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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

« Ensemble, contre l’extrême droite »

Avant le premier tour des élections législatives en France, le 30 juin 2024, provoquées par la dissolution de l’Assemblée nationale intervenue le 9 juin 2024, plus d’un millier d’historiens ont signé une tribune intitulée « Devant l’histoire », soutenue notamment par le Comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire (CVUH) et l’Association des historiens et historiennes de l’enseignement supérieur et de la recherche (H2C). Nous reproduisons ci-dessous cette tribune que Le Monde a publiée le 1er juillet 2024, dont figurent parmi les signataires des membres de l’équipe de notre site comme Alain Ruscio et Gilles Manceron.

Nous reprenons également l’appel dont la Ligue des Droits de l’Homme a eu l’initiative au soir de ce premier tour, le 30 juin 2024, signé par de nombreuses associations et syndicats, afin que, le 7 juillet 2024, le second tour soit l’occasion d’un barrage systématique à l’élection des candidats du Rassemblement national et de ses soutiens. L’Association Histoire coloniale et postcoloniale – qui gère ce site histoirecoloniale.net –, s’est joint à cet appel qui demande fermement que des désistements interviennent partout, afin d’empêcher que le parti fondé par le tortionnaire Jean-Marie Le Pen puisse accéder au gouvernement de notre pays.


« Devant l’histoire »

29 juin 2024

Tribune publiée dans Le Monde le 1er juillet 2024.

Liste des 1000 premiers signataires

Pour la première fois depuis la Seconde guerre mondiale, l’extrême droite est aux portes du pouvoir en France. Historiennes et historiens, venant d’horizons politiques différents, attachés aux valeurs démocratiques et à l’État de droit, nous ne pouvons garder le silence face à cette perspective effrayante à laquelle nous pouvons encore résister.

Malgré le changement de façade, le Rassemblement national reste bien l’héritier du Front national, fondé en 1972 par des nostalgiques de Vichy et de l’Algérie française. Il en a repris le programme, les obsessions et le personnel. Il s’inscrit ainsi dans l’histoire de l’extrême-droite française, façonnée par le nationalisme xénophobe et raciste, par l’antisémitisme, la violence et le mépris à l’égard de la démocratie parlementaire. Ne soyons pas dupes des prudences rhétoriques et tactiques grâce auxquelles le RN prépare sa prise du pouvoir. Ce parti ne représente pas la droite conservatrice ou nationale, mais la plus grande des menaces pour la République et la démocratie.

La « préférence nationale », rebaptisée « priorité nationale », reste le cœur idéologique de son projet. Elle est contraire aux valeurs républicaines d’égalité et de fraternité et sa mise en œuvre obligerait à modifier notre Constitution. Si le RN l’emporte et applique le programme qu’il annonce, la suppression du droit du sol introduira une rupture profonde dans la conception de la citoyenneté qui prévaut depuis la Révolution française, puisque des personnes nées en France, qui y vivent depuis toujours, ne seront pas Français, et leurs enfants ne le seront pas davantage. De même, l’exclusion des binationaux de certaines fonctions publiques aboutira à une discrimination intolérable entre plusieurs catégories de Français. Notre communauté nationale ne sera plus fondée sur l’adhésion politique à un destin commun, sur le « plébiscite de tous les jours » qu’évoquait Ernest Renan, mais sur une conception ethnique de la France.

Au-delà, le programme du Rassemblement national comporte une surenchère de mesures sécuritaires et liberticides. Inutile de recourir à un passé lointain pour prendre conscience de la menace. Partout, lorsque l’extrême droite arrive au pouvoir par les urnes, elle s’empresse de mettre au pas la justice, les médias, l’éducation et la recherche. Les gouvernements que Marine Le Pen et Jordan Bardella admirent ouvertement, comme celui de Victor Orban en Hongrie, nous donnent une idée de leur projet : un populisme autoritaire, où les contre-pouvoirs sont affaiblis, les oppositions muselées, et la liberté de la presse restreinte.

Il n’existe pas de démocratie sans un espace public libre et dynamique, sans une information de qualité, indépendante du pouvoir politique comme des puissances financières. La privatisation de l’audiovisuel public, qui figure dans le programme du Rassemblement national, aboutirait à détruire un pan essentiel de notre vie publique. Imagine-t-on Vincent Bolloré, soutien objectif de l’extrême droite, absorber demain France Culture, France Inter et France 2 dans son empire médiatique, comme il l’a fait avec Le Journal du Dimanche, Europe 1 ou Hachette, avec les conséquences que l’on connaît ?

Attachés à la pratique scientifique de l’histoire, nous ne pouvons qu’être profondément inquiets devant les instrumentalisations du passé qui se profilent et les attaques à venir contre la liberté de la recherche. Le programme éducatif du RN, entièrement tourné vers le retour à une histoire nationale, et même nationaliste, nostalgique et édifiante, est aux antipodes des exigences de la recherche historique, fondée sur la méthode critique, l’esprit de nuance et la coopération internationale.

Enfin, le Rassemblement national n’a jamais caché sa fascination à l’égard de Vladimir Poutine allant jusqu’à s’afficher ostensiblement à ses côtés, au Kremlin, en 2017. Au moment même où le président russe présente un danger mortel pour l’Europe et ne cesse d’affirmer son hostilité virulente aux sociétés démocratiques occidentales, pouvons-nous permettre l’arrivée au pouvoir d’un parti qu’il a financé et adoubé ? Comment peut-on envisager d’affaiblir ainsi l’Europe au moment où celle-ci a tant besoin, au contraire, d’affirmer son unité et sa détermination ?

La France ne doit pas tourner le dos à son histoire. Jusqu’à ce jour, l’extrême droite n’est arrivée au pouvoir que dans la tourmente d’une défaite militaire et d’une occupation étrangère, en 1940. Nous ne nous résignons pas à une nouvelle défaite, celles des valeurs qui, depuis 1789, fondent le pacte politique français et la solidarité nationale. Cette élection n’est pas une élection ordinaire. Il s’agit de défendre la démocratie et la République contre leurs ennemis, d’être au rendez-vous de notre histoire. Au premier tour, nous n’avons pas voté pour les mêmes candidats, ni pour les mêmes partis. Dimanche prochain, nous appelons à voter dans chaque circonscription pour battre le candidat du Rassemblement national.

Liste des 1000 premiers signataires


« Ensemble, contre l’extrême droite », appel de syndicats et associations

30 juin 2024

publié par Mediapart le 30 juin 2024.

Source

Face à la perspective mortifère d’un gouvernement du Rassemblement National nous appelons à un sursaut démocratique et républicain des partis politiques et des électeurs et électrices ! Le deuxième tour, décisif, est à la fin de la semaine. Dans un très grand nombre de circonscriptions, il y a une candidature du Rassemblement National qui peut gagner le 7 juillet en cas de triangulaire. Nous appelons les partis politiques à décider du maintien d’une seule candidature face à l’extrême droite partout où elle est en mesure de l’emporter.

Nous appelons les électrices et électeurs à voter pour la candidature la mieux placée après le premier tour là où les partis auront maintenu plusieurs candidat.es face au RN. Nous entendons toutes les raisons qu’il y aurait pour ne pas voter pour tel ou telle. Ce peut être le rejet de député.es sortant.es d’une majorité qui a mené des politiques ayant, dans les faits, renforcé l’extrême droite. Ce peut être un rejet de partis politiques dont on ne partage pas l’ensemble des priorités, les méthodes, des politiques.

Mais ce qui se joue dimanche dépasse radicalement ce qui nous divise. Ce n’est pas une question de droite ou de gauche. C’est une question encore plus essentielle qui va se jouer, celle de la possibilité de vivre toutes et tous ensemble en France. A cette question, le Rassemblement National répond par un projet politique raciste et violent, celui de la destruction progressive des libertés et plus généralement de la République, qui a toujours été sa cible première. Il s’agit de l’arrivée au pouvoir d’un parti dont le programme est construit autour de la négation de l’égalité en droit des êtres humains proclamée par l’ONU en 1948.

C’est à cette égalité que nous, syndicats et associations, travaillons jour après jour, pour que chacune, chacun, ait accès à un service, à un droit, une réponse à ses besoins. Celles et ceux qui refusent la société que nous annonce l’extrême droite sont donc devant un choix simple : toute dispersion des votes au second tour offrirait le pouvoir au RN du fait du mode électoral alors même que ses idées inégalitaires sont minoritaires dans la société. Les votes doivent converger autour d’un seul objectif : défaire le RN. Le 7 juillet, pas une voix ne doit manquer à la défaite du RN !

Paris, le 30 juin 2024.

Un appel à l’initiative de la LDH (Ligue des droits de l’Homme) et signé par :

AC ! Agir ensemble contre le chômage, Alice Guy production, Les Amis de la Terre France (ATF), APF France handicap, Archipel de l’écologie et des solidarités, Asile Asso, L’Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (L’Acort), Association Causons, Association des femmes de l’Europe méridionale (Afem), Association française des juristes démocrates (AFJD), Association Histoire coloniale et postcoloniale, Association nationale des villes et territoires accueillants (Anvita), Association de prévention spécialisée nationale (APSN), Une Autre voix juive (UAVJ), Centres d’entrainement aux méthodes d’éducation active (Cemea), Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale (Cedetim), Centre de recherche et d’information pour le développement (Crid), Cercle Condorcet de Paris, La Cimade, Collectif catholique P.A.I.X, Collectif Changer de cap, Comité écologique ariégeois, Comité pour les relations nationales et internationales des associations de jeunesse et d’éducation populaire (Cnajep), Comité pour le respect des libertés et des droits humains en Tunisie (CRLDHT), Comité pour la santé des exilés (Comede), Commerce équitable France, Confédération syndicale des familles (CSF), Conseil national des associations familiales laïques (Cnafal), Conseil national de la nouvelle résistance (CNNR), Convention pour la 6° République (C6R), Convergence de défense et développement des services publics, Coordination des associations pour le droit à l’avortement et à la contraception (Cadac), Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité, Elena France, EthnoArt, Exod, Fédération des acteurs de la solidarité (Fas), Fédération Addiction, Fédération des associations générales étudiantes (Fage), Fédération des centres sociaux et socioculturels de France (FCSF), Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), Fédération des mutuelles de France (FMF), Fédération nationale des arts de la rue, Fédération nationale des Francas, Fédération nationale des Samu sociaux (FNSS), Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT), Fondation Copernic, Fondation Danielle Mitterrand France Liberté, Foodwatch France, Français Langue d’accueil (FLA), France Amérique latine (FAL), France Fraternités, France terre d’asile, Générations Futures, Generation for rights over the world (GROW), Golem, Greenpeace France, Groupement d’associations porteuses de projets en environnement (Grappe), HES – socialistes LGBTI+, Human Dignity (HD), Humanity Diaspo, Un Jour la paix, Kodiko, Kolone, Ligue de l’enseignement, MADERA, Les Midis du Mie, Monde d’après monde d’avance (Mama), Le Mouton numérique, Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), Mouvement national Le CRI, Le Mouvement de la paix, Mouvement pour une alternative non-violente (Man), Négawatt, Nous sommes vivants, On est prêt, Oxfam France, Paris d’exil, Patron.nes solidaires, Peuple et culture (PEC), Réseau d’actions contre l’antisémitisme et tous les racismes (Raar), Réseau étudiant pour une société écologique et solidaire (Reses), Réseau euro-maghrébin citoyenneté et culture (REMCC), Réseau Euromed France (Ref), Revivre, Roya citoyenne, Solagro, Soliha, SOS Racisme, Syndicat national des journalistes (SNJ), Syndicat national des médecins de PMI (SNMPMI), Union nationale des étudiants de France (Unef), Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux (Uniopss), Union nationale des syndicats autonomes (Unsa), Union syndicale lycéenne (USL), Utopia 56, VoxPublic, YES Akademia.


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