Si les expositions universelles proposent des sections coloniales depuis les années 1850, il faut attendre la fin du 19ᵉ siècle, puis l’entre-deux-guerres, pour que les expositions spécifiquement coloniales apparaissent. Elles contribuent à construire l’imaginaire impérial des pays européens.
Avec
- Isabelle Surun, professeure en histoire contemporaine à l’Université de Lille
- Nadia Vargaftig, maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Reims Champagne-Ardenne
Quelle place pour les colonies dans ces expositions universelles ? Quelle place aussi pour des hommes et des femmes venus du bout du monde ? Une histoire incarnée, celle de ces expositions coloniales universelles, humaines et inhumaines.
Au milieu du 19ᵉ siècle, les sections coloniales font déjà partie intégrante des expositions universelles. La place accordée aux empires coloniaux s’accroît cependant dans les années 1880 : en 1883, la première exposition exclusivement coloniale s’ouvre à Amsterdam et réunit 28 nations, tandis qu’en 1885, l’exposition universelle d’Anvers crée un village congolais supposé mettre en scène la vie des populations colonisées. L’exposition universelle de 1889 à Paris suit le mouvement : non seulement la section coloniale est bien plus importante que lors des expositions parisiennes précédentes (1855, 1867 et 1878) et occupe toute l’esplanade des Invalides, mais les organisateurs décident aussi de construire des villages coloniaux (sénégalais, annamites…). La chose est immédiatement débattue : certains craignent l’indécence, tandis que d’autres, favorables à la monstration des colonies, s’interrogent sur la forme que doivent prendre ces villages. Faut-il souligner l’étrangeté supposée des colonies, pour capter la curiosité des spectatrices et spectateurs tentés par l’exotisme, ou être plus fidèle à la réalité locale ?