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Édition du 1er au 15 février 2025

le rapport de la CNCDH sur les actes racistes et antisémites en 2004

Les actes racistes et antisémites ont atteint des niveaux "exceptionnels et inquiétants" en 2004, et n'ont jamais été aussi élevés depuis 1990, selon le rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH), remis lundi 21 mars au premier ministre.

COMMUNIQUÉ LDH – Paris, le 21 mars 2005

À PROPOS DU RAPPORT DE LA CNCDH

La LDH a pris connaissance du rapport émanant de la CNCDH. Il met en évidence ce que nous pouvions redouter : l’accroissement des actes de racisme et d’antisémitisme. Ces derniers, en particulier, augmentent plus vite que les autres.

Ce constat est inquiétant et montre que les condamnations et l’indignation ne suffisent pas à endiguer ces phénomènes.

Il est d’autant plus inquiétant que, dans les faits, de nombreux actes de racisme ne sont pas quantifiés. Il en est ainsi de toutes les discriminations au travail ou au logement, pour des raisons ethniques ou d’orientation sexuelle, qui ne font l’objet d’aucune information statistique.

À cela s’ajoute qu’il n’existe aucune cohérence statistique entre les différents services de l’État. Outre la difficulté de saisir, dans toute sa complexité, le phénomène, on s’interdit ainsi de prendre en compte toutes les victimes, au risque de donner prise à l’accusation d’en privilégier certaines.

Il est urgent que tous les actes de racisme, d’antisémitisme et de discriminations soient l’objet d’une réponse commune qui ne peut se réduire au seul discours répressif. Combattre ce mal exige, d’abord, que l’école puisse remplir pleinement son rôle et ne soit pas envahie par des classes ghettos. Mettre un terme aux situations d’exclusion sociale et économique est un autre impératif si l’on veut ne pas se cantonner aux discours incantatoires.

Nous ne répondrons au racisme et à l’antisémitisme qu’en restituant aux principes de la République une réalité concrète et en respectant l’égalité des droits.

[AFP – 21 mars 2005]

L’antisémitisme, qui depuis 2000 est à l’origine de plus de la moitié des violences, a renforcé sa prédominance en 2004, avec 970 faits antisémites contre 595 autres. Il y a eu, en 2004, 36 blessés victimes de l’antisémitisme, sur un total de 56, contre 22 en 2003 et 18 en 2002. Evoquant cette augmentation globale des violences racistes et antisémites, Gérard Fellous, secrétaire général de la CNCDH, affirme « n’avoir pas d’explication » : « Si, précédemment, on voyait une corrélation entre la montée des actes racistes et les événements internationaux, ce n’est pas le cas en 2004. »

Il semblerait, dit-il, que « s’installe une constante », les auteurs d’actes racistes n’attendant pas les prétextes de l’actualité.

MULTIPLES PROFANATIONS

L’année 2004 se distingue par une aggravation « considérable » de la violence contre les personnes et les biens avec un total de 369 actes, contre 189 en 2003, et 314 en 2002. Cette violence a fait 56 victimes, chiffre jamais atteint jusque-là (maximum de 41 en 2002, dont un mort).

La multiplication des profanations de lieux de culte et de cimetières juifs et musulmans (65 en 2004 contre 44 en 2003) et la forte recrudescence des violences et menaces en milieu scolaire ont marqué l’année.

Concentrées sur 10 % des établissements, les violences racistes en milieu scolaire représentent 12 % des actes recensés dans l’année, une progression de 20,4 % par rapport à 2003, selon le ministère de l’intérieur.

Le ministère de l’éducation nationale a recensé, quant à lui, 1 275 actes racistes et antisémites dans le second degré. Plus de 75 % de ces incidents ont fait l’objet de poursuites disciplinaires.

PROGRESSION DE 132 %

Le nombre total des faits racistes et antisémites, violences et menaces confondues, a été en 2004 en progression de 132,5 % par rapport à 2003, passant de 833 à 1 565, et dépassant le pic atteint en 2002 (1 313).

La tendance était globalement à la baisse dans les années 90, avant de s’inverser depuis 1999, avec le pic de 2002 et maintenant 2004.

Le racisme antimaghrébin a également très fortement progressé en 2004, passant de 232 violences et menaces en 2003 à 595 en 2004, un niveau jamais atteint jusque-là. La CNCDH fait remarquer que cet état des lieux ne prend pas en compte les discriminations à l’emploi, au logement, qui sont aussi des violences racistes. Nombre de victimes également ne signalent pas les violences qu’elles ont subies. Les interpellations effectuées permettent d’ébaucher un profil des auteurs d’actes racistes.

Soixante-dix-sept interpellations ont eu lieu dans les milieux d’extrême droite, les thèses de « la suprématie occidentale » semblant avoir été relancées par les débats sur la laïcité, l’adhésion de la Turquie, les attentats islamistes. Les violences de l’extrême droite visent moins la communauté juive que les arabo-musulmans. Concernant l’antisémitisme, sur 209 interpellations, 104 provenaient de « milieux arabo-musulmans ».

La CNCDH estime qu’en dépit d’une législation française complète, le « rendement » de la répression « a été faible » en 2004, puisque, sur 387 affaires recensées par la chancellerie, 319 n’ont pas fait l’objet de poursuites pénales.

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