Rassemblement pour l’abrogation de la loi « reconnaissant le rôle positif » de la colonisation
par Laetitia Van Eeckhout, article paru dans Le Monde du 18 octobre 2005.
A l’occasion de l’anniversaire de la manifestation d’Algériens du 17 octobre 1961, réprimée dans le sang, au cours de laquelle plusieurs dizaines de personnes, voire centaines, selon les estimations, avaient trouvé la mort, une vingtaine d’associations devaient se réunir, lundi 17 octobre, pont Saint-Michel à Paris, et réclamer, une nouvelle fois, l’abrogation de l’article 4 de la loi du 23 février, qui déclare que les « programmes scolaires reconnaissent le rôle positif » de la colonisation française.
Depuis huit mois, ce texte législatif suscite une vive controverse, ainsi qu’une forte émotion en Algérie 1. Le gouvernement s’efforce aujourd’hui de minimiser son impact. « La loi du 23 février n’implique aucune modification des programmes actuels d’histoire qui permettent d’aborder le thème de la présence française outre-mer dans tous ses aspects et sous tous ses éclairages , affirme-t-on dans l’entourage du ministre de l’éducation nationale, Gilles de Robien. La recherche universitaire, qui se construit de manière indépendante, constitue la seule référence des contenus des manuels scolaires. »
L’Elysée s’attache aussi à rappeler qu' »il n’y a pas d’histoire officielle en France ». La présidence de la République n’a cependant pas souhaité réagir à cette initiative parlementaire que Jacques Chirac aurait qualifiée de « grosse connerie », selon un conseiller, pour ne pas mettre de l’huile sur le feu alors que se prépare un traité d’amitié franco-algérien.
Le président s’exprimera d’ici à la fin de l’année sur la période coloniale, au moment de la signature du traité, dans la ligne de ses déclarations faites le 21 juillet à Madagascar où il regrettait les « dérives » de la répression lors des décolonisations, et de celles de l’ambassadeur de France en Algérie, qui a qualifié de « tragédie inexcusable » les massacres du 8 mai 1945.
Mais, pour l’Elysée, il revient au Parlement, à l’origine de l’article incriminé, de prendre l’initiative de son abrogation.
A ce jour, seuls une quarantaine de sénateurs de gauche ont déposé une proposition de loi en ce sens.
Mais qui donc a pu commettre une telle connerie ?
Et quel est l’auteur de la lettre suivante ?2
- Voir 731 et 744.
- Cette lettre, datée du 11 février 2005, a été adressée à Philippe Vitel, député (UMP) du Var. Ce dernier l’a affichée sur son site internet, dès le 23 février 2005 – à 18h06 – afin que l’électorat concerné soit informé sans tarder de la bonne nouvelle : http://www.philippevitel.com/info-FAM_41247f8f3fcb6aS2FQBW-600.html.
Gageons que l’élu toulonnais n’est pas le seul à avoir reçu ce courrier.