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la Nouvelle-Calédonie, colonie de peuplement

[Cette page a été publiée en juillet 2003 (sur l'ancien site de LDH-Toulon).
La note [2] a été ajoutée le 21 avril 2008.]

La France prend possession de l’île le 24 septembre 1853. L’archipel était peuplé depuis 4 000 ans par des tribus indigènes d’origine mélanésienne : les Kanak. De 1864 à 1897, la Nouvelle Calédonie fut utilisée comme pénitencier.

Les Kanak, pratiquant de longues jachères tournantes, sont refoulés dans des réserves, le reste des terres étant déclaré propriété d’État (arrêté de spoliation des terres du 20 janvier 1855) , et sont soumis au travail obligatoire (arrêté des 6 mai 1871 et 6 mars 1876). Les terres concédées aux colons passent de 1 000 à 230 000 hectares entre 1860 et 1878. Il faut y ajouter les terres réquisitionnées par l’administration pénitentiaire, en particulier pour ses fermes.

Une lettre de Pierre Messmer1

Dans une lettre du 19 juillet 1972, Pierre Messmer, alors Premier ministre, écrit à Jean-­François Deniau, secrétaire d’État aux DOM-TOM 2 :

« La Nouvelle-Calédonie, colonie de peuplement, bien que vouée à la bigarrure multiraciale, est probablement le dernier territoire tropical non indépendant au monde où un pays développé puisse faire émigrer ses ressortissants.

Il faut donc saisir cette chance ultime de créer un pays francophone supplémentaire. La présence française en Calédonie ne peut être menacée, sauf guerre mondiale, que par une revendication nationaliste des populations autochtones. […]

À court et moyen terme, l’immigration massive de citoyens français métropolitains ou originaires des départements d’outre-mer (Réunion) devrait permettre d’éviter ce danger en maintenant et en améliorant le rapport numérique des communautés.

À long terme, la revendication nationaliste autochtone ne sera évitée que si les communautés non originaires du Pacifique représentent une masse démographique majoritaire. Il va de soi qu’on n’obtiendra aucun effet démographique à long terme sans immigration systématique de femmes et d ‘ enfants. […] »

Cette lettre est à rapprocher des propos du géographe Augustin Bernard au début de ce siècle, rapportés par Alban Bensa:

 » Il est hors de doute que les indigènes de la Nouvelle-Calédonie sont en voie de disparaître et qu’il faudra bientôt parler d’eux au passé. La vie civilisée et la vie sauvage semblent incompatibles sur le même sol. La Nouvelle-Calédonie présente même ce phénomène assez curieux, que le climat convient mieux aux nouveaux venus qu’aux anciens occupants du sol, aux Européens qu’ aux Kanak. »

Et de ce livre de géographie pour classe de troisième de Schrader et Gallouédec, daté de 1914 :

 » La Nouvelle-Calédonie, […] son climat, humide et doux, convient aux Européens qui s’y sont bien acclimatés, […] elle peut devenir une colonie de peuplement. […] La population s’e1ève à 62000 habitants. Elle comprend […] des indigènes, les Kanak, qui comptent pour la moitié environ et qui sont en voie de disparition; ils étaient très arriérés et pratiquaient même le cannibalisme à l’arrivée des Européens. […] »

Commentaires: Malgré la répression, la spoliation des terres, la mise en réserve, les maladies, les Kanak n’ont pas disparu. Ils constituent environ 44 % de la population, les Européens 34 %, le reste se répartissant entre Polynésiens, Asiatiques et Métis.

  1. D’après Jacques MOREL, Calendrier des crimes de la France outre-mer, (éd. L’Esprit frappeur n°100).
  2. Le site http://rebellyon.info/ donne une version plus complète de cette lettre reprise du livre de Claude Gabriel et Vincent Kermel, «Nouvelle-Calédonie La révolte kanake», (La Brèche, 1985) :

    La Nouvelle-Calédonie, colonie de peuplement, bien que vouée à la bigarrure multiraciale, est probablement le dernier territoire tropical non indépendant au monde où un pays développé puisse faire émigrer ses ressortissants.

    Il faut donc saisir cette chance ultime de créer un pays francophone supplémentaire. La présence française en Calédonie ne peut être menacée, sauf guerre mondiale, que par une revendication nationaliste des populations autochtones appuyées par quelques alliés éventuels dans d’autres communautés ethniques venant du Pacifique.

    À court et moyen terme, l’immigration massive de citoyens français métropolitains ou originaires des départements d’outre-mer (Réunion) devrait permettre d’éviter ce danger en maintenant et en améliorant le rapport numérique des communautés.

    À long terme, la revendication nationaliste autochtone ne sera évitée que si les communautés non originaires du Pacifique représentent une masse démographique majoritaire. Il va de soi qu’on n’obtiendra aucun effet démographique à long terme sans immigration systématique de femmes et d’enfants.

    Afin de corriger le déséquilibre des sexes dans la population non autochtone, il conviendrait sans doute de faire réserver des emplois aux immigrants dans les entreprises privées. Le principe idéal serait que tout emploi pouvant être occupé par une femme soit réservé aux femmes (secrétariat, commerce, mécanographie).

    Sans qu’il soit besoin de textes, l’administration peut y veiller.

    Les conditions sont réunies pour que la Calédonie soit dans vingt ans un petit territoire français prospère comparable au Luxembourg et représentant évidemment, dans le vide du Pacifique, bien plus que le Luxembourg en Europe.

    Le succès de cette entreprise indispensable au maintien de positions françaises à l’est de Suez dépend, entre autres conditions, de notre aptitude à réussir enfin, après tant d’échecs dans notre Histoire, une opération de peuplement outre-mer.

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