La commune de Gentioux, dans la Creuse, qui compte aujourd’hui 370 habitants, a payé un très lourd tribut durant la guerre 14-18 : 58 de ses hommes ont été tués.
Dès 1920, un comité se met en place pour l’érection d’un monument aux morts. Il comprend le Conseil municipal et les anciens combattants. L’initiative en revient au maire Jules Coutaud, un républicain aux idées avancées, marqué par quatre années de guerre et dont la santé est compromise par l’action des gaz asphyxiants.
Le projet retenu le 29 janvier 1922 comprend un pylône avec trois marches, une statue en fonte bronzée, celle d’un enfant devenu orphelin, en sabots, la casquette à la main, vêtu de son sarrau noir comme l’étaient tous les écoliers à l’époque, le bras tendu, le poing serré désignant, sous l’interminable liste des victimes, l’inscription :
Le monument de Gentioux n’a toujours pas été inauguré officiellement. En effet, les autorités n’ont jamais accepté son caractère pacifiste ni la connotation symbolique du poing brandi qui est un appel à la lutte et au rassemblement des exploités. Mais en 1922, malgré le refus de la Préfecture d’être présente à la cérémonie inaugurale, la population est réunie avec le Maire et le Conseil municipal.
Dans une interview à Limousin Magazine, en novembre 1971, le Maire précise: « Jamais (…) notre monument aux morts ne suscita de discussions, de polémiques parmi les citoyens de la commune qui ne partageaient pas forcément les mêmes idées politiques. Le cri de révolte contre la guerre (…) traduit tout simplement les sentiments de gens de très modestes conditions qu’avaient indignés et meurtris quatre années de misères, de larmes et de deuils. »
cliché Gérard Estragon