4 000 articles et documents

Édition du 1er mars au 15 mars 2025

« FECCI WORMA » : Thiaroye 1944, une enquête documentaire du photographe Yves Monteil

L’acte le plus ignoble de l’autorité coloniale française ».

En wolof, « Fecci Worma » signifie « haute trahison ». C’est ainsi que l’historien Pape Samba Diop décrit le massacre des Tirailleurs sénégalais par l’armée française à Thiaroye, au Sénégal, le 1er décembre 1944 : « la plus extraordinaire Fecci Worma de l’homme blanc, l’acte le plus ignoble de l’autorité coloniale française ». Dès lors la France n’aura cessé d’enterrer la vérité, de falsifier l’histoire, y compris lors du 70ᵉ anniversaire en 2014.

Si ce massacre incarne la trahison ultime de la France envers les Tirailleurs sénégalais, elle s’inscrit dans une longue histoire de renoncements et d’injustices, depuis la création de ce corps d’armée en 1857 jusqu’à sa dissolution dans les années 1960 et au-delà. Ce projet explore cette continuité historique, en prenant le massacre de Thiaroye comme point culminant et fil conducteur.

Deux poids, deux mesures : entre falsification et oubli

Malgré une reconnaissance du « massacre » du bout des lèvres à l’occasion de la commémoration du 80e anniversaire en décembre 2024, seules six victimes sont pour le moment reconnues « Morts pour la France ».

Cette frilosité française face à son passé colonial contraste avec le zèle mémoriel déployé en 2022 au « Tata » de Chasselay dans le Rhône, pour des Tirailleurs disparus lors des combats contre l’armée allemande en 1940. En dehors de toute réglementation sur les nécropoles nationales, sans aucune base scientifique et sous couvert d’un mensonge sur des recherches génétiques qui n’ont jamais eu lieu, des noms de disparus ont été apposés sur des plaques installées au sein de la nécropole nationale.

D’un côté, on réécrit l’histoire en attribuant des noms à des disparus sans preuve ; de l’autre, on freine la reconnaissance des victimes de Thiaroye, alors que des éléments cruciaux semblent être détenus par des fonctionnaires français en exercice.

Un livre-enquête, une démarche éditoriale indépendante

À la croisée de l’art, de l’histoire et du journalisme et loin d’une simple reconstitution des faits, Fecci Worma propose une plongée visuelle et historique au cœur de ce massacre. Grâce à une combinaison de photographies, d’archives publiques et familiales, de cartographies et d’infographies, mais aussi d’entretiens de descendants de Tirailleurs, d’historiens et d’artistes, le projet met en lumière les lieux, les témoins et les traces qui permettent aujourd’hui encore d’interroger ce crime d’État.

Pour permettre la publication de cet ouvrage, une campagne de financement participatif est actuellement en cours. Celle-ci fonctionne sous forme de prévente : chaque contribution permet non seulement de soutenir la production du livre, mais aussi d’accéder en avant-première à cet ouvrage. En contribuant à Fecci Worma, chacun participe à la préservation et à la diffusion de cette mémoire, et soutient une démarche éditoriale indépendante et engagée.

La campagne de financement est à découvrir ici sur la plateforme Ulule.


Facebook
Email