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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

la Cour suprême du Chili confirme l’inculpation et la mise en résidence surveillée d’Augusto Pinochet

El viento solo se recuerda, de los lamentos de Chacabuco (V.Parra)

Mise à jour du 5 janvier 2005 : La Cour suprême confirme l’inculpation et la mise en résidence surveillée d’Augusto Pinochet

La Cour suprême du Chili a confirmé l’inculpation et l’assignation à résidence de l’ex-dictateur chilien Augusto Pinochet, 89 ans, pour les crimes de l’opération Condor, a-t-on appris auprès de la plus haute juridiction chilienne mardi 4 janvier. Ce programme, mis en place par les dictatures sud-américaines, visait à éliminer physiquement leurs opposants de gauche dans les années 1970 et 1980.

La Cour suprême a ainsi confirmé la décision rendue le 20 décembre 2004 par la cour d’appel de Santiago, qui avait estimé que la santé mentale de l’ex-dictateur, aujourd’hui agé de 89 ans, lui permettait de se défendre.
Cet arrêt rapproche un peu plus l’ancien chef de la junte militaire d’un procès auquel il a jusqu’à présent échappé.

Dans la salle d’audience, des parents des victimes du dictateur ont acclamé et applaudi la sentence. « Nous sommes heureux, le monde entier est heureux, a déclaré Lorena Pizarro, présidente d’une association de victimes. Pinochet ne peut pas continuer de vivre en toute impunité. »

Le juge Guzman ordonne l’inculpation et la mise en résidence surveillée d’Augusto Pinochet

[Le Monde du 14 décembre 2004]

L’ancien dictateur chilien a été inculpé, lundi, pour l’enlèvement de neuf dissidents et le meurtre d’un autre à l’époque où il était au pouvoir au Chili, dans le cadre de l’enquête sur la répression conjointe des dissidents dans l’Amérique latine du temps des dictatures.

Le juge chilien Juan Guzman Tapia a annoncé lundi 13 décembre qu’il avait ordonné la mise en résidence surveillée et l’inculpation de l’ex-dictateur Augusto Pinochet pour la séquestration de neuf victimes de l’Opération Condor, dont les corps n’ont jamais été retrouvés, et pour l’homicide d’une de ces personnesdans le cadre de l’Opération Condor 1, le programme des dictatures sud-américaines pour éliminer les opposants de gauche et d’extrême gauche.

Le magistrat a expliqué que la santé mentale du général Pinochet, âgé de 89 ans et qui a gouverné le Chili de 1973 à 1990, lui permettait d’être jugé, citant à l’appui « la cohérence et la compréhension des questions et ses réponses pertinentes » pendant son interrogatoire le 25 septembre dernier. En novembre, le magistrat avait reporté sa décision sur un éventuel jugement de l’ex-dictateur, déclarant vouloir établir avec certitude si le général Pinochet était bien en état d’être jugé.

Guzman Tapia avait déjà fait arrêter Pinochet pendant six semaines en février et mars 2001 et l’avait inculpé dans le cadre de la « Caravane de la mort », un groupe de militaires qui a parcouru le Chili en octobre 1973, le mois suivant le putsch du général Pinochet, pour commettre enlèvements et assassinats. La Cour Suprême avait toutefois prononcé un non-lieu, en juillet 2002, en se fondant sur un rapport médical indiquant qu’il était atteint d’une « démence modérée » qui ne lui permettait pas d’assurer sa défense devant les tribunaux.

PLUSIEURS DOSSIERS EN COURS

Le 26 août dernier, dans le cadre du dossier de l’Opération Condor, la plus haute instance judiciaire chilienne avait pourtant levé l’immunité de Pinochet, ouvrant la voie à un autre procès, après une nouvelle demande de plaignants. Après cet arrêt, le juge Guzman Tapia avait ordonné de nouveaux examens médicaux pour savoir si l’ancien dictateur pouvait être jugé.

Les ennuis judiciaires de Pinochet ne se limitent pas à ce dossier puisque son immunité vient d’être levée le 2 décembre par la Cour d’appel de Santiago pour ses responsabilités dans l’assassinat à Buenos Aires le 30 septembre 1974 du général chilien Carlos Prats et de sa femme, Sofia Cuthbert. Prats avait été commandant en chef des armées, vice-président et ministre de l’intérieur du président socialiste Salvador Allende, qui se suicida le jour du putsch de Pinochet, le 11 septembre 1973. La décision de la Cour d’appel doit encore être ratifiée par la Cour suprême.

Une autre enquête judiciaire a été déclenchée après la révélation en juillet dernier de l’existence de fonds secrets de l’ex-dictateur à la Riggs Bank de Washington entre 1994 et 2002, qui pourraient avoir dépassé les 15 millions de dollars. Le juge Sergio Munoz a été désignée pour déterminer la légalité de l’origine de ces fonds et un avocat, Alfonso Insunza, a annoncé jeudi dernier qu’il déposerait cette semaine une nouvelle demande de levée de l’immunité de Pinochet dans ce dossier.

  1. À lire : La France et le plan Condor.
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