Motion adoptée par l’Association des professeurs d’histoire et de géographie
Le Comité national de l’APHG, réuni à Paris, le 22 mai 2005,
– dénonce la dérive actuelle conduisant le Parlement à inscrire dans la loi des dispositions relatives aux contenus précis d’enseignement qui relèvent de textes réglementaires (décrets, arrêtés, circulaires…), comme vient de le rappeler le Conseil constitutionnel à propos de plusieurs articles de la Loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’école
– demande en conséquence l’abrogation de l’article 4 de la Loi du 23 février 2005 portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés, qui stipule : « Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le caractère positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit ».
Se fondant sur les déclarations de M. le ministre délégué aux anciens combattants commentant cette loi
1), l’APHG
– demande que soit mis fin aux pratiques qui consistent à instrumentaliser l’enseignement de l’histoire au service des « devoirs de mémoire »,
– rappelle que les contenus d’enseignement en histoire et en géographie doivent se fonder sur les acquis de la recherche scientifique, pour laquelle l’Université et le CNRS doivent être dotés de moyens suffisants,
– réaffirme que pour exercer, sur ces bases, la liberté pédagogique que leur reconnaît la loi, les professeurs doivent continuer à être recrutés à un haut niveau de compétence scientifique et bénéficier d’une formation continue universitaire de qualité.
- « […] Il est évident que les historiens et les enseignants travaillent et travailleront comme ils l’entendent. Ils ont toujours été libres en France, et on voit mal qui voudrait les contraindre. Prétendre imposer une pensée officielle aux historiens et diffuser une histoire homologuée en classe serait stupide et n’a jusqu’à présent été réalisé sur notre continent que par des régimes totalitaires. Ni le législateur ni le gouvernement n’en ont eu le projet, ni même l’idée. Il appartient aux historiens d’écrire l’histoire et aux enseignants de l’enseigner. […] »
Hamlaoui Mékachéra, « Colonisation : réconcilier les mémoires », Le Monde, 8 mai 2005.