» La question patente – faut-il ou non accepter à l’école le port du voile dit islamique ? –
occulte la question latente – faut-il ou non accepter en France les immigrés d’origine nord-africaine ? »
» A trop vouloir que les musulmans n’aient pas l’air d’être musulmans, on ne fait qu’exacerber la revendication identitaire qui parcourt désormais la société et bien sûr l’école. »
Pendant plus d’un siècle, en Algérie, plusieurs millions d' »indigènes » se sont vu refuser l’égalité avec les autres Français vivant sur la même terre qu’eux, au motif qu’ils étaient musulmans. Entre 1830 et 1945, dans ces territoires de la République, devenir un Français à part entière supposait de … renoncer à l’islam. Ce traumatisme reste présent dans la mémoire des Français issus de l’immigration maghrébine. Il a même été réactivé récemment quand a été remis en question l’accès à la nationalité par le droit du sol.
Invoquer la République comme garante suprême de l’égalité ne va pas donc de soi pour la population issue de cette histoire coloniale. Lever ce lourd quiproquo aurait exigé des paroles solennelles telles que celles que M. Chirac a su prononcer à propos de la responsabilité de Vichy dans la déportation des juifs. Cette fois, le président de la République a préféré l’amnésie et le silence, à propos d’une blessure indicible que la loi sur les signes religieux n’est pas près d’apaiser.
» La libération ne s’impose pas ! Elle s’apprend par le dialogue critique et rationnel. »
Shirin Ebadi défend la liberté des musulmanes de porter le voile en Europe
Alors que la France et l’Allemagne se demandent s’il faut interdire le voile islamique à l’école, l’avocate iranienne Shirin Ebadi, prix Nobel de la paix 2003, estime que les musulmanes vivant en Europe devraient avoir le droit de porter le foulard.
« Il faut laisser aux gens leur liberté », déclare-t-elle dans un entretien à « Der Spiegel » publié samedi. « Si une femme en Europe veut porter le voile, alors elle doit être autorisée à le faire ».
« Le respect de la liberté personnelle est important », considère Shirin Ebadi. « Même si nous sommes convaincus qu’il faut une séparation complète de l’Etat et de la religion, nous devons comprendre que la tenue vestimentaire est une décision très personnelle. Ce sont les opinions des gens qui importent ».
En septembre, la Cour constitutionnelle allemande a jugé qu’on ne pouvait pas imposer à une enseignante musulmane de retirer son foulard pour obtenir un emploi dans une école du Bade-Wurtemberg car le Land n’était doté d’aucune loi interdisant le voile. Elle a cependant estimé que les Länder pouvaient voter des lois bannissant le voile des établissements scolaires.
Shirin Ebadi a déclaré qu’elle espérait que les tribunaux allemands trancheraient en fin de compte en faveur de « la liberté des gens de choisir leurs vêtements ». AP
Un dossier à consulter : http://www.islamlaicite.org/.