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(Photo M.S.)

Jean-François Collin : «La légion d’honneur, je ne la porterai jamais… »

«... tant qu'il y aura des gaullistes au pouvoir» vient-il de déclarer dans des propos que rapporte La Provence. Nous reprenons ci-dessous l'article qui revient sur la nomination récente du président de l'Adimad dans l'ordre de la légion d'honneur.
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Jean-François Collin décoré de la légion d’honneur

Il n’est pas marignanais. Mais il a été si souvent question de lui à Marignane, avec la fameuse stèle de l’Adimad (Association de défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus et exilés politiques de l’Algérie française) dont il est le président, qu’il pourrait presque prétendre l’être.

Jean-François Collin a été décoré de la légion d’honneur, par décret du Président de la République en date du 5 mai 2011, pris sur le rapport du Premier ministre et du ministre de la défense et des anciens combattants.

« J’ai cru qu’on se fichait de moi »

Déjà détenteur de la croix de la valeur militaire avec palme, il a obtenu le grade de chevalier de la légion d’honneur, avec traitement, à titre militaire, en tant que mutilé de guerre en Algérie. « Au début, j’ai cru qu’on se fichait de moi. On la donne à des artistes, mais là c’est à titre militaire. C’est un ami, le président de l’union des parachutistes de Hyères, Jean-Pierre Carrio qui l’a demandée pour moi. Je ne pensais pas que je l’obtiendrais. Et pour tout vous dire, j’ai pensé à la refuser, mais il m’a dit que ça embêterait plein de monde, de la Licra, ou Gavoury (le fils du commissaire central d’Alger, assassiné par l’OAS, l’un des principaux opposants à la stèle, NDLR), alors j’ai accepté », s’amuse-t-il.

Si cet ancien conseiller municipal FN de la ville de Hyères, dans le Var, a été décoré, c’est donc pour son engagement militaire: « Je remplissais les conditions. J’ai été appelé à l’armée le 1er novembre 1959. Et j’ai été blessé au combat en Algérie, dans l’Ouarsenis, en 1960, contre les fellagas, par un élément rebelle du Front de libération nationale, j’ai tué mon ennemi qui m’a grièvement blessé, mon biceps droit a été arraché et je suis devenu invalide de guerre. Puis il y a eu le putsch des généraux, j’étais content. Et après avoir été soigné, je suis parti à Paris. J’ai alors pris contact avec l’Organisation de l’armée secrète et j’ai intégré l’OAS métropolitain avec le lieutenant Godot. J’ai été arrêté le 5 février 1962 puis condamné à cinq années de prison que j’ai effectuées à la Santé, à Fresnes, et à l’île de Ré. Puis, le 14 juillet 1968, De Gaulle a amnistié l’ensemble de l’OAS, mais la véritable amnistie avec réintégration des grades et des retraites, a eu lieu sous Mitterrand ».

« Sarkozy, c’est un Gaulliste »

Cette légion d’honneur, il la recevra dans quelques mois, « dans le département des Bouches-du-Rhône », annonce-t-il. Mais il refuse catégoriquement de dire des mains de qui : « La chancellerie m’a demandé qui je voulais. J’ai choisi et c’était important que ce soit lui, mais je le dirai le jour où on me la remettra. Ce n’est pas quelqu’un de connu du grand public », lâche-t-il, avec un air mystérieux, qui semble bien lui plaire. Cette distinction est tout de même un peu paradoxale, dans la mesure où Jean-François Collin n’est parfois pas tendre, dans ses discours, avec l’État ou ses représentants. Il en convient d’ailleurs et l’affirme: « Je continuerai, on ne m’achète pas. Sarkozy, je ne l’aime pas, c’est un Gaulliste. Il est allé se recueillir sur sa tombe. J’avais jeté mes décorations à mes juges et la légion d’honneur, je ne la porterai jamais, tant qu’il y aura des Gaullistes au pouvoir ».

Pour mémoire

Rappelons les propos tenus par Jean-François Collin, le 7 juin 2006, devant un cénotaphe érigé à Perpignan, sur le domaine public, pour rendre gloire à l’organisation terroriste et à deux de ses membres condamnés à mort et exécutés le 7 juin 1962.1.

« Je suis très ému de me trouver aujourd’hui […] devant cette stèle, ô combien représentative de l’assassinat de 116 de nos camarades, les meilleurs d’entre nous. Assassinés par le traître en chef, les barbouzes gouvernementales, les forces militaires gaullistes alliées des terroristes FLN, les polices parallèles ou gaullâtres, la justice d’exception couchée devant le maître, recevant pour prix de sa soumission des hochets où l’honneur avait couleur de sang et sans oublier la solde des Judas […]. C’est en leur nom, en notre nom à tous aussi, Claude et Bobby, que je m’adresse à vous, qui êtes devenus le symbole même de notre combat si juste et si désespéré. Je me souviens de ce 7 juin 1962. Nous croupissions alors dans ces ignobles cachots de la Santé où De Gaulle Charles nous avait claquemurés. Nous occupions la place encore chaude de ceux qu’il venait d’amnistier : les abominables tueurs FLN dans les bras desquels le degaulleiter s’était abandonné, servi par ses polices, parallèles ou pas, afin de livrer des millions de Français de toutes confessions, et quinze départements du territoire national, à une bande de sicaires sans aucune autre légitimité que le sang français qu’ils avaient répandu, à profusion, de concert, et main dans la main. ».


  1. Référence : 2014.
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