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Le point au 18 juin 2005 de l’action contre la loi du 23 février 2005

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En bref de la LDH
– Signez l’appel de la LDH à l’abrogation de cette loi – « le mépris de l’Histoire et des victimes« . – Nous demandons aux pouvoirs publics d’interdire l’inauguration prévue le 6 juillet prochain à Marignane d’une stèle en hommage aux quatre fusillés de l’OAS. Aidez-nous en écrivant au préfet des Bouches du Rhône.
La pétition des historiens
Lancée dans Le Monde du 25 mars la pétition des historiens a reçu plus d’un millier de signatures d’enseignants et des centaines de signatures de citoyens. La demande d’abrogation de l’article 4 exprime la volonté de la majorité des historiens de la colonisation. Nous avons obtenu le soutien de nombreux collègues, tels Jean Baubérot, Jacques Bouveresse, Marc Ferro, Georges Labica, Jacques Le Goff, Marc Michel, Michelle Perrot, Daniel Roche, Benjamin Stora, Pierre Vidal-Naquet… Cet appui dépasse les seuls historiens : la LDH, le MRAP, la LICRA, l’Association française des anthropologues soutiennent notre demande. La conférence de presse du 13 avril, qui a réuni une vingtaine de journalistes, a permis de faire connaître la loi et notre démarche (voir ci-dessous l’article de Laetitia Van Eeckhout dans Le Monde du 15 avril 2005). Notre position commune est résumée dans une plate-forme. Lutter contre cette loi, c’est pour les historiens, d’abord étudier les réalités, contribuer à sortir de sa marginalité l’étude du passé colonial et développer la réflexion sur la place du passé colonial dans les mémoires collectives. Ce mouvement ne s’arrêtera pas avant l’abrogation de l’article 4, ce qui dépend désormais surtout des élus et du gouvernement. Plusieurs parlementaires ont posé des questions écrites au gouvernement à propos des commémorations de l’OAS ou de la loi du 23 février. Il y a urgence en raison de la dégradation des relations franco-algériennes à la suite de cette loi. Mais notre mouvement est aussi culturel : il est nécessaire de mettre à jour les programmes et la formation des enseignants pour réagir contre les communautarismes se réclamant du colonialisme comme des racismes à rebours et des légendes mensongères officielles. Ce qui est en jeu, c’est l’indépendance d’une histoire critique au service des citoyens.
« Je n’enseignerai pas le bon temps des colonies !« 
De nombreux enseignants affirment déjà qu’ils n’appliqueront pas l’article 4 dans leurs cours. Une nouvelle pétition a été lancée par des enseignants du secondaire. La liste de ses 250 premiers signataires a été publiée. Le comité national de l’APHG le 22 mai 2005 : « Il appartient aux historiens d’écrire l’histoire et aux enseignants de l’enseigner ». L’APHG dénonce la dérive actuelle conduisant le Parlement à inscrire dans la loi des dispositions relatives aux contenue précis d’enseignement qui relèvent de textes réglementaires (décrets, arrêtés, circulaires…) comme vient de la rappeler le Conseil constitutionnel à propos de plusieurs articles de la Loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’école. L’APHG demande donc l’abrogation de l’article 4 de la Loi du 23 février 2005 L’inspection générale a pris position le 11 juin et demande également l’abrogation de l’article 4
Ecrivez à votre député
Que vous soyez ou non historiens, nous vous invitons à intervenir auprès de vos élus, étrangement peu nombreux lors des discussions au Parlement et bien silencieux depuis la promulgation de cette loi. lettre_type_elus.rtf Demandez-leur de proposer l’abrogation de cette loi.
Voici une lettre-type que vous pouvez modifier pour l’adapter à l’élu à qui vous vous adressez :
Bertrand Delanoë à Alger : « Pour moi, la colonisation n’est pas un fait positif« , « des sociétés civilisées ne sont civilisées que si les peuples sont égaux« .

Des historiens fustigent une loi prônant un enseignement positif de la colonisation

par Laetitia Van Eeckhout [Le Monde, le 15 avril 2005]
Les historiens n’entendent pas lâcher prise. Mercredi 13 avril, au cours d’une conférence de presse organisée par la Ligue des droits de l’homme (LDH), le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) et la Ligue de l’enseignement, Claude Liauzu, Gilbert Meynier et Gérard Noiriel, initiateurs de la pétition « Colonisation : non à l’enseignement d’une histoire officielle », lancée dans Le Monde du 25 mars, se sont élevés haut et fort contre l’article 4 de la loi du 23 février 2005 « portant reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés ». Cette loi vise essentiellement à indemniser les harkis et leurs familles et à leur accorder une certaine reconnaissance de la part de l’Etat français qu’ils ont servi. Mais son article 4, introduit dans la plus grande indifférence sous forme d’amendement, le 11 juin 2004, lors de la première lecture à l’Assemblée de ce qui n’était encore qu’un projet de loi, ne s’en tient pas là. Cet article affirme : « Les programmes de recherches universitaires accordent à l’histoire de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, la place qu’elle mérite. Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit. » Que la loi leur impose une « vérité officielle, contraire à la neutralité scolaire et au respect de la liberté de pensée qui sont au coeur de la laïcité », les historiens ne l’acceptent pas. « Nous aurions opposé le même refus si les parlementaires avaient prétendu nous faire dire que la colonisation a été une réalité négative », insistent Claude Liauzu et Gilbert Meynier. Le malaise des historiens est d’autant plus grand qu’ils soupçonnent que cet article a été écrit sous la pression « d’activistes de la « nostalgérie » ». « Cette loi apparaît comme un règlement de comptes, c’est une instrumentalisation et une exploitation du passé, explique Claude Liauzu. Derrière cet article 4, il y a un groupe d’activistes qui a réussi à imposer son point de vue sur la guerre d’Algérie. On trouve des relents des activistes de cette guerre et un parfum d’OAS. » Ce n’est pas la première fois que le législateur intervient dans la définition des programmes scolaires ­ ce qui, a priori, relève du domaine réglementaire ­ et donne une version officielle de l’histoire. Il l’a fait notamment en 1990 à propos de la Shoah, en interdisant le négationnisme (loi Gayssot) ou encore en en reconnaissant, en 2001, la traite et l’esclavage comme crime contre l’humanité (loi Taubira). « Mais là, il va beaucoup plus loin car il impose une vision d’un pan de l’histoire qui n’a rien d’évident », relève Thierry Le Bars, juriste et professeur à l’université de Caen, qui, non moins « scandalisé », s’est rapproché des historiens pétitionnaires. « Autant la réalité du génocide juif et celle de l’esclavage sont évidentes, autant il n’est pas évident que la colonisation ait joué un rôle positif », relève-t-il. Ce combat intellectuel engagé par les historiens contre « l’inacceptable » est, pour Gérard Noiriel, « d’autant plus important qu’aujourd’hui, on voit émerger des groupes qui tentent de confisquer l’histoire à leur profit ». « Si l’Etat lui-même donne l’exemple de ces détournements partisans de l’histoire et si nous acceptons sans broncher, alors nous n’aurons plus d’arguments contre tous ces entrepreneurs de mémoire qui utilisent le passé pour cautionner leurs intérêts du présent. » Mettre l’accent sur les aspects positifs de la colonisation, selon ce spécialiste de l’histoire de l’immigration, « ne peut que contribuer au sentiment d’humiliation (…) qui risque d’accentuer le repli sur soi ». « Cela va à l’encontre de la politique d’intégration que le gouvernement prétend mettre en oeuvre », ajoute-t-il. Et Gilbert Meynier d’insister : « Cette loi inepte et stupide va susciter des âneries symétriques. Elle pousse à l’ethnicisation des débats avec des phénomènes comme Dieudonné ou, plus mineur, l’appel des indigènes de la République. » En à peine trois semaines, la pétition des historiens a déjà recueilli plus d’un millier de signatures d’universitaires et d’enseignants, dont beaucoup, parmi ces derniers, s’engagent à ne pas appliquer ce texte. Décidés à obtenir l’abrogation de la loi, les historiens s’apprêtent à interpeller les parlementaires pour réveiller leur conscience.

Documents joints

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