Parution le 12 septembre 2024
Présentation de l’éditeur
À l’automne 1983, la « Marche des beurs » traverse la France. Les récits entrecroisés des origines et des trajectoires de trois de ses participants retracent l’histoire de l’immigration algérienne. Les Algériens, privés de droits en situation coloniale, sont près de cent mille, dans l’entre-deux-guerres, à travailler en métropole. Dans les baraquements du bassin minier du nord de la France, dans les usines de Vénissieux ou dans les cafés-hôtels des banlieues de la région parisienne ou de Marseille, une intense vie sociale, culturelle et politique se développe – sous la surveillance étroite des autorités et le regard méfiant et souvent hostile des citoyens français. Engagés dans le combat ouvrier, ces hommes le sont aussi dans la lutte pour l’indépendance de leur pays, vers lequel ils projettent leur avenir.
Quand éclate la guerre d’Algérie et que les violences policières s’abattent sur les militants, des règlements de comptes sanglants entre les différents mouvements nationalistes déchirent la communauté, alors que débute parallèlement l’immigration familiale et que l’exil, progressivement, s’enracine. Encore élevés dans l’idée du retour au pays, les enfants de l’immigration algérienne clament bientôt leur appartenance à la France en témoignant à la fois des souffrances de leurs parents et de l’injustice faite à leur propre génération. En renouant les fils de l’histoire et de la mémoire, les combats d’hier résonnent avec ceux d’aujourd’hui…
Plutôt qu’une histoire de l’immigration algérienne en France, cette BD est une évocation vivante d’épisodes choisis de la vie de ceux qui en ont été les acteurs. Des récits de moments éclatés de l’itinéraire de ces migrants qui se sont trouvés au cœur de moments forts de l’histoire. A voyager d’une date à l’autre, entre les prémices de l’indépendantisme de l’Etoile Nord-Africaine des années 1920 et les révoltes sociales des quartiers relatées par le Bondy Blog des années 2000, cet album fait ressortir nombre de continuités au dans la société d’accueil. Mais aussi la manière toujours spécifique dont les individus, selon les opportunités et les hasards de leur vie de migrants, se trouvent mêlés à l’histoire de celle-ci et y connaissent individuellement un destin spécifique et parfois inattendu. Autre trait dominant : les fragments d’histoires personnelles que ce livre nous donne à voir n’excluent jamais le courage, la nostalgie et le rêve du pays d’origine.
Gilles Manceron
L’entretien donné par Benjamin Stora à France 24 à propos de cette bande dessinée
Voir aussi l’entretien de Benjamin Stora avec Léa Masseguin dans Libération du 12 septembre 2024 : « Du silence des Algériens qui ont combattu pour l’indépendance est né un trou de mémoire ».