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Édition du 1er au 15 novembre 2024

Le voile fait des vagues à Sciences Po Aix

L’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence est au centre d'une polémique concernant le port du “voile”. En effet, un professeur d’Histoire s’en est pris, mardi matin 30 septembre 2014, à une étudiante musulmane qui le portait la qualifiant de « cheval de Troie du salafisme ». De nombreux étudiants présents ont aussitôt quitté l’amphithéâtre en signe de désapprobation. Une démarche qui semble soutenue par la direction de l'établissement.
« La loi n’a jamais interdit le port de la coiffure dans l’enseignement supérieur, assure le directeur de l’établissement, Christian Duval. A partir du moment où on peut l'identifier, elle peut être vêtue comme elle veut », souligne-t-il. 1
L’étudiante avait, en effet, le droit de porter son voile en classe. La loi de mars 2004 sur la laïcité interdit le port de signes religieux dans les écoles, collèges et lycées publics, mais ce texte ne concerne pas les universités.
Quant à la loi de 2010 qui interdit le port du voile intégral dans les espaces publics, elle ne concerne que le niqab et la burqa. Au-delà d'un rappel des faits, vous pourrez écouter ci-dessous un enregistrement audio où Jean-Charles Jauffret expose son point de vue sur la laïcité.

Sciences Po Aix : le cours sur la laïcité a dérapé

par Alexandra Ducamp, La Provence du 1er octobre 2014

Le directeur Christian Duval a largement assuré l’étudiante de son soutien et de sa volonté d’aplanir les tensions.

Un enseignant de l’Institut d’études politiques (IEP) d’Aix peut-il désigner en plein cours d’histoire, comme cela s’est passé hier, une étudiante voilée comme un symbole d’entorse à la laïcité voire « un cheval de Troie de l’islamisme » ?

C’est l’amère expérience qu’a faite cette jeune étudiante de première année de l’IEP d’Aix. Qui, pour trancher le débat d’entrée, avec son voile ne cachant pas son visage et sa robe longue est parfaitement dans son droit : la loi de mars 2004 interdit strictement tout port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics, mais n’est pas aussi restrictive dans l’enseignement supérieur.

Et si cette grande maison n’avait auparavant jamais accueilli de femme voilée, cela ne suffit pas à expliquer le dérapage du professeur Jean-Charles Jauffret. Ni même les convocations qu’a assignées le professeur – « un personnage », dit-on en souriant dans les couloirs – pour pointer sa désapprobation sur la tenue de cette étudiante. L’enseignant, que nous n’avons pas pu joindre hier, est un spécialiste de l’histoire militaire. Elle, discrète, qui ne cherche pas la polémique, et a réussi le concours dans le cadre du programme « Égalité des chances » est un peu dépassée par les événements. Une partie des étudiants, solidaires, a quitté l’amphithéâtre en signe de désapprobation.

Et très rapidement, le directeur, Christian Duval, a qualifié l’incident de « regrettable » et reçu l’étudiante qui, selon lui, ne doit pas « voir sa fierté d’avoir réussi le concours altérée » par ces faits, jusqu’ici, isolés. Depuis la rentrée début septembre, la jeune fille a bien senti des regards parfois pesants, dus, selon elle, « à la mauvaise image de l’islam véhiculée en France ». Une mauvaise image qu’elle pense en tant que musulmane suivant le cursus exigeant de Sciences Po, pouvoir offrir sous un autre jour.

« Porter ce voile, c’est aussi ma liberté »

« La laïcité, ce sont des limites posées pour le bien vivre ensemble. Ce n’est pas rendre invisible sa religion. C’est un état neutre, un service public neutre, mais le droit d’avoir des convictions. Porter ce voile, c’est aussi ma liberté. Je suis juste là pour faire mes études, je préférerais qu’on me voie juste comme une bonne élève. »

D’ici à la fin de la semaine, Christian Duval a prévu de faire une intervention devant les étudiants de première année et une communication par écrit aux autres. Dans un communiqué, l’institution rappelait hier soir que, dans ses murs, « l’expression des idées les plus opposées y est acceptée dans le cadre de débats démocratiques qui induisent les différences et respectent les identités de chacun ».

Alexandra Ducamp

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Interview Jean-Charles Jauffret, par Sciences Po Hertz sur Mixcloud

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Les étudiants de l’IEP d’#Aix réclament des excuses publiques

par Houda Benallal, La Marseillaise, vendredi 3 octobre 2014 20:01

« Vous êtes le cheval de Troie du salafisme ! » : Le dérapage mardi du directeur départemental d’histoire de l’Institut d’études politiques (IEP) à Aix, Jean-Charles Jauffret, qui a lancé cette phrase en plein cours à une étudiante voilée, convertie à l’islam, a entraîné une déferlante de réactions, clôturées par un rassemblement contre les discriminations jeudi devant l’établissement par une soixantaine d’étudiants (soutenus par la LDH et Aix-solidarités), outrés par les propos de l’enseignant.

La veille, la direction de l’IEP avait fait une déclaration à cet effet dans un amphi comble, désapprouvant l’attitude du professeur et apportant son soutien à cette élève âgée de 18 ans, qui a bénéficié du programme de l’égalité des chances : « On ne doit pas confondre islam et salafisme en cette période de guerre. »

Ce vendredi soir, une commission académique où siège l’enseignant en question, avaient à se positionner sur les revendications des étudiants qui précisent : « On veut une sanction et des excuses publiques. »

H. B.

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