L’Espace Franco Algérien PACA commémore les massacres du 8 mai 1945
par Henda Bouhalli, Med’in Marseille
Alors que la France s’apprête à commémorer la victoire sur l’Allemagne nazie le 8 mai 1945, l’Espace Franco-Algériens PACA se prépare activement pour commémorer « l’autre 8 mai 1945 » que peu de Français, et en particulier les nouvelles générations connaissent. Une date clé qui inscrivit la joie et la tristesse dans le calendrier de l’Histoire de France. Car si la victoire sur les Allemands fût fêtée dans la joie, le même jour de l’autre côté de la Méditerranée, en Algérie, le sang a coulé. Dans la liesse de la victoire en 1945, des Algériens ont revendiqué leur volonté d’indépendance. Ils subiront durant plusieurs semaines une violente répression conduite par l’armée française. Dans un devoir de mémoire, vendredi 8 mai sur le Vieux Port, l’Espace Franco-Algérien PACA commémorera ces massacres. Un évènement auquel s’associe Med’in Marseille.
Vendredi 8 mai 2009, les Franco-Algériens seront partagés entre un sentiment de joie, au souvenir de la libération et de douleur, au souvenir des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata. « Un rendez symbolique qui n’a pas pour but de mettre en place une concurrence mémorielle » explique Hakim Allik, président de l’Espace Franco-Algérien. « Mais de dire que ce jour là, des Franco-Algériens pleurent aussi leurs morts. » Car si le 8 mai 1945 est connu de tous pour la victoire des Alliés sur les forces de l’Axe, ce que les jeunes générations savent parfaitement, on ne peut pas en dire autant de « l’autre 8 mai 1945 ». C’est aussi dans cette perspective que l’association s’attelle à accomplir « ce devoir de mémoire et transmettre aux nouvelles générations et à l’ensemble de la société » ce que la France n’évoque pas lors de ses commémorations. « Elle oublie d’honorer les Tirailleurs Algériens qui ont sacrifié leurs vies pour la libérer » souligne Hakim Allik. « Des Algériens à qui on avait promis plus de droits et des perspectives d’indépendance. Des engagements que la France n’a pas honoré » regrette-il. Ce qui sera à l’origine à l’origine de ces massacres qui firent des milliers de morts. En effet, le 8 mai 1945, les partis nationalistes algériens décidèrent de défiler pacifiquement afin de rappeler leurs revendications patriotiques. Ce jour là, « un policier ordonne à celui qui porte un drapeau algérien de le baisser. Devant son refus il est abattu ». La manifestation dégénère en émeutes et se propage dans toute la région de Sétif, Guelma et Kherrata. L’armée française exerce alors une répression qui va prendre des proportions considérables et disproportionnées, cela durera plusieurs semaines.
Jusqu’à présent cette histoire a été occultée. « Il est temps aujourd’hui que les Français sachent ce qui s’est passé en Algérie. On parle de reconnaître le génocide arménien sur lequel nous ne discutons pas, nous ne sommes pas contre, sauf qu’il serait bien que la France reconnaisse d’abord sa propre histoire ». Une histoire passée sous silence. « Les manuels relatent le massacre de Sétif mais les professeurs ne travaillent pas dessus, c’est-à-dire que c’est une option. On se sent alors comme un devoir de communiquer cette histoire et cela sans concurrence, sans haine et sans tabou juste pour informer. Il n’y a pas de hiérarchie, il n’y a pas une reconnaissance type pour les uns et un oubli pour les autres, il y a une Histoire de France, qu’elle soit belle ou moins belle, et qui doit être relatée à l’ensemble des concitoyens Français » explique Hakim Allik . Deux journées seront alors consacrées à l’Histoire et à la mémoire de « l’autre 8 mai 1945 ».
Cet évènement se déroulera pour la première fois dans le sud de la France. Une opération que l’Espace Franco-Algérien espère renouveler l’année prochaine.
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