.

Ce livre est un examen des différentes manières dont concret et abstrait se sont assemblés et disjoints quand, au milieu du vingtième siècle, à une période particulièrement charnière de l’histoire française, des femmes noires ont exigé une pleine citoyenneté. Au cœur des archives qui constituent ce livre, on verra que les ingrédients qui y sont concoctés pour faire une bonne citoyenneté sont divers. Nous y entendrons une reprise de La Marseillaise appelant les Guadeloupéennes et les Guadeloupéens à trouver leur voix politique en faisant d’Eugénie Éboué-Tell la première députée noire de l’Assemblée nationale. Nous verrons l’étendard tricolore entre les mains d’Aoua Kéita, animatrice communautaire dans le Mali rural, cousant sur le drapeau français les lettres RDA, sigle du Rassemblement démocratique africain, fédération de partis politiques anticoloniaux d’Afrique de l’Ouest.

Ces textes variés ne se contentent pas d’établir que les femmes noires peuvent être des citoyennes françaises. Ils nous incitent aussi à repenser la relation entre la race, le genre, l’appartenance et la puissance d’agir politique. Ils nous montrent et nous remontrent que, pour une femme noire, réclamer la pleine citoyenneté, c’est défaire et refaire la République française. C’est redéfinir la nature même de la participation civique et de l’identité nationale dans un pays qui se perçoit comme blanc tout en prétendant être aveugle à la couleur. C’est encore pouvoir imaginer la citoyenneté au-delà des frontières de la France impériale, pour prétendre à des formes d’appartenance aussi multiples que le sont les espaces revendiqués par les femmes noires, à travers l’histoire et jusqu’à aujourd’hui.

​Traduit de l’anglais par Jean-Baptiste Naudy.


Sept femmes noires postcoloniales.
Un podcast de La Suite dans les idées sur France Culture



Écrivaines et penseuses, doublement invisibilisées, comme femmes et comme noires, sept protagonistes politiques majeures de la décolonisation sont enfin mises à l’honneur par Annette Joseph-Gabriel, professeure de littérature à Duke University. Elle est rejointe par l’artiste Dalila Mahdjoub.

Avec Annette Joseph-Gabriel Autrice et universitaire états-unienne, elle enseigne la littérature française à l’université Duke et Dalila Mahdjoub artiste

Suzanne Césaire, Paulette Nardal, Eugénie Éboué-Tell, Jane Vialle, Andrée Blouin, Aoua Kéita, Eslanda Robeson : ces noms trop méconnus sont ceux de sept femmes majeures de l’histoire mondiale de la France comme de l’histoire française du monde.

Intellectuelles, écrivaines et militantes postcoloniales et féministes, elles doivent être considérées comme de véritables protagonistes politiques, ainsi que le propose la chercheuse Annette Joseph-Gabriel, invitée cette semaine de La Suite dans les Idées. Et rejointe en seconde partie par l’artiste Dalila Mahdjoub.

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Ecouter le podcast




Une recension de l’édition anglaise par Pascale Barthélémy

Publié par la revue Clio.
Source

Annette K. Joseph-Gabriel, Reimagining Liberation: how Black women transformed citizenship in the French Empire, Champaign, University of Illinois Press, 2019, 262 p.

Eslanda Robeson
Eslanda Robeson
Noires ou métisses, Africaines, Antillaises ou Américaines, Suzanne Césaire, Paulette Nardal, Eugénie Éboué-Tell, Jane Vialle, Andrée Blouin, Aoua Kéita et Eslanda Robeson sont les protagonistes de ce livre novateur, riche et stimulant. Leur point commun : s’être engagées, à différents titres, pour contester la domination coloniale dans la seconde moitié du xxe siècle. Le destin de certaines (Suzanne Césaire, Eugénie Eboué-Tell, Eslanda Robeson), souvent associé à celui de leur mari, est plus ou moins connu. D’autres (Jane Vialle, Aoua Keita, Andrée Blouin) n’ont fait l’objet que de rares travaux1. Surtout, leurs trajectoires sont ici associées pour la première fois. L’un des intérêts du livre tient par conséquent à la mise en regard de ces parcours au fil de six chapitres qui sont autant de portraits centrés sur l’engagement politique de ces femmes, sur leurs conceptions de la citoyenneté et de la colonisation, sur leur vie publique dans ses relations étroites avec ce que l’on peut connaître de leur vie privée. Mêlant histoire et littérature (l’auteure a une formation en littérature comparée), à partir d’archives, d’entretiens, de sources de presse, mais surtout des écrits produits par les actrices elles-mêmes (autobiographies, essais, articles, correspondance), A.K. Joseph-Gabriel invite à repenser la relation entre race, genre, appartenance identitaire et agency politique dans l’Empire français devenu Union française au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Le livre couvre une séquence chronologique qui commence avec l’arrivée de Suzanne Césaire en Martinique en 1939 et s’achève avec la restitution du passeport qui lui avait été confisqué par les autorités américaines à Eslanda Robeson en 1958. L’ouvrage revisite par-là un récit androcentré des décolonisations. En insistant sur les prises de position publiques de ces femmes, A.K. Joseph-Gabriel va aussi à l’encontre des études littéraires qui associent en général l’écriture féminine au privé et à l’intime. Elle montre ainsi qu’à partir de 1944, alors que la France redéfinit ses relations avec ses colonies et que les femmes de métropole obtiennent le droit de vote et d’éligibilité, des citoyennes de l’Empire réclament l’égalité et remettent en cause les fondements du colonialisme. En analysant de manière approfondie les écrits de ces femmes, l’auteure démontre qu’elles utilisent le langage de la citoyenneté pour affirmer leur appartenance à de multiples communautés culturelles et politiques en France, en Afrique, aux Caraïbes, dans la diaspora et dans le « Sud Global ».

Les deux premiers chapitres, consacrés aux martiniquaises Suzanne Césaire et Paulette Nardal décrivent leurs conceptions d’une citoyenneté plurielle franco-antillaise. À l’encontre des travaux qui ont jusqu’ici étudié Suzanne Césaire en lien avec son célèbre mari, le premier chapitre analyse sa conception des identités politiques antillaises non seulement à partir des sept essais qu’elle publia dans la revue Tropiques (et notamment du plus connu « Le Grand Camouflage »), mais aussi de sa correspondance qui mêle analyses littéraires, commentaires politiques et informations personnelles. De là émerge une vision nuancée et complexe de l’identité caribéenne conçue comme un espace de convergences et d’influences multiculturelles. Dans le second chapitre, fondé sur un premier écrit de Paulette Nardal intitulé « En exil » et publié en 1929 dans La Dépêche africaine puis sur sa contribution à un guide touristique de la Martinique qu’elle rédigea à la demande du ministère des Colonies pour l’Exposition coloniale internationale de 1931, enfin sur ses articles publiés dans La Femme dans la Cité à partir de 1945, A.K. Joseph-Gabriel montre la permanence d’une approche intersectionnelle pour décrire la condition des femmes martiniquaises et d’une pensée qui articule la France comme « grande patrie » et la Martinique comme « petit pays ».

Le troisième chapitre consacré à Eugénie Eboué-Tell et Jane Vialle est sans doute le plus novateur. D’une part parce que ces deux figures sont moins connues, d’autre part parce qu’il pose la question des formes de « l’anticolonialisme ». L’une, Guyanaise, épouse restée dans l’ombre du gouverneur du Tchad rallié à la France libre Félix Eboué, membre du Corps des Volontaires de l’Afrique française combattante, infirmière à l’hôpital militaire de Brazzaville entre 1941 et 1944, a représenté la Guadeloupe à l’Assemblée nationale en 1945 puis au Sénat entre 1946 et 1952. L’autre, récemment redécouverte par des historiennes, métisse franco-congolaise, engagée dans la résistance, fut arrêtée et emprisonnée à Marseille puis élue sénatrice de l’Oubangui-Chari (actuelle République centrafricaine) au Conseil de la République en 1947 et fondatrice de l’Association des femmes de l’Union française dont elle fut la secrétaire générale jusqu’à sa mort en 1953. Toutes deux membres des instances de la IVe République appartiennent à l’élite politique de la nouvelle Union française et croient aux promesses de la France républicaine. Elles militent et débattent pour élargir l’accès à la citoyenneté aux femmes d’outre-mer, mais ne remettent pas en cause fondamentalement la relation entre la France et ses colonies. Leur conception de l’assimilation leur vaudra d’ailleurs des critiques, auxquelles elles répondent par un discours sur l’égalité politique et culturelle comme fondement de leur citoyenneté.

Avec le parcours d’Andrée Blouin qui fait l’objet du chapitre quatre, c’est la question de la rupture avec la métropole qui est au cœur du propos. Métisse comme Jane Vialle, née d’un homme d’affaires français et d’une Africaine en Oubangui-Chari en 1921, la petite fille a connu un parcours chaotique qui l’a conduite de l’orphelinat des métisses de Brazzaville à des unions éphémères avec des Français jusqu’à son mariage avec André Blouin en 1948, mais surtout à s’engager précocement en politique. D’abord adhérente en Guinée au Rassemblement démocratique africain, parti d’opposition aux autorités coloniales, puis militante du Mouvement féminin de solidarité africaine au Congo, elle est devenue chef du protocole dans le cabinet de Patrice Lumumba. La mort de son fils de deux ans en 1944, liée au refus de l’administration coloniale de lui fournir la carte de quinine qui lui aurait permis de lutter contre la malaria, est au fondement de son anticolonialisme.

C’est aussi sous l’angle de la rupture avec la France qu’Aoua Keita, à laquelle est consacrée le cinquième chapitre, envisage son accès à une citoyenneté pleine et entière. Nourri de l’autobiographie publiée par cette dernière en 1975 et d’une analyse du roman d’Ousmane Sembene, Les bouts de bois de Dieu et de son film Emitaï, ce chapitre insiste sur le rôle des femmes rurales du Mali (alors Soudan français) dans la lutte anticoloniale. Sans apporter de connaissances nouvelles sur l’engagement d’Aoua Keita, ce portrait parfois un peu artificiellement juxtaposé aux œuvres d’Ousmane Sembene, veut mettre l’accent sur l’action collective menée par cette sage-femme malienne qui deviendra la première députée de l’Afrique occidentale française en 1959.

Le dernier chapitre diffère des précédents en ce qu’il est consacré à l’Afro-Américaine Eslanda Cardozo Goode Robeson, dont le parcours militant entre États-Unis et Afrique permet de connecter les autres trajectoires. Eslanda Robeson a en effet rencontré Paulette Nardal à Paris en 1932, Jane Vialle en Oubangui-Chari en 1946, a échangé des lettres avec Eugénie Éboué-Tell. En étudiant ses journaux de voyage en 1936 en Afrique du Sud et en 1946 en Afrique centrale, l’auteure analyse la conception de la citoyenneté de l’anthropologue américaine comme relevant d’un « Sud Global » avant la lettre qui serait à la fois une géographie, un concept théorique et un champ d’études déterminé par une histoire partagée de résistance anti-impériale. Ce chapitre insiste sur la dimension transnationale des luttes, présente en filigrane dans chaque chapitre, invitant à réfléchir à une géographie de la résistance qui se dessine à partir des circulations des femmes et de leurs idées. L’épilogue consacré à AWA, la revue de la femme noire, fondée en 1964 au Sénégal prolonge la réflexion sur l’existence d’un féminisme noir transnational après les indépendances africaines.

L’une des grandes réussites de cet ouvrage est donc d’exhumer des parcours passionnants, mais aussi de montrer à la fois les convergences de pensée entre ces actrices des décolonisations – toutes se battent pour une plus large représentation et participation politique des femmes – sans aplanir leurs divergences parfois profondes. La diversité de leurs biographies, des rencontres qu’elles ont faites, les ont amenées à adopter des stratégies variées de contestation du colonialisme. Pour les Martiniquaises Suzanne Césaire et Paulette Nardal, la défense et l’amour de la culture française s’articulent à l’anti-impérialisme. Pour Eugénie Éboué-Tell et Jane Vialle, la fin du colonialisme suppose d’incorporer les colonies dans une Union française démocratique. Pour Andrée Blouin, Aoua Keita et Eslanda Robeson, l’accès à l’indépendance politique est la seule voie possible pour une véritable émancipation.

Cependant, malgré ces divergences, « toutes les femmes dans ce livre interrogent la nature transnationale du féminisme noir » écrit l’auteure. Elle voit alors peut-être un peu vite en elles des pionnières, annonciatrices d’un Black Feminism ou d’un féminisme africain qui ne dira son nom que plus tardivement. Elle entre ainsi davantage en conversation avec les travaux de littérature qu’avec les ouvrages d’histoire consacrés aux imaginaires politiques de la citoyenneté2 ou aux mobilisations politiques des Africaines au temps des décolonisations, mais l’ouvrage n’en est pas moins une contribution majeure à l’histoire coloniale comme à l’histoire des femmes.

  1. Outre les références citées dans l’ouvrage, voir Allison Drew, « Andrée Blouin and Pan-African Nationalism in Guinea and the Congo », in Robert A. Hill (ed.), Pan-African Biography, Los Angeles, Crossroads Press, 1987, p. 209-217 et sur Aoua Keita et Jane Vialle les notices qui leur sont consacrées dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier : https://maitron.fr/spip.php?mot9745.
  2. Frederick Cooper, Citizenship between Empire and Nation. Remaking France and French Africa, 1945-1960, Princeton, Princeton University Press, 2014, 1re éd [traduit en français par Christian Jeanmougin, Français et africains. Être citoyen au temps de la décolonisation, Paris, Payot, 2014].
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