«[…] Je penserai également à ceux qui n’ont pas tenu, à ceux qui n’ont pas résisté à la pression trop forte, à l’horreur trop grande, et qui, un jour, après tant de courage, tant d’héroïsme, sont restés paralysés, au moment de monter à l’assaut. Je penserai à ces hommes dont on avait trop exigé, qu’on avait trop exposés, que parfois des fautes de commandement avaient envoyés au massacre, à ces hommes qui, un jour, n’ont plus eu la force de se battre. Cette guerre totale excluait toute indulgence, toute faiblesse. Mais 90 ans après la fin de la guerre, je veux dire au nom de notre nation que beaucoup de ceux qui furent exécutés alors ne s’étaient pas déshonorés, n’avaient pas été des lâches, mais que, simplement, ils étaient allés jusqu’à l’extrême limite de leurs forces. Je veux dire que la souffrance de leurs épouses, de leurs enfants, fut aussi émouvante que la souffrance de toutes les veuves et de tous les orphelins de cette guerre impitoyable.
Mes chers compatriotes, souvenons nous, ils étaient des hommes comme nous, avec leur force et avec leur faiblesse.
Mes chers compatriotes, souvenons nous qu’ils auraient pu être nos enfants, souvenons nous qu’ils furent aussi les victimes d’une fatalité qui dévora tant d’hommes qui n’étaient pas préparés à une telle épreuve.
Mais qui aurait pu être préparé à une telle épreuve ? […]
»
Communiqué de la LDH
Rendre justice aux fusillés de 14-18 :
une intervention incomplète du Président de la République
Le Président de la République a évoqué à Douaumont, pour le 90e anniversaire de l’armistice de 1918, le sort des « fusillés pour l’exemple ». Il a reconnu que ces hommes n’étaient pas des lâches et ne s’étaient pas déshonorés. Cette déclaration est un progrès par rapport aux positions prises par ses amis politiques lorsque Lionel Jospin, Premier Ministre, avait à juste titre demandé en 1998 que l’histoire de toutes les victimes des tribunaux militaires réintègre pleinement la mémoire de la première guerre mondiale.
Mais ce progrès est nettement insuffisant. Nicolas Sarkozy, loin de reconnaître l’effroyable injustice des décisions prises par les conseils de guerre, a déclaré que « cette guerre totale excluait toute indulgence, toute faiblesse », reprenant ainsi l’argumentation des fusilleurs. Et il présente les victimes comme des hommes qui n’auraient pas eu la force nécessaire pour continuer de se battre.
Or la vérité doit être faite sur les conditions inacceptables dans lesquelles ces hommes ont été « jugés ». Ils ont été « les victimes » non pas « d’une fatalité » mais de cette justice militaire dont Clemenceau lui-même disait qu’elle était à la justice ce que la musique militaire était à la musique. Nombre d’entre eux ont été non pas des hommes « faibles » mais au contraire ceux qui ont eu le courage de s’opposer, au péril de leur vie, à des ordres injustes, arbitraires et souvent inhumains.
La Ligue des droits de l’Homme considère que la mémoire de ces hommes demande non de la compassion mais tout simplement le rétablissement de la justice. Elle continue plus que jamais à demander la réouverture de leurs dossiers, l’accès des historiens à l’ensemble des archives et la réhabilitation pleine et entière des « fusillés pour l’exemple ».
Paris, le 11 novembre 2008
Les fusillés pour l’exemple ne dorment toujours pas en paix
Ce sont deux noms gravés sur une stèle à Fontenoy dans l’Aisne: «Léonard Leymarie du 305e R.I. fusillé en 1914 ; Lucien Bersot fusillé le 13 février 1915. Reconnus innocents et réhabilités en 1922-1923». A l’instar de ces deux destins de poilus condamnés puis réintégrés, la Ligue des droits de l’homme (LDH) a exigé vendredi la réouverture des dossiers des fusillés pour l’exemple de la première guerre mondiale à l’occasion du 90e anniversaire de l’armistice de 1918, en demandant la «poursuite» de leur «réhabilitation». «Comme l’avait demandé en 1998 Lionel Jospin, leur histoire doit prendre place dans la mémoire nationale de la Grande Guerre, affirme la LDH. Près d’un siècle après ces événements, les dossiers des victimes des tribunaux militaires doivent être rouverts et les historiens doivent pouvoir accéder à l’ensemble des archives du conflit».
A Besançon, Joseph Pinard, agrégé d’histoire et ancien député PS du Doubs, est l’un de ces chercheurs opiniâtres qui exhument les injustices de la Grande Guerre. Il vient de consacrer une exposition au destin tragique de Lucien Bersot2, maréchal-ferrant habitant le quartier Battant à Besançon, et incorporé comme nombre de Francs-Comtois au 60e Régiment d’infanterie (60e RI) à la déclaration de la guerre. En janvier 1915, le 60e RI est durement éprouvé lors de sanglants combats près de Soissons dans l’Aisne: 1 500 hommes sont blessés ou morts. Le commandant de l’unité est tué et son remplaçant fait régner une discipline de fer. Ainsi, quand le 12 février 1915, Lucien Bersot refuse de porter le pantalon maculé de sang et de boue qu’on vient de lui donner pour remplacer le sien hors d’usage, il est déféré devant un conseil de guerre. Le soldat bisontin, qui ne voulait pas revêtir «le pantalon d’un mort», est lui-même condamné pour «avoir refusé d’obéir à un ordre donné par son chef en présence de l’ennemi». Il est fusillé le lendemain, à 6 heures du matin. Avant de mourir, ses derniers mots furent «Marie-Louise ! Marie-Louise !», sa fille âgée de 5 ans, relate Joseph Pinard. […]
En 1916, la Cour de cassation cassa une première fois pour «vice de forme» le jugement qui avait envoyé le soldat Bersot au peloton d’exécution et, en 1922, la plus haute juridiction ordonnait sa réhabilitation. Le 19 avril 1924, Lucien Bersot fut réinhumé à Besançon alors que les autorités redoutaient une manifestation antimilitariste.3
Le cas de son compagnon de stèle est tout aussi emblématique du destin des fusillés pour l’exemple. Léonard Leymarie fut légèrement blessé à l’index gauche alors qu’il était de garde à son poste de guetteur dans une tranchée de l’Aisne. Parce qu’un médecin militaire conclut qu’il s’était mutilé lui-même alors que ses camarades l’innocentaient, selon l’historien Joseph Pinard, Leymarie fut traduit devant le conseil de guerre et fusillé le 12 décembre 1914. Quatre-vingt-quatorze ans plus tard, un hommage sera rendu le 12 décembre au soldat Leymarie avec l’inscription de son nom sur le monument aux morts de son village natal à Seilhac en Corrèze. Selon Joseph Pinard, 2400 condamnations à mort ont été prononcées contre des soldats entre 1914 et 1918 et 600 d’entre eux ont été fusillés.
Verdun 1916 : l’affaire Herduin et Millant,
une exécution sommaire approuvée par Nivelle et Pétain
Dès les premiers mois de la Grande guerre, des exécutions sommaires se sont produites avec l’aval de la hiérarchie militaire. Certaines d’entre elles ont été l’objet d’ordres écrits et on en retrouve aujourd’hui la trace dans les archives de l’armée. Mais la plupart n’ont pas été portées à la connaissance du public et les victimes ont été déclarées mortes dans les combats.
Il existe au moins un cas d’exécution extrajudiciaire qui a dû être reconnu par le ministre de la Guerre, en 1921, puis a fait l’objet d’une décision de Justice, en 1926, c’est celui des deux sous-lieutenants Henri Herduin et Pierre Millant. Ils ont été fusillés sans jugement, le 11 juin 1916, à Fleury, devant Douaumont, dans l’enfer de Verdun, alors qu’ils avaient ordonné le repli de quelques dizaines de survivants épuisés et souvent blessés de deux compagnies du 5e bataillon du 347e régiment d’infanterie. Herduin étant né à Reims, au 61 de la rue du Barbâtre, et sa famille étant rémoise, son cas a été défendu après la guerre par les associations d’anciens combattants et par la Ligue des droits de l’Homme de la ville et on a donné son nom à une rue. Alors que l’on commémore le 90e anniversaire de l’armistice de 1918, leur cas mérite d’être sorti de l’oubli.
Au début de la guerre, le 6 septembre 1914, à la demande de Joffre, commandant en chef des armées du nord-est, avaient été créées les cours martiales. Composés de trois juges militaires placés sous l’autorité de leur hiérarchie, elles ne prenaient en compte aucune circonstance atténuante, leurs décisions étaient immédiatement exécutées, sans possibilité d’appel ou de grâce. Ces tribunaux militaires spéciaux, souvent directement aux ordres des commandants d’unité, avaient conduit à des centaines de mises à mort expéditives et suscité de nombreuses protestations, notamment de la Ligue des droits de l’Homme et de divers parlementaires et forces politiques, dont les socialistes. Grâce aux efforts déployés pour dénoncer leurs décisions arbitraires, ces cours martiales venaient d’être supprimées quand est intervenue l’affaire Herduin-Millant. Une loi avait été votée le 17 avril 1916, au grand mécontentement du haut commandement qui considérait ces cours martiales comme un instrument indispensable au maintien de la discipline, et elle avait été suivie le 29 avril 1916 d’une circulaire du ministère de la Guerre qui avait attiré l’attention du commandement sur cette suppression. Une sorte de « bras de fer » opposait alors, notamment sur cette question, le pouvoir civil à l’autorité militaire.
Quelques semaines plus tard, près de Verdun, les sous-lieutenants Herduin et Millant étaient accusés d’avoir « quitté le champ de bataille sans ordre, abandonnant la lutte ». Le colonel commandement la 103e brigade, le colonel Bernard, a décidé, en toute illégalité, de les fusiller. Des officiers ont témoigné d’un ordre écrit signé de ce colonel : « Fusillez immédiatement les lieutenants Herduin et Millant, coupables d’abandon de poste »4. L’ordre a été approuvé par le général Boyer, commandant la 52e division d’infanterie. Et l’exécution, critiquée par le général Lebrun, commandant le groupe de divisions du secteur de Dugny, a été « couverte » et justifiée ensuite, comme l’indiquent aujourd’hui les archives de l’armée, par toute la haute hiérarchie militaire, jusqu’à son sommet : d’abord par le général Nivelle, commandant la 2e armée, puis par le général Pétain, commandant le groupe d’armée du centre, et, enfin, par le généralissime Joffre, commandant en chef des armées.
L’affaire a suscité, au lendemain de la guerre, une enquête de la Ligue des droits de l’Homme, alertée par la veuve du sous-lieutenant Herduin. Né le 5 juin 1881 à Reims, et donc âgé de 35 au moment des faits, Henri Herduin était marié avec Fernande née Nivoix, originaire, semble-t-il, comme lui, de Reims, et le couple résidait à Bagnolet, dans le département de la Seine, au 58, rue des Lilas5. Ils avaient un fils prénommé Luc, âgé de 4 ans en 1911, dont parle Herduin dans la dernière lettre envoyée à sa femme, et qu’il appelle « mon fils aîné », ce qui tend à indiquer qu’ils avaient un autre enfant ou d’autres enfants6. Leur adresse à Bagnolet ne devait pas être connue des services de l’armée chargés d’annoncer le décès puisque c’est par l’intermédiaire de la mairie de Reims que Fernande a été prévenue, le 13 juillet 1916. La mère d’Henri Herduin habitait toujours Reims, malgré les bombardements de la ville, et s’occupait alors du jeune Luc.
Sur l’acte de décès transcrit à Sedan, comme sur le registre d’état-civil de la ville de Reims, a été portée la mention « Mort pour la France ». Mais le 19 septembre suivant, l’armée a demandé d’enlever cette formule, et, sur le registre de Sedan où figue l’acte de décès, comme sur celui de l’état civil de Reims, les quatre mots ont dû être annulés. A une demande de renseignement de Fernande Herduin sur les circonstances de sa mort, le chef du Bureau de la comptabilité du 347e régiment d’infanterie lui a néanmoins écrit, le 9 janvier 1920, que son époux était « décédé le 11 juin 1916 de blessure de guerre » et qu’il ne faisait l’objet d’« aucune condamnation ».
La LDH a enquêté sur cette affaire, rassemblé de nombreux témoignages, et, de janvier 1921 à janvier 1922, a publié cinq articles à son sujet dans sa revue, Les Cahiers des droits de l’Homme7. Avant de mourir, Herduin avait écrit à Fernande une lettre poignante qui l’invitait à réclamer justice : « Crie, après ma mort, contre la justice militaire. Les chefs cherchent toujours des responsables. Ils en trouvent pour se dégager »8. Plusieurs interpellations ont eu lieu à la Chambre de la part de deux députés socialistes – qui suivront la majorité du Congrès de Tours au parti communiste – Paul Morucci et André Berthon, au sujet de l’exécution sans jugement de Herduin et Millant, le premier le 23 avril et le second le 23 juin 19219. D’autres parlementaires, Lamoureux, Jean Molinié, Pierre Dignac, appartenant à divers groupes politiques, se sont indignés à leur tour et joints aux demandes d’explications. La section de Reims de la Ligue des droits de l’Homme a fait activement campagne en faveur de la réhabilitation de Henri Herduin et le conseil municipal a décidé en 1921 de nommer une rue de la ville « Rue du lieutenant Herduin ».
Lors d’un procès en diffamation intenté par Fernande Herduin contre le journal La Presse qui prétendait que son mari avait reconnu l’abandon de poste qui lui était reproché, un officier, le capitaine Lutz, a témoigné de l’existence au ministère de la Guerre de rapports concernant ce drame, dont un du commandant de la 2e armée, le général Nivelle approuvant l’exécution : « L’ordre d’exécution a été donné par le général Boyer. Au ministère de la Guerre se trouvent trois rapports concernant le drame de Fleury : un du général Boyer, exigeant la fusillade ; un du général Lebrun, blâmant le général Boyer ; un du général Nivelle, qui commandait alors l’armée, approuvant le général Boyer »10. Face à toutes ces révélations, le ministre de la Guerre Louis Barthou a dû reconnaître, le 14 novembre 1921, dans une lettre à sa veuve, que le lieutenant Herduin a été exécuté sans jugement : « Les dépositions recueillies au cours d’un récent procès que vous avez intenté à un journal parisien m’ont fait un devoir d’examiner à nouveau les requêtes dont vous avez saisi à plusieurs reprises mes prédécesseurs et moi-même. Il résulte de ce débat comme des documents antérieurs que votre mari, le lieutenant Herduin, a été exécuté sans jugement, quarante-huit heures après son repli de Douaumont sur Verdun, le 11 juin 1916 »11.
Une destruction officielle des archives
Les dossiers des deux officiers, qui sont consultables aujourd’hui au Service historique de la défense, contiennent l’un et l’autre une note datée du 16 novembre 1921 du chef du bureau des archives au ministère de la Guerre disant : « Il existait au dossier un certain nombre de pièces au sujet de l’ordre d’exécution et de l’historique de l’affaire. Le présent dossier a été communiqué au général, chef de cabinet du ministre, en novembre 1921. A sa rentrée aux archives, le 16 novembre, le chef de bureau a constaté que les documents visés ci-dessus ne s’y trouvaient plus ». Il paraît probable que le ministre Louis Barthou, au moment où il reconnaissait ce fait, a fait disparaître les documents signés du colonel Bernard, du général Boyer, du général Joffre, du général Pétain et du général Nivelle approuvant l’exécution sommaire – ainsi que du général Lebrun exprimant son désaccord. Mais, quoi qu’il en soit, le reste du dossier fait état de l’approbation des plus hautes autorités de l’armée. En effet, le « nettoyage » du dossier Herduin n’a pas été complet. On y trouve une note de la direction de la Justice militaire au ministère de la Guerre qui « constate […] que l’acte du général Boyer […] a été couvert par l’approbation des généraux Nivelle, Pétain et Joffre » et que « l’approbation du général en chef a suffi sinon à légaliser, du moins à entériner, en quelque sorte, la décision du général Boyer ».
Divers témoignages rapportent que Herduin avait été un officier courageux. Au moment de la mobilisation, il avait le grade d’adjudant dans l’infanterie coloniale et était hospitalisé à Sedan pour une jambe cassée. Il a rejoint par ses propres moyens Reims, où il s’est présenté à l’autorité militaire. Il avait reçu la médaille militaire. Lors de l’exécution, alors que le capitaine Gude se révoltait à l’idée que ce serait à lui de commander le feu et que l’adjudant Amiable avait demandé de ne pas assister à la fusillade, Herduin dit à Gude : « Mon vieux, ne t’en fais pas ! C’est moi qui commanderai le peloton. A aucun de vous, je ne veux infliger ce supplice ». Aux témoignages sur l’exécution rassemblés au moment de l’enquête de la LDH, est venu s’ajouter celui du caporal André Perrier, du 6e bataillon du même régiment, qui racontera, bien plus tard, ce « souvenir qui le hante encore », car il aurait pu, lui-même, connaître le même sort : se repliant avec deux hommes, il croisa les deux sous-lieutenants qui faisaient de même, suivis par une dizaine de poilus épuisés, avec un prisonnier allemand ; puis il assista, peu après, à leur exécution, et se souvient que « se cachant le visage avec son bras gauche », l’adjudant Amiable, chef de la 3e section de sa compagnie, a été contraint de tirer le coup de grâce12.
Le cas de Pierre Millant a été moins popularisé car il était célibataire et ses parents n’ont pas pu, semble-t-il, déployer autant d’efforts que Fernande Herduin pour défendre sa mémoire. Millant était plus jeune que Herduin puisque, né le 13 novembre 1886, il n’avait pas 30 ans et il était domicilié chez sa mère, aux Lilas, dans le département de la Seine, au 67, rue de Noisy. Dans une lettre du 14 septembre 1916, sa mère exprime sa surprise de ne pas avoir reçu d’avis de décès. Deux fiches de décès, identiques, portent la mention « tué à l’ennemi ». A la réception de la nouvelle de son décès, les officiers d’état-civil des Lilas ont porté sur l’acte de leur registre la mention « Mort pour la France ». Mais l’armée ne l’a pas accepté et a demandé son retrait, et, pour l’imposer à la mairie qui n’acceptait pas de la retirer, a recouru à une procédure judiciaire : le 4 janvier 1918, le tribunal de première instance de la Seine saisi par requête du procureur de la République, a ordonné la radiation de cette mention sur l’acte de décès de Pierre Millant transcrit à la mairie des Lilas.
Quand le cas de Herduin et Millant a été évoqué à la Chambre en 1921 et les témoignages apportés lors du procès intenté par Fernande Herduin contre La Presse, le ministère de la Guerre a accepté finalement de revenir sur cette position concernant Millant. Dans une note adressée au ministre par un membre de son cabinet, l’intendant Besombes, le 10 janvier 1922, on peut lire : « la radiation de la mention “Mort pour la France” porté sur l’acte de décès de cet officier ayant été ordonnée par jugement du tribunal de la Seine en date du 4 janvier 1918. Il sera donc nécessaire de demander au tribunal de la Seine d’examiner à nouveau l’opportunité de l’inscription radiée ». Il ajoute en marge la réponse de Louis Barthou : « Ordre du ministre. Accorder la mention pour les sous-lieutenants Herduin et Millant. Faire le nécessaire auprès du tribunal de la Seine en ce qui concerne le sous-lieutenant Millant »13.
La réhabilitation posthume des sous-lieutenants Herduin et Millant a été prononcée par un arrêt de la Cour d’appel de Colmar le 20 mai 1926
14.
Leur cas n’est pas le seul cas d’exécution sommaire puisque d’autres soldats ont été tués dans des circonstances comparables. Nombre d’entre eux n’ont pas été réhabilités, c’est pour obtenir leur réhabilitation que la Ligue des droits de l’Homme demande aujourd’hui que ces dossiers, ainsi que ceux des victimes de décisions injustes et arbitraires des conseils de guerre, soient rouverts, pour que justice soit enfin rendue à ces hommes.
Mardi 18 novembre 19h
Médiathèque Jean Falala – Rue des Fuseliers
« Les fusillés sans jugement de Fleury et la mémoire du sous-lieutenant Herduin à Reims »
par Jean-Pierre Husson
Professeur agrégé honoraire et docteur en histoire, Jean-Pierre Husson est directeur de la collection nationale du Scérén-CRDP « Mémoire et Histoire ». Il a créé et anime le site internet « Histoire et mémoires des deux guerres mondiales ».
Cette conférence sera suivie à 21h de la projection du film « Les Sentiers de la gloire » de Stanley Kubrick (1957).
Renseignements : 03 26 35 68 34
- Extrait du discours prononcé le 11 novembre 1918 devant le fort de Douaumont.
- Exposition aux Bains-Douches de Besançon, jusqu’au 14 novembre.
- Voir également cette page consacrée au soldat Bersot.
- Témoignages du capitaine Gude, du médecin-major Menu et de son aide-major, l’adjudant Amiable, cités par R.-G. Réau, Les crimes des conseils de guerre, éd. Du Progrès civique, 1925, p. 226.
- Dossier d’Henri Herduin, SHD/DAT, 5 YE 119310.
- Reproduite par R.-G. Réau, op. cit., pp. 230-231.
- « L’affaire Herduin-Milan (sic), par Me Bombin, avocat à la Cour », Les Cahiers des droits de l’Homme, n°1, 10 janvier 1921, p. 8-11 ; « Les crimes de la guerre. L’affaire Herduin et Milan (sic) », n°10, 25 mai 1921, p. 224 ; « Les crimes de la guerre. L’affaire Herduin et Milan (sic) », n°14, 25 juillet 1921, p. 321-322 ; « L’affaire Herduin-Milan (sic) », n°22, 25 novembre 1921, p. 513 ; « L’affaire Herduin et Millant », n°2, 25 janvier 1922, p. 36. Le nom de Millant est d’abord écrit fautivement « Milan ».
- R.-G. Réau, op. cit., p. 231.
- Journal officiel, débats parlementaires.
- Ibid, p. 252.
- R.-G. Réau, Les crimes des conseils de guerre, éd. Du Progrès civique, 1925, pp. 253-254.
- Témoignage du caporal André Perrier, du 6e bataillon de la 23e compagnie du 347e régiment d’infanterie, in Roger Boutefeu, Les camarades, soldats français et allemands au combat, 1914-1918, Fayard, 1966, p. 229-231.
- Dossier de Pierre Millant, SHD/DAT, 5 YE 137 705.
- « Herduin et Millant sont réhabilités », Les Cahiers des droits de l’Homme, n°11, 30 mai 1926, p. 257.