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Édition du 1er au 15 décembre 2025

« Décolonisons ! », la revue de l’association Survie

Une nouvelle formule pour le périodique en ligne et sur papier de l’association Survie

En septembre 1993 paraissait le premier numéro de Billets d’Afriqueet d’ailleurs précisait l’édito, mais pas le titre. Pas encore un journal, à peine un bulletin : une page A4 recto/verso en noir et blanc, à la mise en page archi minimaliste, qui servait de supplément au véritable journal d’alors d’une association Survie née neuf ans auparavant, Point sur la loi pour la survie et le développement.

La modeste feuille annonçait cependant un objectif ambitieux dès les premières lignes, sous la plume de son fondateur et longtemps unique rédacteur, François-Xavier Verschave : « contribuer à achever un système de coopération rongé jusqu’à la corde par l’affairisme et le cynisme, en ne lâchant pas les baskets de ceux qui seraient tentés de le perpétuer ». Il n’était pas encore question de Françafrique (le célèbre ouvrage portant ce titre ne paraîtra que cinq ans plus tard), pas même de colonisation (le terme « néocolonial » n’y apparaissait qu’une fois, au détour d’une citation d’une jeune députée guyanaise, Christiane Taubira). Mais la dénonciation de l’emprise persistante de notre pays sur son ancien empire africain était d’emblée au cœur du projet éditorial.

Ce Billets d’Afrique va rapidement s’étoffer, mais gardera longtemps l’aspect basique d’un austère bulletin d’information. Il faut attendre une décennie pour que la publication prenne de l’ampleur : en 2003, une maquette plus travaillée lui donne l’aspect d’un véritable journal, même si sa « une » le présentera encore longtemps comme une simple « lettre mensuelle »… Une appellation bien modeste au vu de la qualité ce qui était proposé dans ses colonnes, nous pouvons l’écrire rétrospectivement. Et saluer au passage ces générations de militant·e·s qui ont fait vivre le journal, et continuent de le faire !

Le grand artisan de cette transformation était le regretté Raphaël de Benito. Journaliste de profession, il a notamment introduit les images dans le journal. Un certain John Beurk pourra ainsi y publier ses premiers dessins dès 2010… Il officie aujourd’hui encore, en plus d’être notre maquettiste attitré ! Bien d’autres camarades ont fait vivre notre mensuel, et continuent de le faire : Odile Tobner, Raphaël Granvaud, Mathieu Lopes, Raphaël Doridant, Sharon Courtoux, Pierre Caminade, Marie Bazin… Nous ne pourrons pas les citer toutes et tous, mais nous tenons à saluer ici le travail de ces générations de militant·e·s.

Il y a dix ans ou presque, en janvier 2016, Billets d’Afrique « fait sa mue » : la couverture passe à la couleur, et la mise en page évolue pour donner au journal un côté plus magazine – une maquette qui ressemble beaucoup à celle que vous connaissez aujourd’hui. Le journal s’assume désormais comme un « mensuel d’information sur la Françafrique ». Le « et d’ailleurs » disparaît au passage : de fait, c’est bien le continent africain qui est au centre des sujets traités… et des combats de l’association.

Survie va bien sûr continuer à évoluer, et son journal avec lui. En novembre 2017, celui-ci fait sa couv’ sur la Kanaky-Nouvelle-Calédonie, « une colonie aux portes de l’indépendance » (elle attend toujours, hélas). Quelques mois plus tard, ce sont les « luttes dans les actuelles colonies françaises » qui font la une. Survie ne déserte pas la Françafrique, loin de là, mais comme elle l’a fait par le passé, elle agrandit son terrain de recherche et de militantisme. Comment dénoncer en effet le néocolonialisme de l’État français en laissant de côté le colonialisme tout court que subissent encore ces territoires dit hypocritement d’« outre-mer » ?

Survie entend lutter désormais ouvertement contre l’impérialisme français sous toutes ses formes, partout où il sévit, de Libreville à Nouméa, de Papeete à N’Djamena. À partir de décembre 2024, Billets d’Afrique s’affiche donc logiquement comme un « journal anticolonial ». Et nous sommes alors nombreux⸱euses au sein de notre organisation à nous dire que ce titre est devenu un peu trop restrictif, et plus forcément très parlant…

Voici donc un nouveau cap de franchi avec le prochain numéro : Billets d’Afrique devient aujourd’hui Décolonisons ! Un nom qui dit mieux l’objet de nos luttes, et leur étendue. Pas une révolution, plutôt une clarification. Le rappel – involontaire mais évident – à un de nos gros titres passés : en février 1996, le journal proclamait déjà en une « Décolonisons-nous ! » Trente ans après, nous renouvelons cet appel toujours indispensable. Nous le proclamons pleine page… et poursuivons le combat !

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