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L’Allemagne demande pardon à la Tanzanie pour ses crimes coloniaux

Comme le rapporte Le Monde, le président allemand en visite en Tanzanie a, le 1er novembre 2023, demandé « pardon » pour les massacres de masse commis par l’armée coloniale allemande au début du XXe siècle. En 2021, l’Allemagne avait reconnu le génocide des Hereros en Namibie. La veille, le roi Charles III a condamné des « crimes inexcusables » commis par la Grande Bretagne au Kenya. Un mouvement européen de reconnaissance et d’excuses qui a aussi touché notamment l’Italie et la Belgique et auquel, comme le souligne TV5 Monde, la France d’Emmanuel Macron se refuse à participer.

Tanzanie : le président allemand demande « pardon » pour les massacres de l’époque coloniale

Le Monde avec AFP, publié le 1er novembre 2023.

Source

« J’ai honte de ce que les soldats coloniaux allemands ont fait subir à vos ancêtres », a déclaré le chef d’Etat, faisant référence aux massacres de centaines de milliers de Maji-Maji perpétrés entre 1905 et 1907.

Le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, à Berlin, en Allemagne, le 16 juin 2023.
Le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, à Berlin, en Allemagne, le 16 juin 2023. NADJA WOHLLEBEN / REUTERS

Le chef de l’Etat allemand, Frank-Walter Steinmeier, a demandé « pardon » mercredi 1er novembre pour les exactions commises par les forces coloniales de son pays en Tanzanie, lors d’une visite à Songea, lieu d’un massacre de Maji-Maji au début du XXe siècle. « Je m’incline devant les victimes de la domination coloniale allemande. Et en tant que président allemand, je voudrais demander pardon pour ce que les Allemands ont fait subir ici à vos ancêtres », a-t-il déclaré, selon le texte d’un discours diffusé par ses services en Allemagne.

Entre 1905 et 1907, les troupes coloniales allemandes ont massacré entre 200 000 et 300 000 représentants des Maji-Maji après un soulèvement de ces derniers, selon des estimations fournies par les historiens. Le président allemand a évoqué le sort du chef Songea Mbano, un leader de la rébellion à l’époque, pendu et décapité par les Allemands avec 66 de ses combattants. « Quiconque en Allemagne en sait plus sur l’histoire coloniale allemande doit être horrifié par l’ampleur de la cruauté » avec laquelle le pays a agi, a-t-il poursuivi.

Une responsabilité longtemps occultée

« J’ai honte ! J’ai honte de ce que les soldats coloniaux allemands ont fait subir à vos ancêtres », a-t-il dit devant les descendants du chef Songea, selon le texte du discours. La visite en Tanzanie du chef d’Etat, dont la fonction est essentiellement honorifique en Allemagne mais qui a un rôle de caution morale du pays, intervient au même moment que celle du roi Charles III au Kenya, qui a lui aussi condamné les abus coloniaux de son pays, le Royaume-Uni. L’empire colonial allemand, plus petit que ceux des Français ou des Britanniques, s’étendait sur plusieurs pays africains, dont le Burundi, le Rwanda, la Tanzanie, la Namibie et le Cameroun. Il a cessé d’exister après la première guerre mondiale.

Longtemps, cette responsabilité a été occultée par les guerres mondiales et la Shoah au XXsiècle, mais au cours des deux dernières décennies le pays a néanmoins entamé un travail de mémoire sur son passé colonial, qui l’a conduit à procéder à des restitutions : il a notamment rendu des ossements de membres des tribus Herero et Nama en Namibie, colonisée de 1884 à 1915, où il a reconnu en mai 2021 avoir commis un « génocide ».

« Nous (…) devons faire face à cette histoire afin de pouvoir construire ensemble un avenir meilleur, a déclaré Frank-Walter Steinmeier. C’est aussi pour cela que je suis venu ici à Songea : pour emporter ces histoires avec moi en Allemagne, afin que davantage de personnes dans mon pays en prennent connaissance. Ce qui s’est passé ici est notre histoire partagée – l’histoire de vos ancêtres et l’histoire de nos ancêtres en Allemagne. »


Une vidéo de TV5 Monde

publiée le 1er novembre 2023

Après la condamnation des abus coloniaux par Charles III en visite au Kenya, le président allemand Frank-Walter Steinmeier a demandé « pardon » pour le passé colonial de l’Allemagne en Tanzanie. Qu’en est-il des autres ex-puissances coloniales ?

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