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Édition du 15 septembre au 1er octobre 2024
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Le Maroc a besoin de vérité et de libertés

Depuis le 29 septembre 2009, le journal marocain Akhbar Al Youm ne paraît plus. Ses locaux de Casablanca sont sous scellés. Le directeur de la publication, Taoufiq Bouâchrine, et le dessinateur Khalid Gueddar, comparaîtront le 23 octobre devant le tribunal de Casablanca, poursuivis pour outrage au drapeau national et participation à l'outrage. En rétorsion aux protestations et soutiens qui se multiplient1, les autorités marocaines ont bloqué jeudi la distribution du quotidien français Le Monde qui a publié, dans son édition datée du jeudi 22 octobre, une caricature jugée irrespectueuse de la famille royale. Le Monde daté du vendredi 23 octobre sera également interdit à la vente au Maroc.
[Mise en ligne le 21 octobre 2009, mise à jour le 23]

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Le ministère de l’Intérieur reproche au quotidien arabophone d’avoir publié une caricature du dessinateur Khalid Gueddar «portant atteinte» à un membre de la famille royale, Moulay Ismail, cousin du roi, récemment marié avec une Allemande convertie à l’Islam, Anissa Lehmkuh. On reproche surtout au journal et au dessinateur la présentation jugée «tendancieuse» du prince devant un drapeau marocain frappé d’une étoile, qui serait celle de David1.

Dessin de Plantu paru dans Le Monde daté du 22 octobre 2009.
Dessin de Plantu paru dans Le Monde daté du 22 octobre 2009.

Cette attaque contre un journal est une nouveau signe de la dégradation de la liberté de la presse au Maroc. Début août le ministère de l’Intérieur avait envoyé au pilon 100 000 exemplaires des magazines Tel Quel et Nichane qui avaient publié en partenariat avec Le Monde un sondage (très favorable) sur la popularité du roi Mohammed VI2. La justice devrait prochainement se pencher sur les cas des journaux Al Jarida al Oula et Al Michaal dont quatre journalistes sont poursuivis pour propagation de fausses nouvelles : ils avaient commenté le communiqué du Palais royal qui annonçait que le roi, victime de déshydratation pendant le ramadan, avait cinq jours d’arrêt maladie.

Communiqué LDH

Paris, le 21 octobre 2009

Le Maroc a besoin de vérité et de libertés

Le caricaturiste marocain Khalid Gueddar passe en jugement à Casablanca vendredi 23 octobre pour « manquement au respect dû à la famille royale » en raison de ses dessins publiés dans le quotidien marocain Akhbar Al-Youm. Khalid Gueddar est également l’auteur, outre de nombreuses caricatures visant le président algérien Bouteflika, le président tunisien Ben Ali, les présidents américains George W. Bush et Obama, la chancelière allemande Angela Merkel ou la reine d’Angleterre, d’une bande dessinée sur le roi Mohammed VI publiée sur le site Internet Bakchich, « M6, le roi qui ne voulait plus être roi ».

Pour soutenir la liberté d’expression de ce caricaturiste qui risque, ainsi que le directeur de ce quotidien, Taoufiq Bouachrine, entre trois et cinq ans de prison, la Ligue des droits de l’Homme appelle au rassemblement qui aura lieu jeudi 22 octobre à 11h devant l’ambassade du Maroc.

Ces poursuites interviennent peu après l’interdiction de sortie du territoire marocain, le 15 octobre, de deux ressortissantes marocaines, Ibtissame Lachgar et Zineb el-Rhazoui, membres du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (Mali), initiatrices du « pique-nique de Mohammedia », lors du dernier ramadan, le 13 septembre 2009, en faveur de la liberté de conscience et de pratiquer ou de ne pas pratiquer une religion.

Au moment où la monarchie marocaine multiplie les obstacles au déroulement de l’enquête visant à établir la vérité sur l’assassinat de Mehdi Ben Barka, la Ligue des droits de l’Homme appelle également au rassemblement organisé pour le 44e anniversaire de son enlèvement, le jeudi 29 octobre à 18h30, boulevard Saint-Germain devant la brasserie Lipp, ainsi qu’à la journée d’hommage à Mehdi Ben Barka, organisée le samedi 31 octobre par l’Association des Marocains de France et l’Institut Mehdi Ben Barka-Mémoire vivante, à la Maison des métallos (94, rue Jean-Pierre Timbaud, Paris, 11e, de 9h à 18h).

44 ans après la disparition de Mehdi ben Barka…

Mehdi ben Barka aurait été enlevé et séquestré près de Paris par des truands français travaillant pour le Maroc, et actionnés par les services secrets du royaume chérifien.
Ces exécutants français se seraient ensuite réfugiés au Maroc. Selon certains témoignages, Mehdi Ben Barka aurait été torturé et tué. Les responsables officiels marocains auraient ensuite fait disparaître son corps…

Communiqué LDH

Ben Barka : une justice aux ordres ?

A l’occasion du 44e anniversaire de l’enlèvement de Mehdi Ben Barka, la LDH s’associe au rassemblement qui aura lieu le
jeudi 29 octobre 2009 à 18h30, devant la brasserie Lipp.

A ce jour, la vérité n’a toujours pas été faite sur les conditions exactes de la disparition et de l’assassinat de Mehdi Ben Barka. La LDH ne peut que condamner la dernière initiative en date pour tenter de faire obstruction au cours normal de la justice : la suspension, par le parquet de Paris, des mandats d’arrêts internationaux délivrés par un juge d’instruction.

Soit lesdits mandats étaient entachés d’irrégularité, et il faut alors s’interroger sur l’incompétence du parquet de Paris et de la Chancellerie qui, dans un premier temps, les ont diffusés, soit il s’agit purement et simplement d’une nouvelle soumission du parquet à la volonté du pouvoir politique.

Dans les deux hypothèses, c’est la crédibilité de la justice française qui est mise en cause.

Paris, le 15 octobre 2009

  1. Pour rappel, l’étoile du drapeau marocain, après avoir porté pendant plusieurs siècles six branches comme l’étoile de David, en perdit une par décision du Maréchal Lyautey (d’après Prix Tartuffe, 5 août )
  2. Voir Prix Tartuffe, 5 août.
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