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Édition du 1er au 15 novembre 2024

des nostalgiques de l’OAS au tribunal

Trois responsables de l'Adimad étaient cités à comparaître au TGI d'Aix en Provence, le 13 mars 2006. Le tribunal a mis en délibéré au 15 mai prochain sa décision concernant l'exception d'irrecevabilité soulevée par leur défense.

Jean-François Gavoury, dont le père a été tué le 31 mai 1961 par l’OAS, poursuit les responsables de l’ADIMAD pour « apologie de crimes ».

L’Humanité du 13 mars 2006.

Aujourd’hui, [lundi 13 mars 2006] à 14 heures, Annie Robert, Jean-Pierre Papadacci et Jean-François Collin, tous responsables de l’ADIMAD1, vitrine du « combat pour l’Algérie française », sont cités à comparaître devant le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence pour « apologie de crimes ». Cette association, qui se fixe comme but « la défense de la mémoire de tous les martyrs et de toutes les victimes des ennemis de l’Algérie Française », est à l’origine de la stèle érigée en 2005 à Marignane à la gloire de quatre anciens terroristes de l’OAS condamnés à mort. Les activistes de l’organisation d’extrême droite honorés par ce monument dédié sans vergogne « aux combattants pour que vive l’Algérie française » sont Albert Dovecar et Claude Piegts, assassins du commissaire Roger Gavoury ; Roger Degueldre, à l’origine du meurtre, trois jours avant la signature des accords d’Évian, de six inspecteurs de l’éducation nationale à El Biar
2 ; et Jean-Marie Bastien-Thiry, organisateur des attentats manqués contre le général de Gaulle à Pont-de-Seine et au Petit-Clamart.

C’est Jean-François Gavoury, le fils de Roger Gavoury, commissaire central d’Alger, assassiné le 31 mai 1961, qui est à l’origine de cette procédure. Les auteurs de l’assassinat de son père ont été jugés par le tribunal militaire spécial de Paris le 30 mars 1962, reconnus coupables d’atteinte à la sûreté de l’État, homicide volontaire, complicité d’assassinat, association de malfaiteurs. Deux d’entre eux, Albert Dovecar et Claude Piegts, ont été condamnés à mort et fusillés le 7 juin 1962. Dans une contribution à l’ouvrage de Jean-Philippe Ould-Aoudia, la Bataille de Marignane, paru récemment, Jean-François Gavoury revient longuement sur le meurtre de son père, le parcours de ses assassins, et les raisons qui l’ont conduit, avec le soutien d’autres enfants de victimes de l’OAS, à engager cette action en justice. « Si l’imposture n’a pas de limites chez ces gens-là, écrit-il à propos de l’ADIMAD, la patience des victimes de leurs innommables déviances en connaît. Attirer l’attention sur ces boutefeux, falsificateurs de l’histoire, sur le fait qu’ils ne sont pas à l’abri de toute plainte ou dénonciation relève du devoir citoyen dès lors que les pouvoirs publics ne satisfont pas à cette obligation. »

À l’heure où l’activisme des réseaux de nostalgiques de la colonisation reprend de la vigueur, et où la loi du 23 février ouvre le droit à l’indemnisation des anciens de l’OAS condamnés3, ce procès prend évidemment un relief tout particulier. Il intervient quatre ans après celui du général Aussaresses, condamné en 2002 pour « apologie de crimes de guerre ».

Rosa Moussaoui

  1. ADIMAD : Association amicale pour la défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus et exilés politiques de l’Algérie française.
  2. Il s’agit de Marcel Basset, Robert Eymard, Mouloud Feraoun, Ali Hammoutene, Max Marchand et Salah Ould Aoudia. Voir 150.
  3. Voir : 1198.
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