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Édition du 1er au 15 octobre 2024

Le Pen et la torture pendant la guerre d’Algérie

La Justice valide l'enquête du "Monde" sur Le Pen et la torture en Algérie.

Le Pen et l’Algérie

[ Le Monde – 4 Juin 2002 ]

On le sait depuis longtemps déjà, le Front national prospère sur les trous de mémoire de la nation française, sur son rapport malsain aux zones d’ombre de son passé, sur la façon dont elle préfère occulter les épisodes sombres de son histoire plutôt que de les affronter avec courage et lucidité. Ce n’est pas un hasard si Jean-Marie Le Pen a d’abord bâti une partie de sa notoriété politique sur quelques déclarations provocatrices qui mettaient en jeu les mauvais souvenirs de l’Occupation.

L’autre grand impensé du XXe siècle en France est, à coup sûr, celui de la colonisation et notamment de la guerre d’Algérie. Or celle-ci est présente, de diverses manières, dans la mémoire collective, sans que jamais les Français aient été capables de mettre au net leur relation avec ces événements douloureux. Cette relation est pourtant au coeur de notre histoire contemporaine. Elle commande, sur le plan intérieur, le processus d’intégration des populations issues de l’immigration, dont on mesure, en particulier depuis le premier tour de l’élection présidentielle, les immenses difficultés. Elle détermine largement, sur le plan extérieur, la position de la France dans le monde arabe.

Comment négliger, dans ces conditions, le succès d’une extrême droite qui a construit l’essentiel de son fonds de commerce sur le rejet de l’étranger, surtout quand celui-ci vient de l’autre côté de la Méditerranée ? Comment ne pas voir, dans l’extraordinaire malaise qui s’est emparé de la France et qui s’est exprimé le 21 avril, les traces d’une nouvelle arabophobie, qui s’ajoute à la vieille judéophobie et contribue à nourrir les fantasmes exploités par le Front national ? Comment, surtout, oublier le passé personnel de son chef en Algérie, qu’attestent maints témoignages, depuis ceux qu’a rendus publics il y a quarante ans l’historien Pierre Vidal-Naquet jusqu’à ceux que produit aujourd’hui Le Monde ? Jean-Marie Le Pen est, depuis une vingtaine d’années, au centre du débat politique français. Il est donc normal que notre journal s’emploie, inlassablement, à éclairer sa personnalité, comme il l’a fait en se penchant sur les années de jeunesse d’autres dirigeants politiques, de François Mitterrand à Lionel Jospin, en dévoilant des épisodes qu’ils n’assumaient pas.

La justice a donné raison à ceux qui ont dénoncé les actes de torture commis par Jean-Marie Le Pen, en les relaxant des poursuites en diffamation. La plus haute juridiction française, la Cour de cassation, a ainsi confirmé, en juin 2001, un arrêt de la cour d’appel de Paris en faveur de Pierre Vidal-Naquet. Quelques mois auparavant, elle avait pris la même décision en faveur de Michel Rocard, qui, en 1992, à la télévision, avait accusé Jean-Marie Le Pen d’avoir torturé. La Cour avait estimé en particulier que l’ancien premier ministre « avait poursuivi un but légitime en portant cette information à la connaissance des téléspectateurs ». Le Monde se réclame du même « but légitime » pour continuer de porter cette information à la connaissance de ses lecteurs.

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Un lourd silence

[ L’éditorial du Monde – 5/6 mai 2002 ]

C’est un fait, un simple fait d’histoire : Jean-Marie Le Pen, l’un des deux candidats proposés aux suffrages des Français pour le second tour de l’élection décisive, celle du chef de l’Etat, a lui-même pratiqué la torture, sous l’uniforme de l’armée française, durant la guerre d’Algérie (1954-1962) conclue par l’indépendance de ce pays qui fut pendant près d’un siècle et demi le joyau de notre empire colonial. Cette information que rappelaient légitimement nos éditions du 4 mai avec des précisions apportées par l’enquête de notre envoyée spéciale à Alger, est pratiquement passée inaperçue. Elle n’a pas fait partie des débats publics, télévisés ou radiophoniques, et n’a guère été commentée par les éditorialistes.

Ce fait d’histoire évoque pourtant des crimes de guerre, autrement plus graves que la francisque accordée par le régime de Vichy à François Mitterrand – qui fit pourtant scandale sur le tard -, voire que les affaires de financement politique que l’on impute à Jacques Chirac et qui lui valent le quolibet d’« escroc » dans les récentes manifestations. Tout se passe comme si cet étonnant spectacle donné par la France – un ancien tortionnaire réussit à se qualifier pour le second tour de l’élection suprême – n’avait pas d’importance ni de signification dans le débat actuel sur l’état de notre pays et la régulière progression de l’extrême droite depuis bientôt vingt ans. Car notre silence est à la mesure de l’étonnement de tous ceux qui nous observent à l’étranger. Pas seulement au Maghreb, comme en témoigne le dossier publié par Courrier international cette semaine. « Si l’esclavage est le péché originel des Etats-Unis, y lit-on sous la plume d’un éditorialiste du Washington Post, le colonialisme est à n’en pas douter l’un des péchés originels de la France moderne. Cet héritage transparaît dans l’affligeant succès de Jean-Marie Le Pen. »

L’épisode algérien, point de départ de la carrière activiste de Le Pen, n’est pas un mauvais souvenir qu’il faudrait continuer à enfermer avec gêne dans un placard à mémoire honteuse. Tout au contraire, il éclaire en profondeur les succès du Front National. Le silence sur ce passé: tout comme les votes silencieux pour une extrême droite au programme clairement raciste et xénophobe disent l’impensé colonial qui continue de travailler l’identité française, le rapport de la France au monde et aux autres, et plus précisément à ces autres venus du Sud, Maghrébins, Arabes et Berbères, partageant une culture musulmane qu’ils soient pratiquants en religion ou indifférents au culte.

Quelles que soient les solutions politiques et sociales qui seront trouvées à la crise ouverte par le vote du 21 avril, les futurs gouvernants devront affronter clairement cette réalité-là : la xénophobie a progressé en France, s’assume sans honte et prend ordinairement la forme d’une nouvelle arabophobie qui fut insuffisamment combattue et qui réveille la vieille judéophobie. Tel est aussi l’enjeu du 6 mai : redonner à la France ses couleurs, toutes ces couleurs qui donnent sens à sa devise républicaine.

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Le Pen et la torture : l’enquête du « Monde » validée par le tribunal

par Marion Van Renterghem [ Le Monde – 28 Juin 2003 ]

Le président du Front national avait attaqué le quotidien pour des articles parus en 2002 faisant état, sur la foi de témoignages concordants, de sa participation à la torture pendant la guerre d’Algérie. La 17e chambre correctionnelle de Paris a reconnu « la crédibilité certaine » des faits

La 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris a relaxé, jeudi 26 juin, le quotidien Le Monde de la plainte déposée contre lui par Jean-Marie Le Pen. Le président du Front national s’estimait diffamé par des articles parus dans le quotidien en mai et juin 2002, dans lesquels Florence Beaugé, spécialiste de l’Algérie, faisait état, sur la foi de témoignages concordants, de la participation de Jean-Marie Le Pen à la torture pendant la guerre d’Algérie. Le tribunal, estimant l’enquête menée « particulièrement sérieuse et approfondie » et son « caractère de contradiction suffisant », a débouté M. Le Pen de sa plainte, reconnaissant « la bonne foi » du journal. Si le cadre juridique est resté le même, on a assisté depuis 1993 à un retournement des décisions de justice, probablement dû au changement de regard sur la guerre d’Algérie.

CINQUANTE PAGES : par son ampleur exceptionnelle, le jugement est de poids. La 17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris a relaxé Le Monde, jeudi 26 juin, et débouté Jean-Marie Le Pen de ses poursuites en diffamation. Le président du Front national s’estimait atteint dans son honneur et sa considération par des articles sur la torture en Algérie publiés les 4 mai et 4 juin 2002, avant le premier tour de l’élection présidentielle et le deuxième tour des législatives. Signés par Florence Beaugé, spécialiste de l’Algérie au Monde, ils faisaient état, sur la foi de témoignages concordants, de la participation de M. Le Pen à la torture pendant la guerre d’Algérie. Alors jeune député poujadiste, le lieutenant Le Pen s’était engagé volontairement en Algérie en janvier 1957 et y était resté trois mois, en pleine bataille d’Alger, en tant que chef de section d’une compagnie d’appui au 1er régiment étranger de parachutistes (1er REP).

Les faits étant amnistiés et prescrits, il ne s’agissait pas, pour le tribunal, de dire si Jean-Marie Le Pen avait effectivement torturé en Algérie mais si Le Monde disposait d’éléments suffisants pour le croire. Seule pouvait donc être jugée la bonne foi du journal : les écrits doivent alors, selon la jurisprudence, obéir à un but légitime, ne pas être inspirés par une animosité personnelle, respecter la prudence dans l’expression et être le fruit d’une enquête sérieuse et approndie. Après avoir étudié ces quatre critères, le tribunal, présidé par Edith Dubreuil, conclut dans son jugement que Le Monde doit « bénéficier de l’excuse de bonne foi, compte tenu du caractère concordant des témoignages que la journaliste a rapportés et des vérifications auxquelles elle a personnellement procédé, son travail n’ayant nullement consisté, comme il a déjà été dit, à établir la preuve de la vérité des faits exposés par elle – impossible en tout état de cause – mais à informer ses lecteurs sur des circonstances qui lui paraissait dignes d’intérêt et offrant une crédibilité certaine ». M. Le Pen a fait appel de la décision.

Selon le jugement, la « légitimité du but poursuivi » par le journal n’est « pas contestable dès lors qu’il s’est agi d’informer les lecteurs du journal, à la veille d’élections majeures pour le pays [l’élection présidentielle et le premier tour des élections législatives], sur le passé d’un homme politique, candidat à la magistrature suprême, désormais en lice avec un seul autre concurrent, et également leader d’un parti politique présentant, sur le territoire national, de nombreux candidats à la députation ».

Le tribunal constate que le journal « n’a pas fait preuve d’animosité personnelle particulière » à l’égard de Jean-Marie Le Pen, même si la raison d’être d’une publication, « dans une société démocratique, est à coup sûr d’informer ses lecteurs mais aussi de faire des choix d’opinion ». Le tribunal constate également que Le Monde a respecté le principe du contradictoire et est resté prudent dans l’expression, Florence Beaugé ayant rapporté les déclarations des témoins « sans assortir leurs dires du moindre commentaire ».

Pour relaxer Le Monde, le tribunal constate surtout que le journal a effectué une enquête « particulièrement sérieuse et approfondie ». Le jugement rappelle les conditions dans lesquels Florence Beaugé a indiqué avoir travaillé. A la barre, elle a déclaré avoir consacré une grande partie de son temps aux événements d’Algérie. Alors qu’elle couvrait l’actualité, le passé surgissait sans cesse, et avec lui des noms, dont celui de Le Pen, « associé à une très grande violence ». Elle a recueilli des témoignages de victimes de la torture, puis de tortionnaires : les révélations du général Massu, les dénégations du général Bigeard, les aveux du général Aussaresses. Ces témoignages sur les exactions qu’aurait commises la section du lieutenant Le Pen, la nuit du 2 au 3 février 1957 dans la casbah, ont été publiés.

Pour appuyer ses dires, Le Monde a produit à l’audience un poignard sur le fourreau était écrit : « J.M. Le Pen 1er REP ». Ce poignard avait été remis au journal par Mohammed Cherif Moulay, le fils d’Ahmed Moulay, haut responsable politico-militaire du FLN. Il l’avait retrouvé dans la maison où son père avait été torturé à mort en présence de Jean-Marie Le Pen, dans la nuit du 2 au 3 mars 1957, alors que lui-même était âgé de 12 ans.

A la barre, il a raconté qu’une unité de parachutistes dirigée par un homme qu’il avait identifié plus tard comme étant le lieutenant Le Pen avait surgi dans sa maison de la casbah. Il a aux juges avoir vu son père subir le supplice de l’eau, qui consiste à noyer la victime en lui administrant de force des litres d’eau savonneuse, puis de l’électricité. Il l’avait ensuite retrouvé criblé de balles, le ventre encore gonflé. Le tribunal remarque que ce poignard produit à l’audience « apparaît semblable à ceux que portaient les officiers en activité appartenant à d’autres régiments également placés sous le commandement du général Massu [dont dépendait le 1er REP] ».

L’avocat de Jean-Marie Le Pen, pour qui les témoignages recueillis à l’audience sont d’odieux mensonges, avait déclaré à l’audience qu’étant chargé de « l’exploitation du renseignement et des arrestations », le lieutenant n’avait jamais eu pour mission de procéder à des interrogatoires et ne s’était jamais rendu dans la casbah, laquelle n’était pas dans le secteur d’affectation du 1er REP. Le général Martin, alors capitaine, était venu le confirmer à la barre.

Cependant, le tribunal souligne que le général Aussaresses, en écho aux écrits du général Massu, avait écrit dans une attestation produite à l’audience que les régiments n’étaient pas cantonnés à leur secteur : « On dépassait les vanités personnelles pour donner la priorité au rendement. » De même, assurait le général Aussaresses dans cette même note, les interrogatoires pouvaient être menés « par des officiers qui n’étaient pas forcément des officiers de renseignement. » « Il doit en être conclu, note le tribunal, que si, comme l’a souligné à la barre le général Martin, la ville d’Alger avait bien été à l’origine, divisée en secteurs d’intervention précis réservés à chaque régiment, ce découpage avait très vite été oublié dans la pratique au profit de l’efficacité des recherches à effectuer, à partir des informations obtenues sur telles personnes ou telle opération signalée ».

Le tribunal estime que Florence Beaugé a eu connaissance de nombreux témoignages « allant dans le même sens »

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La cour d’appel de Paris valide à son tour l’enquête du « Monde » sur Le Pen et la torture en Algérie

par Pascale Robert-Diard [Le Monde, 8 octobre 2004]

En déboutant le président du Front national de ses poursuites en diffamation, l’arrêt confirme le jugement du 26 juin 2003 qui avait reconnu la « crédibilité certaine » des témoignages recueillis.

Jean-Marie Le Pen a perdu, en appel, le procès en diffamation qu’il avait intenté à la journaliste Florence Beaugé et au directeur du Monde, Jean-Marie Colombani, après la publication, en mai et juin 2002, d’une série d’articles qui faisaient état de témoignages évoquant la participation à la torture pendant la guerre d’Algérie de l’ancien lieutenant du 1er régiment étranger de parachutistes (1er REP), engagé volontaire en janvier 1957.

Dans un arrêt rendu mercredi 6 octobre, la cour, présidée par Laurence Trebucq, a confirmé le jugement le 26 juin 2003 par la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, qui avait estimé que l’enquête réalisée par la journaliste du Monde était « particulièrement sérieuse et approfondie » et que les témoignages dont elle s’était fait l’écho étaient « cohérents » et offraient « une crédibilité certaine » (voir l’article précédent, Le Monde du 28 juin 2003).

Les faits étant amnistiés et prescrits, seule pouvait être jugée la bonne foi du journal, qui s’apprécie selon quatre critères : les écrits doivent obéir à un « but légitime », ne pas être inspirés par une « animosité personnelle », respecter une « prudence suffisante dans l’expression » et être le fruit d’une « enquête sérieuse et approfondie ».

Dans son arrêt, la cour observe, à titre liminaire, que « dans une société démocratique, le débat politique doit bénéficier d’un régime libéral qui permette que chaque intervenant puisse avancer ou combattre toute opinion avec vivacité » et qu’il doit autoriser « la critique des idées des hommes politiques, mais aussi de leurs attitudes ».

Contrairement à ce que soutenait le président du Front national à l’appui de sa plainte, la cour juge en conséquence « légitime » le choix du Monde de publier ces articles à la veille des échéances « politiquement importantes » que constituaient l’élection présidentielle et les élections législatives de 2002, afin « d’informer ses lecteurs sur le comportement, lors de la guerre d’Algérie, du lieutenant Jean-Marie Le Pen, candidat au second tour de l’élection présidentielle et chef d’un parti présentant des candidats aux élections législatives ».

La juridiction d’appel confirme également en tous points le jugement de première instance sur la caractère sérieux et approfondi de l’enquête réalisée par Florence Beaugé, chargée des questions du Maghreb au service international du Monde. Elle observe en premier lieu que l’argument de M. Le Pen, selon lequel, en qualité d’officier de renseignement, il n’était pas chargé de procéder aux interrogatoires des personnes interpellées pendant la guerre d’Algérie, est contesté par plusieurs déclarations publiques de l’intéressé lui-même qu’il a ensuite démenties en affirmant avoir été « mal compris ».

« PARCE QU’IL FALLAIT LE FAIRE »

La cour rappelle notamment les propos tenus par M. Le Pen, en 1957, à la tribune de l’Assemblée nationale et la même année lors d’un dîner consacré à la justice en Algérie, puis en 1962 dans un entretien accordé au journal Combat – dans lesquels il avait à la fois justifié la pratique de la torture et revendiqué l’avoir lui-même pratiquée : « J’ai torturé parce qu’il fallait le faire. »

Sur le deuxième point contesté, celui de la pertinence des témoignages publiés dans l’enquête de Florence Beaugé, la cour relève que « les premiers juges ont, à bon droit, au vu des pièces versées, estimé que la journaliste avait recueilli des récits crédibles – et non invraisemblables comme le soutient la partie civile – et, au vu des témoignages des victimes mais aussi d’autres témoins des faits que les victimes elles-mêmes, lesquels se recoupent et se complètent ».

Elle ajoute que « la journaliste a fait preuve, ainsi que le tribunal l’a constaté, de prudence dans l’expression, dans la mesure où, si les termes employés sont forts, elle s’est attachée à rapporter les déclarations des témoins qu’elle a entendus, sans assortir leurs dires de commentaires qui puissent en altérer le sens ou en renforcer la portée et qu’elle utilisé fréquemment le mode conditionnel ».

Les juges d’appel estiment en outre que « la valeur probante et l’origine »des nouvelles pièces versées à l’audience du 26 juin par la défense de M. Le Pen – notamment des extraits du journal des marches et opérations d’un régiment de zouaves présentées comme provenant des archives de l’armée et recueillis par le directeur des affaires juridiques du Front national, Marcel Ceccaldi – « sont sujettes à caution, s’agissant de photocopies (…) pour la plupart dépourvues de références précises ».

En conséquence, estimant que « les conditions de la bonne foi de la journaliste sont réunies », la cour d’appel déboute M. Le Pen de toutes ses demandes.

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