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Édition du 1er au 15 janvier 2025

Le SNES-FSU se joint à la protestation contre l’histoire officielle

Le Syndicat national des enseignants du Second degré (SNES) s'est joint à l'action engagée par un certain nombre d'universitaires pour faire abroger l'article 4 de la loi du 23 février 2005, « portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés ». Comme l'indique l'article paru dans sa revue l'"US Mag" du 25 mars 20051. Le SNES est décidé à poursuivre son action en demandant aux professeurs d'histoire-géographie d'écrire aux parlementaires dans ce sens.

Vers une histoire officielle

Il faut continuer à signer et à faire signer la pétition des historiens.

Nous poursuivons notre action en vous demandant d’intervenir auprès de vos
parlementaires. Pour cela, nous vous proposons de leur envoyer le texte
ci-dessous qui peut, bien évidemment, être adapté. Nous espérons qu’un certain nombre d’entre eux voudront bien intervenir, notamment par des questions orales ou écrites, auprès des ministres concernés.

Faites-nous connaître vos démarches en ce sens.

Cordialement.

Gisèle Jean, co-secrétaire générale

Hélène Latger et Dominique Comelli, responsables de la réflexion sur
l’enseignement de l’histoire et de la géographie


Madame, Monsieur,

Le 23 février dernier a été adoptée une loi « Portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés ». L’article 4 dispose : « Les programmes de recherche universitaire accordent à l’histoire de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, la place qu’elle mérite. Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit .»

Cet article pose de très graves problèmes dans le cadre d’une démocratie.

Il impose une interprétation officielle d’un fait historique sur une question extrêmement complexe, sur laquelle aucun consensus n’existe dans la communauté historienne. Il impose une histoire officielle, contraire à la neutralité scolaire et au respect de la liberté de pensée qui sont au cour de la laïcité. En ne retenant que le  » rôle positif  » de la colonisation, il impose un mensonge officiel sur des crimes, sur des massacres allant parfois jusqu’au génocide, sur l’esclavage, sur le racisme hérité de ce passé.

Alors que l’histoire de l’origine si diverse des élèves qui forment la France d’aujourd’hui et de demain est absente des programmes d’enseignement, vouloir imposer un discours officiel, donc unilatéral, sur cette question ne peut qu’exacerber les tensions dans les classes et dans la société. Il s’agit là de la confiscation, au profit de quelques-uns, d’une mémoire et d’une histoire.

Les historiens et les enseignants ont une responsabilité particulière pour promouvoir des recherches et un enseignement qui confèrent à la colonisation et à l’immigration, à la pluralité qui en résulte, toute leur place et toutes leurs dimensions. Par un travail en commun, par une confrontation entre les historiens des sociétés impliquées, ils ont à rendre compte de la complexité de ces phénomènes, à expliquer des processus tendant vers un monde à la fois de plus en plus unifié et divisé. Ils ne peuvent y parvenir que dans le respect de leur travail, dans le cadre de la liberté de penser garantie par la démocratie et la laïcité.

La vérité sur cette période de l’histoire est indispensable pour permettre aux enfants qui vivent ici de comprendre pourquoi et comment ils sont appelés à bâtir ensemble leur avenir.

Nous vous demandons de faire tout ce qui est en votre pouvoir, en tant que représentants de la nation, pour faire abroger l’article 4 de la loi du 23 février 2005.

Madame, Monsieur, veuillez agréer l’expression de nos sentiments les meilleurs.

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