Lettre ouverte du président de l’Union calédonienne
Des militaires et des représentants de l’Etat s’affranchissent des règles sanitaires
Des militaires entrent, des gendarmes repartent malgré des déclarations publiques contraires, des non-résidents sont étonnamment enregistrés sur des vols alors qu’ils ne rentrent pas dans les critères d’éligibilité. Nos eaux territoriales sont devenues le Hub du Pacifique pour les navires battant pavillon Français. Ces équipages refusent souvent la « quatorzaine » et disparaissent dans la nature. A bord de l’Airbus A400 en provenance de Tahiti, l’équipage est arrivé avec la personne atteinte du Covid 19, 59ème cas déclaré à Tahiti. Le gouvernement tahitien a refusé sa prise en charge et a prié les militaires de repartir avec leur personnel contaminé. Cet équipage, tous personnes en contact et le malade contaminé ont été exonérés de contrôle aux frontières, de déclarations phytosanitaires et de contrôles douaniers et ils ont passé clandestinement une nuit en Nouvelle-Calédonie avec l’aval des autorités militaires et du Haut-commissaire. La nuit dernière, 62 militaires sont encore rentrés sans passer par les contrôles d’immigration, de douanes et ne se sont pas soumis aux déclarations phytosanitaires. De qui se moque-t-on dans ce pays, nous sommes en train d’exposer dangereusement nos populations. Ce Haut-commissaire et ce général doivent rendre des comptes publiquement et quitter notre Pays et qu’ils nous fassent grâce de leurs tromperies et de leurs mensonges lors de déclarations médiatiques sur nos médias pour apaiser les coutumiers et les calédoniens. Ils bafouent la sécurité des résidents calédoniens en agissant de façon irresponsable au mépris de la vie d’autrui. Nous constatons encore une fois que l’Etat, par cette loi scélérate et arbitraire, renie sa parole scellée dans le marbre de la constitution en balayant un accord politique dont on connait la genèse, l’histoire et les enjeux. La crise du Covid 19 oblige l’ensemble des élus calédoniens à protéger en priorité nos populations. Notre situation sanitaire est particulière et n’est pas comparable à la métropole. Nos particularismes sociétaux doivent être pris en compte car nous revendiquons l’exception sanitaire en refusant toute solidarité virale avec l’hexagone.Une fois encore, ce fait qui devient récurrent dans notre courte histoire politique, démontrent que l’Etat nous reprend d’une main ce qu’il nous a donné de l’autre. La première trahison fût celle de 1967 avec la fin du statut cadre et de l’autonomie négociée contre l’indépendance. Puis vint celle de 1969 avec les lois Billote qui supprimèrent la compétence sur nos ressources naturelles et notamment le nickel. Ces malencontreux renoncements à la parole donnée, ont conduit le peuple Kanak à se prononcer six ans plus tard, en faveur de l’indépendance alors qu’il était autonomiste. En 1984, la parole donnée en 1983 lors de la table ronde de Nainville-les-Roches, fût bafouée et reprise dans le cadre du statut Lemoine. Cette trahison avait suscité la création du FLNKS, front de libération du peuple Kanak, outil juridique nécessaire pour intégrer la liste des pays à décoloniser. Les événements du 18 novembre 1984 qui en découlèrent, furent aussi la conséquence de cette situation. Aujourd’hui, par une simple loi, l’Etat se défait de sa parole et des engagements forts que nous avons négociés, décidés en commun et mise en œuvre. La spoliation de cette compétence par l’Etat donne un signe positif aux partisans du Non pour le second référendum en montrant qu’il reste l’Etat de tutelle de ce pays. Dès lors les dés sont pipés et sa partialité apparait au grand jour. Nous constatons depuis ces lois, les dérives souverainistes des représentants de l’Etat et surtout une grande proximité, véritable collusion avec les anti-indépendantistes. L’Etat prend un virage partial et s’inscrit totalement dans la logique de déni de l’Accord de Nouméa, entre autres et de façon non exhaustive :
• Par le fait du prince, le Haut-commissaire s’adjuge arbitrairement le droit de choisir ses interlocuteurs calédoniens en refusant de discuter avec le gouvernement collégial et solidaire. C’est un excès de pouvoir de méconnaitre cette collégialité et une remise en cause d’un des pivots politiques fondateurs de l’Accord et de la loi organique du 19 mars 1999. • Le Haut-commissaire se subroge en excès de pouvoir, au Président du gouvernement qui est le chef de l’administration du Pays en créant sa propre cellule de crise. Il s’entoure d’experts qui sont issus en majorité des services de la Nouvelle-Calédonie. Ainsi le contribuable calédonien paie pour l’Etat. • Il décide arbitrairement et illégalement de choisir le Président du gouvernement et la Présidente de la Province Sud comme seuls interlocuteurs. Les articles 126 à 152 de la loi organique n’ouvrent pas au Président de cette institution collégiale, de tels champs de prérogatives et il n’y aucune compétence qui justifierait l’omniprésence de la Présidente de la Province Sud. Laquelle, activiste infatigable dans cette crise, pour promouvoir et vendre ce « front du NON » au référendum avec l’Etat qu’elle a pleinement associé et avec lequel, elle a trouvé une complicité inespérée pour mener sa campagne du « Non ».
Nous prenons acte et nous aviserons de la conduite politique à tenir
Le secrétaire général de l’Etat, Laurent Cabrera, rentré récemment de l’étranger durant la période de confinement, s’est exonéré de toutes les obligations sanitaires locales qui s’imposaient à lui. Le haut-commissaire lui-même, personne en contact dans le cadre du cas Préault, s’est également exonéré de l’obligation de confinement au CISE de Koutio, tout comme la Présidente de la Province Sud et le Président du gouvernement mais aussi, certains autres élus membres de la cellule de crise, eux aussi personnes en contact. Voilà bien peu de considération et de respect pour nos populations et nos institutions. En comparaison, Madame la Consul de Nouvelle-Zélande arrivée ce week-end, s’est très respectueusement soumise aux règles de confinement comme tous les voyageurs arrivants. Une marque de respect pour les Calédoniens qui apprécieront. Je constate que certains élus calédoniens et certains représentants de l’Etat ne se soumettent pas aux règles sanitaires qui régissent la sécurité des Calédoniens. Ces dérives comportementales deviennent contagieuses. Ces derniers jours, c’est le procureur de la République qui s’affichait publiquement et s’acoquinait triomphalement aux côtés de la présidente de la Province Sud. Dans une communication au journal de 20H sur NC la 1ère, Ils distillaient à l’unisson la recette magique d’une chasse à peine déguisée aux petits Kanak et Océaniens pour lutter contre la délinquance de notre jeunesse. Encore une des hérésie miracle d’un pouvoir de droite qui ne peut pas accepter que ce pays est Kanak qu’il le restera à jamais et que les Kanak seront toujours chez eux. Cette communication publique bafoue le sacro-saint principe de la séparation constitutionnelle des pouvoirs de l’Etat. Ce procureur est d’ailleurs moins vaillant et plutôt muet avec la délinquance en col blanc ou encore les délits de blanchiment d’évasion fiscale, qui gangrènent le pays et représentent un manque à gagner de plusieurs milliards chaque année dans les caisses du Territoire. Ce dont on aurait bien besoin en ce moment de crise. Il est vrai qu’il est plus facile de supprimer des allocations à des petites familles pauvres qui ne peuvent pas se défendre, plutôt que de s’attaquer à une complicité permissive de l’Etat qui concoure au pillage de notre matière première depuis 130 ans et l’évasion fiscale des revenus de notre nickel. Que dire de cet avocat, devant normalement être confiné au CISE, qui s’est promené pendant 10 jours dans les travées du tribunal lors d’audiences publiques alors qu’il était infecté. Il a d’ailleurs été hospitalisé au médipôle. Que sont devenues toutes les personnes en contact qu’il a côtoyées ? Étonnement aucun personnel de l’institution judiciaire n’a été confiné au CISE. Le procureur, garant de la société aurait peut-être dû intervenir ou peut-être en bon citoyen, aller lui-même au CISE. La « collusion du NON » entre un état partial, ses représentants et les partisans du « Non » est de plus évidente et s’affiche au grand jour. Cette collusion, sous couvert d’une crise sanitaire, en plus de s’installer aux commandes du pays, subliminalement s’invite dans le débat du référendum et de la conscience du peuple calédonien. La nostalgie de la sujétion des peuples est hélas toujours bien vivace parmi nos colonisateurs et elle est digne de l’état d’esprit qui a prévalu lors des prises de possession unilatérales de 1841 et 1853. Nous ne laisserons pas mettre en danger nos populations car le traumatisme des ravages des grippes coloniales ayant anéanti 80 % de la population Kanak, est encore très ancrée dans la mémoire collective de notre peuple. Cette raison à elle seule, justifiera pour nous, de partir sur « le terrain ». Chacun prendra ses responsabilités. L’Union calédonienne ne s’interroge plus sur la nécessité de poursuivre le dialogue sur l’avenir politique de la Nouvelle-Calédonie avec un interlocuteur partisan et déloyal. Le temps est venu d’envisager une nouvelle stratégie politique dans le cadre uniquement d’une relation colonisé-colonisateur et à l’aboutissement à un résultat très rapidement dans le temps. Notre priorité est d’abord de protéger tous les Calédoniens et pour ces manquements graves, l’Union calédonienne demande officiellement :• Le renvoi du Haut-commissaire et de ses équipes, du Commandant des forces armées qui a laissé clandestinement rentrer et sortir ses militaires, ses gendarmes, son équipage en partie infesté et ces 62 hommes cette nuit encore. A ce niveau hiérarchique, ces faits sont graves et ne peut pas être le fait d’un excès de pouvoir maladroit ou d’une faute, ils relèvent plus d’une volonté dont on cherche à comprendre les aboutissements. • De suspendre toutes les dérogations de vol en provenance de l’étranger et de Métropole tant que le corpus de lois prises dans le cadre de l’urgence sanitaire en métropole, ne soit retiré pour la Nouvelle-Calédonie.
Si ces autorités devaient persister dans cette volonté de lever les barrières de confinement, si des citoyens résidents ou non devaient faire valoir leur droit en justice pour ne subir le confinement, nous nous organiserons nous mêmes par un appel à la population pour protéger notre pays par toutes les voies possibles et nous assumerons. Je suis certain que la population calédonienne que j’appellerai à nous rejoindre, nous apportera tout son soutien et sa solidarité car il y va de son avenir, de la vie de ses enfants, de sa santé et de celle de ses vieux.