Le Parlement européen adopte une résolution sur l’incarcération des travailleurs et des militants des droits de l’Homme en Algérie
Communiqué commun
signé par : REMDH, Front Line Defenders, Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme1
À la veille du 1er mai, Journée internationale des travailleurs, nos organisations saluent l’adoption par le Parlement européen d’une RÉSOLUTION appelant les autorités algériennes à « assurer la sûreté et la sécurité des militants de la société civile et des défenseurs des droits de l’homme ainsi que leur liberté à poursuivre leurs activités pacifiques légitimes ».
La résolution réitère un certain nombre de préoccupations soulevées par nos organisations concernant la dégradation du droit à la liberté d’expression, d’association et de réunion en Algérie. Des militants pour le droit au travail sont régulièrement arrêtés uniquement pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique et condamnés à de lourdes peines. Ces formes de harcèlement, dont le seul but semble être de sanctionner l’activisme pour les droits de l’Homme, illustrent le contexte restrictif et répressif auquel font face à l’heure actuelle les défenseurs des droits de l’Homme, y compris les militants pour le droit au travail, en Algérie.
Cette résolution du Parlement européen est la première sur l’Algérie depuis plus d’une décennie. Nos organisations prient instamment tant les États membres de l’Union européenne que sa Haute Représentante à reconnaître la résolution du Parlement européen et à « s’assurer de l’existence d’une politique européenne claire à l’égard de l’Algérie […] conformément au cadre stratégique de l’Union en matière de droits de l’homme et de démocratie ». L’UE doit s’assurer que la question concernant les onze travailleurs et militants des droits de l’Homme sera discutée prioritairement lors de la prochaine session du Conseil d’association UE-Algérie qui se tiendra le 19 mai. La résolution réitère également une des demandes clés de nos organisations en demandant « au Service européen pour l’action extérieure et aux États membres de suivre de près l’ensemble des procès et procédures judiciaires à l’encontre des défenseurs des droits de l’homme et des militants pour le droit au travail ».
En accord avec la résolution du Parlement européen, nos organisations appellent les autorités algériennes à libérer de manière immédiate et inconditionnelle les militants pacifiques Rachid Aouine, Mohamed Rag, Khencha Belkacem, Brahimi Belelmi, Mazouzi Benallal, Azzouzi Boubakeur, Korini Belkacem, Bekouider Faouzi, Bensarkha Tahar, Djaballah Abdelkader, et abandonner toutes les charges retenues contre eux.
Les autorités algériennes doivent aussi mettre fin à toutes les formes de harcèlement et d’intimidation à l’encontre des militants pour le droit au travail et des défenseurs des droits de l’Homme, y compris au niveau judiciaire.
Bruxelles-Copenhague-Dublin-Genève-Paris, le 30 avril 2015
__________________________
À la veille de la tenue de la 9e session du Conseil d’association EU-Algérie,
cinq ONG des droits de l’Homme saisissent Mogherini
Des ONG des droits de l’homme multiplient les pressions sur le gouvernement algérien. A une semaine de la tenue de la 9e session du Conseil d’association Union européenne – Algérie, prévue pour le 19 mai, le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme (REMDH), Amnesty International, la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et Solidar interpellent Federica Mogherini pour mettre sur la table des discussions la question du respect des droits de l’homme.
Dans une lettre adressée à Mme Mogherini, haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères, et à Johannes Hahn Commissaire pour l’élargissement et la politique européenne de voisinage, les cinq ONG leur demandent «d’utiliser cette rencontre ministérielle pour soulever au plus haut niveau l’appel à la libération de dix militants du droit au travail, détenus arbitrairement en Algérie depuis des mois…».
Dans leur document, les ONG des droits de l’homme rappellent que «l’exercice du droit à la liberté de réunion et de manifestation reste sérieusement entravé en Algérie, bien que l’état d’urgence ait été levé il y a quatre ans». Elles évoquent «la récente multiplication des actes de harcèlement contre les militants du droit au travail qui démontre l’urgence d’une réaction forte de l’UE et de ses Etats membres, sur la base des orientations de l’UE concernant les défenseurs des droits de l’homme et de la déclaration sur les défenseurs des droits de l’homme des Nations unies, afin d’apporter un soutien urgent et visible à ces militants».
Les ONG, connues pour leur combat pour la défense des droits de l’homme, réitèrent leurs recommandations à Bruxelles pour «exhorter» les autorités algériennes à «libérer immédiatement et inconditionnellement tous les militants du droit au travail qui n’ont fait qu’exercer leur droit légitime à la liberté d’expression et au rassemblement pacifique».
Et parmi les autres revendications des organisations des droits de l’homme, figurent l’abrogation de la loi n°12-06 sur les associations et l’élaboration d’une nouvelle loi conforme aux normes internationales en la matière et la suppression du décret interdisant depuis 2001 les réunions et manifestations à Alger.
Les ONG insistent également sur la nécessité de «veiller en toutes circonstances à ce que les défenseurs des droits humains et tous les acteurs engagés en Algérie puissent exercer pleinement leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique sans crainte de harcèlement ou d’ingérence». Au chapitre des droits de la femme, les cinq organisations s’interrogent sur le retard mystérieux de l’atterrissage de la loi portant la protection des femmes au Sénat.