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Édition du 1er au 15 octobre 2024

la LDH a refusé la censure de Christian Estrosi

L'arrivée à Nice de 40 000 pieds-noirs et harkis au début des années 1960 a été un événement important, justifiant le choix de cette ville pour l'organisation par la LDH, le 11 février 2012, d'un colloque sur le thème “Algérie 1962, pourquoi une fin de guerre si tragique ?” Cette journée de rencontre avait été précédée la veille d'une représentation de l'émouvant Contraire de l'amour, adaptation par Dominique Lurcel du Journal de Mouloud Feraoun. Le 9 février, Christian Estrosi, maire de Nice, avait demandé à la LDH de “surseoir à la tenue de ce colloque”, au motif que celui-ci ne s'inscrit pas dans “l'esprit” de la commémoration organisée par sa municipalité. La LDH, qui a toujours agi dans le respect des victimes de ce conflit, a refusé de céder à une telle incongruité et le colloque s'est déroulé comme prévu. Environ 200 personnes ont participé à des échanges sur lesquels nous reviendrons. Une journée particulièrement riche que les noms d'oiseaux lancés par une vingtaine de “nostalgériques” venus en perturbateurs n'ont pu gâcher. Les différents intervenants sont notamment revenus sur le rôle de l'OAS. Ci-dessous, un communiqué émanant de la mairie de Nice, suivi de la réaction de la section de Nice de la LDH, et de la lettre que Pierre Tartakowsky, président de la LDH, a adressée au maire de Nice et au ministre de l'Intérieur. Vous compléterez ces informations en consultant la page qui expose comment Estrosi s'est fait balader par un Français d'Algérie.
[Mis en ligne le 9 février 2012 à 19h45, mis à jour le 12 à 11h30]

Communiqué de presse

Ville de Nice

Nice, le jeudi 9 février 2012

Colloque organisé par la

Ligue des Droits de l’Homme, le 10 février prochain

Christian Estrosi, Maire de Nice, Président de Nice Côte d’Azur, désapprouve cette démarche :

« J’ai appris avec étonnement qu’une structure associative de Nice a accordé à la Ligue des droits de l’Homme de Toulon et de Nice, une salle pour l’organisation d’un colloque les 10 et 11 février prochains, sur le thème du “ cinquantième anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie”.

Je tiens à dire que je partage entièrement la légitime émotion des rapatriés niçois et des membres d’associations de français d’Algérie. J’ai d’ailleurs fait aussitôt connaître par courrier à la Ligue des droits de l’homme, ma totale désapprobation quant à cette démarche, qui ne s’inscrit en aucune manière dans le cadre ou l’esprit, de la commémoration du Cinquantenaire à Nice.

En effet, j’ai souhaité que cette année du Cinquantenaire du Rapatriement d’Algérie à Nice soit dédiée à nos compatriotes rapatriés de toutes confessions. Le programme mis en place par la Ville de Nice a été élaboré en commun puis validé par les associations de rapatriés et de Harkis et placé sous le Haut Patronage de la Présidence de la République.

Ainsi, je demande à la Ligue des Droits de l’Homme de Nice et de Toulon, de veiller à se montrer respectueuse des rapatriés et Harkis et à sursoir, dans un esprit de sagesse et d’apaisement, à la tenue de ce colloque, auquel je ne peux toutefois pas m’opposer juridiquement. »

Merci par avance de l’écho que vous pourrez réserver à cette information.

Contacts presse : Elodie Ching – 04 97 13 51 08 – ">

La section de Toulon de la LDH s’associe au communiqué de la section de Nice :

Communiqué de la LDH de Nice

Nice, le jeudi 9 février 2012

Refusons la peur, refusons la censure de Monsieur Estrosi

La LDH de Nice et ses partenaires organisent les 10 et 11 février un colloque à l’occasion du cinquantenaire de la fin de la Guerre d’Algérie. Au nom d’une prétendue mémoire unique des Français d’Algérie, dans une démarche sans précédent, le maire de Nice s’érige en détenteur de la vérité historique et somme la LDH d’annuler le colloque. Il suggère une faute de la structure associative qui accueille l’initiative, instrumentalise la souffrance, les sentiments et les émotions des rapatriés et des harkis. Enfin, sur un mode particulièrement agressif, il regrette de ne pouvoir l’interdire, suscitant par là même d’autres formes d’opposition.

La LDH de Nice et ses partenaires ne reculeront pas devant une telle intimidation ; ils ne plieront pas devant un maire qui démontre une fois de plus qu’il n’est pas le garant qu’il devrait pourtant être du pluralisme et de la démocratie.

La LDH de Nice, en plein accord avec la direction nationale de la Ligue des droits de l’Homme, maintient l’initiative prévue avec tous ses partenaires dans son intégralité. Face à la menace et à la peur, elle en appelle à l’opinion publique et aux citoyens pour que vive la démocratie.

LDH Section de Nice

Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme, a adressé par fax la lettre suivante au Maire de Nice. Une lettre analogue a été adressée Monsieur Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, de l’Outre-mer, des collectivités territoriales et de l’Immigration.

Lettre à Christian Estrosi, Maire de Nice

Paris, le 9 février 2012

Monsieur le Maire,

Vous avez cru devoir dans un communiqué de ce jour exprimer en des termes dont la violence est parfaitement claire, votre opposition au colloque que la section de Nice de la LDH organise les 10 et 11 février à l’occasion du cinquantième anniversaire de la fin de la Guerre d’Algérie.

Non seulement vous semblez donner à l’histoire le sens d’une vérité unique, mais en plus, en son nom, vous demandez l’annulation du colloque pour respecter une prétendue mémoire des rapatriés et des harkis dont vous vous sentez l’unique dépositaire.

La LDH, en parfait accord avec la conception qu’elle a de la démocratie, est attachée à l’expression de l’histoire dans sa complexité et ses contradictions. Elle ne fait donc pas de la Guerre d’Algérie l’occasion d’une manœuvre électoraliste et clientéliste. Elle est partie prenante du colloque organisé
à Nice, comme elle participera en mars prochain à celui d’Évian, qui analysera dans une perspective historique les accords qui ont mis fin à la Guerre d’Algérie.

La LDH considère, Monsieur le Maire, que vous portez l’entière responsabilité des événements qui pourraient avoir été suscités par votre démarche. Vous serez comptable de fait s’il se trouvait que des personnes se sentent autorisées à s’opposer par la force à la tenue d’un colloque que vous-même
savez ne pas pouvoir interdire par la loi.

Nous avons saisi Monsieur le Ministre de l’Intérieur afin de prendre les mesures qui s’imposent pour faire respecter la liberté d’expression.

Veuillez croire, Monsieur le Maire, en notre respect des principes démocratiques.

Pierre Tartakowsky

Président de la Ligue des droits de l’Homme

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