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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

Emmanuel Terray (1935-2024), anthropologue anticolonialiste, défenseur des immigrés et sans-papiers, nous a quittés

Né en 1935, Emmanuel Terray s’est réclamé très jeune d’un christianisme social, humaniste et universaliste, et, assistant à l’âge de 18 ans à un meeting en 1953 en faveur de l’amnistie des condamnés politiques malgaches victimes de la répression coloniale de 1947, où était intervenu notamment l’ancien déporté résistant chrétien partisan de l’émancipation des peuples coloniaux, Edmond Michelet, il a épousé durablement la cause de l’anticolonialisme et de la solidarité internationale. Devenu ethnologue et anthropologue, il s’est engagé contre la politique de guerre en Algérie du gouvernement de Guy Mollet en rejoignant le parti socialiste autonome (PSA) puis le PSU. Africaniste, il est devenu directeur d’étude à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) tout en militant pour les droits des travailleuses et travailleurs immigrés aux côtés des collectifs de sans-papiers et au sein de la Ligue des droits de l’Homme.

La revue Savoir/Agir lui a consacré en 2013 un grand entretien intitulé « De l’anthropologie à la défense des sans-papiers. Soixante ans d’engagement » qui éclaire bien ce qu’il a apporté dans de nombreux domaines.

Il est resté jusqu’à sa mort membre de l’équipe du Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale (Cedetim) qui lui rendra prochainement un hommage.


Le communiqué de la Ligue des droits de l’Homme

Avec la disparition d’Emmanuel Terray,

la LDH pleure un grand intellectuel engagé

Source

Paris, le 28 mars 2024

La LDH (Ligue des droits de l’Homme) tient à rendre un hommage ému à Emmanuel Terray (1935-2024), philosophe, anthropologue réputé, qui fut l’un de ses militants les plus actifs sur la question des droits des immigrés et des sans-papiers, et qui nous a quittés le 25 mars 2024 à l’âge de 89 ans. Ancien élève de l’Ecole normale supérieure de 1957 à 1961, agrégé de philosophie, issu d’une famille catholique conservatrice, il s’est lui-même réclamé très tôt d’un christianisme émancipateur et anticolonial. Le premier meeting auquel il a assisté, en 1953, est en faveur de l’amnistie des condamnés politiques malgaches, et, à la fin de 1955, il s’est engagé au sein des étudiants socialistes avant que Guy Mollet ne plonge la France, en février 1956, dans la guerre d’Algérie. D’où son départ vers le Parti socialiste autonome (PSA), créé en 1958 contre la politique algérienne de Guy Mollet, puis au Parti socialiste unifié (PSU), issu de la fusion, en 1960, du PSA avec d’autres groupes en rupture avec le Parti communiste français (PCF). Et en même temps son adhésion à la LDH. Comme universitaire, il s’est orienté vers l’anthropologie après avoir découvert les travaux de Claude Lévi-Strauss et Georges Balandier, et il a enseigné en 1964 à l’université d’Abidjan. De retour à Paris après Mai 68, militant du PSU jusqu’en 1972, il est élu directeur d’étude à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) tout en militant pour les droits des travailleuses et travailleurs immigrés et sans papiers avec la LDH, dont il restera membre jusqu’à sa mort. Membre de son Comité central de 1997 à 1999, il observa une longue grève de la faim en faveur des droits des personnes sans papiers à l’été 1998. Il fut le responsable de son groupe de travail « Etrangers et immigrés » de 2007 à 2008. Pendant toute cette période, il a milité aux côtés des collectifs de sans-papiers, dont il fut un soutien précieux, pour la reconnaissance des droits des personnes étrangères, tout en poursuivant son travail intellectuel et sa réflexion politique (Penser à droite, éditions Galilée, 2012). La LDH pleure la disparition d’un intellectuel engagé qui, durant toute sa vie, a partagé ses valeurs et ses combats.

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