La mort de l’éditeur François Gèze
par Catherine Simon, publié dans Le Monde le 1er septembre 2023.
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L’ancien patron des éditions La Découverte de 1983 à 2014 est mort à Vannes, lundi, à l’âge de 75 ans. L’Algérie et l’Amérique latine figuraient parmi les pôles d’intérêt de cet éditeur engagé.
Figure de la gauche intellectuelle dont le rôle fut capital dans la vie des sciences humaines en France, l’éditeur François Gèze est mort à l’âge de 75 ans. Directeur pendant plus de trente ans des éditions La Découverte, qui avaient pris la relève des éditions Maspero, il est décédé brutalement, à la suite d’un malaise respiratoire, lundi 28 août, dans l’ambulance qui l’emportait vers l’hôpital de Vannes.
Né le 17 avril 1948, à Casablanca (Maroc), François Gèze, dont le père était officier, avait été « vacciné définitivement » contre l’armée, après sa classe de terminale passée dans la Sarthe, au Prytanée militaire de La Flèche. Sa mère, Thérèse d’Aviau de Ternay – « une femme extraordinaire », se souvient l’économiste Gustave Massiah, ami de François Gèze –, était engagée, entre autres, au sein du Planning familial. De son enfance, de ses parents, de ses cinq frères et sœurs, pas plus que de la famille qu’il avait fondée – il était père de trois enfants –, le patron de La Découverte n’aimait parler. Sur sa vie militante et ses premiers voyages en Amérique latine, comme sur le métier d’éditeur, ses combats pour le livre et la transmission des savoirs, cet homme pudique se confiait, en revanche, volontiers.
Tout commence en 1968, l’année de ses 20 ans : élève au lycée Pierre-de-Fermat à Toulouse, le jeune Gèze vit le printemps 1968 comme un « éblouissement ». En quelques mois, sa vie bascule. Cette année-là, qui est celle de la mort de son père, est aussi celle des premiers engagements. Ayant adhéré au Parti socialiste unifié, il rejoint, à Paris, l’équipe du Centre d’études anti-impérialistes (Cedetim), fondé par Gustave Massiah. Ce qui ne l’empêche pas de suivre des études à l’Ecole des mines et, en prime, un cursus d’économie.
Fibre écologiste
Le révolutionnaire en herbe est un bosseur vertigineux. Les sujets les plus sérieux ne le rebutent pas ; au contraire. En 1972, à l’Ecole pratique des hautes études, il présente, sous la direction d’Ignacy Sachs, un mémoire au titre peu glamour : « Pollution et compétitivité dans l’industrie du cuivre au Pérou. Contribution à une méthodologie d’évaluation des projets industriels, prenant en compte la protection de l’environnement ». Le futur éditeur du livre de José Bové, François Dufour et Gilles Luneau, Le monde n’est pas une marchandise, publié en 2000 à La Découverte et qui sera vendu à plus de 70 000 exemplaires, a déjà la fibre écologiste.
Le Pérou l’attire, mais aussi et surtout le Chili et l’Argentine. D’un séjour à Buenos Aires il rapporte un essai, écrit avec Alain Labrousse, Argentine. Révolution et contre-révolutions (Seuil, 1975). A son retour en France, il milite pour le boycott de la Coupe du monde de football, organisée en 1978 par l’Argentine. Quant au Chili, il avait rêvé un moment, avant que les militaires ne renversent le régime socialiste de Salvador Allende, en septembre 1973, de s’y installer, pour mettre au service de la jeune révolution ses talents d’ingénieur. Rien d’étonnant, donc, à ce qu’il s’intéresse, au milieu des années 2000, à l’enquête menée en Argentine par Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l’école française (La Découverte, 2008). La journaliste y révèle l’implication de l’armée française, dès la fin des années 1950, dans la formation des militaires latino-américains aux techniques de la « guerre sale » (torture, rafles, exécutions sommaires…).
« C’était un homme d’une modestie et d’une culture inouïes », commente la journaliste, encore « sous le choc » après l’annonce du décès de l’éditeur. François Gèze et Marie-Monique Robin « feront » huit livres ensemble – parmi lesquels Le Monde selon Monsanto (La Découverte, 2008), consacré à la multinationale « reine » des pesticides. Saluant son « enthousiasme bienveillant » vis-à-vis des auteurs, Mme Robin souligne le fait, « assez rare chez les éditeurs », qu’il « tenait en haute estime le métier de journaliste. Pour lui, livres, articles, films participent au débat démocratique, tant qu’ils sont rigoureux et bien documentés ».
L’Algérie aura été, avec l’Amérique latine, l’un de ses grands pôles d’intérêt. Il y vient grâce aux livres édités par François Maspero, découverts à la fin des années 1970. Ceux de Frantz Fanon, mais aussi de l’anthropologue Mouloud Mammeri, critique lucide des dérives dictatoriales du régime algérien. C’est en 1977 que François Gèze est chargé de la collection de livres sur les luttes anti-impérialistes du Cedetim, collection que François Maspero a accepté d’accueillir. A ses côtés, l’ancien élève de l’Ecole des mines fait son apprentissage du métier d’éditeur.
Gros succès de librairie en 1986
En 1980, François Maspero, confronté à de graves difficultés financières, demande à François Gèze de lui prêter main-forte pour gérer la maison. Deux ans plus tard, en février 1982, il lui propose de prendre la relève – c’est-à-dire la tête de la maison d’édition. A condition de changer de nom : en 1983, La Découverte est née. Grâce à l’aide de Bruno Parmentier, puis de Jean-Guy Boin, devenus ses deux amis les plus proches, François Gèze va réussir, en quelques années, à redresser l’entreprise en renouvelant ses bases.
Il est l’un des premiers à comprendre la révolution qui s’opère. « Notre génération, les post-68, était souvent réductrice : pour beaucoup, le marxisme expliquait tout. On a vu que c’était une impasse, et on voit désormais se déployer de nouvelles formes de compréhension intellectuelle, plus holistes, qui pensent le monde globalement et sont beaucoup plus saines à mes yeux que celles des années 1970, quand la dimension écologique, environnementale, était pratiquement absente ou du moins très minoritaire », expliquait-il, en 2019, dans une interview à la revue Mouvements. Les collections qu’il lance, à partir des années 1980, sont des réussites : L’Etat du monde et ses variantes (L’Etat de la France, du Maghreb, etc.) se vendent bien. De même, la collection « Repères », née en 1983 et qui existe encore. Sans parler des livres d’enquête, écrits par des journalistes d’investigation. « Il savait saisir l’air du temps, au sens fort du terme », résume Jean-Guy Boin.
Si La Découverte connaît de gros succès de librairie (Tête de Turc, de Günter Wallraff, publié en 1986, est vendu à 500 000 exemplaires), la maison de François Gèze gagne aussi le pari de faire découvrir à un large public des auteurs (Bruno Latour, entre cent autres) et des thèmes réputés difficiles (le cyberespace, l’histoire des sciences et des techniques…). François Gèze n’était pas qu’un moine-soldat ou un pionnier du numérique : il était un « philosophe de l’édition », dit Jean-Guy Boin.
« François était l’un des seuls en France à conjuguer l’engagement et une vision globale du monde de l’édition », explique Pascale Iltis, attachée de presse aux éditions La Découverte. En témoignent ses implications tous azimuts dans le secteur interprofessionnel : en faveur des librairies (création de l’Association pour le développement de la librairie de création, en 1988) ; au sein du Syndicat national de l’édition ; pour le lancement de Cairn.info et du programme ReLire, qui permet de numériser les livres indisponibles du XXe siècle…
Bête noire du pouvoir algérien
Cet engagement professionnel est aussi politique. Et ce qui était vrai à l’époque de Maspero, dans la France des années 1950-1960, l’est autant à l’époque de Gèze, dans la France des années 1990-2000 : l’Algérie est la grande affaire. Après l’interruption autoritaire du processus électoral, en 1992, imposée par les militaires, qui se pensent menacés par une victoire du Front islamique du salut, les éditions La Découverte, reprenant le flambeau, publient plusieurs ouvrages qui mettent en lumière l’histoire longue de l’islam et de l’islamisme au Maghreb. François Gèze a contribué à « diffuser la pensée des libéraux et des religieux du monde arabo-musulman du XIXe et du XXe siècle », se félicite l’historien Mohammed Harbi.
Les prises de position de l’éditeur, appuyé par l’historien Pierre Vidal-Naquet, pointant l’implication du pouvoir dans le conflit et le « climat de terreur » qu’il impose « afin de prévenir toute révolte populaire » (Le Monde du 5 mars 1998), lui valent des volées de bois vert des deux côtés de la Méditerranée. « Durant les années noires, François Gèze a été l’un des rares éditeurs à avoir dénoncé les violations des droits de l’homme perpétrées par le régime algérien, au prétexte de la lutte contre l’islamisme », constate l’historien Gilles Manceron. La publication, en 2001, du livre de Habib Souaïdia La Sale Guerre. Le témoignage d’un ancien officier des forces spéciales de l’armée algérienne fait du patron de La Découverte, membre actif du site Algeria-Watch, l’une des bêtes noires du pouvoir algérien. Il faudra la révolte du Hirak, en 2019, pour donner raison, au moins en partie, à cet éditeur aux engagements obstinés.
François Gèze en quelques dates
17 avril 1948 : Naissance à Casablanca (Maroc)
1975 : « Argentine, révolution et contre-révolutions », avec Alain Labrousse (Seuil)
1982 : Les éditions La Découverte prennent la relève des éditions Maspero
1986 : « Tête de Turc », de Günter Wallraff (La Découverte), se vend à 500 000 exemplaires
2001 : Publication de « La Sale guerre. Le témoignage d’un ancien officier des forces spéciales de l’armée algérienne », de Habib Souaïdia (La Découverte)
2008 : Publication d’« Escadrons de la mort, l’école française », de Marie-Monique Robin (La Découverte)
28 août 2023 : Mort à Vannes
francois ge ze articles de presse
La Ligue des droits de l’Homme rend hommage à François Gèze
[/Communiqué, Paris, le 30 août 2023./]
Avec la disparition de François Gèze, le 28 août, à l’âge de 75 ans, la LDH (Ligue des droits de l’Homme) a perdu un ami proche et un soutien fidèle.
Membre du Parti socialiste unifié (PSU) après Mai 1968, il a rejoint le Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale (Cedetim) fondé par l’économiste Gustave Massiah. Il a été le premier président du Centre international de culture populaire (CICP) en 1976. Pendant plus de trente ans, il a été, de 1982 à 2014, le président directeur général des éditions La Découverte qui ont pris la suite des éditions François Maspero, que celui-ci lui avait transmises après plusieurs années d’une étroite collaboration avec lui commencée en 1975 lorsqu’il avait dû fermer sa librairie la Joie de lire à Paris, au quartier latin.
Comme l’avaient fait les éditions Maspero, il y a publié de nombreux ouvrages portant sur la lutte des peuples pour leurs droits et libertés, à commencer par ceux d’Argentine et du Chili, ainsi que sur les luttes anticoloniales en Asie, Afrique et Amérique latine. Il a accordé une attention particulière à l’histoire de la colonisation de l’Algérie et de sa guerre d’indépendance, tout en documentant les atteintes aux droits de l’Homme dans l’Algérie indépendante, notamment lors de la « décennie noire » des années 1990.
Il a également, entre autres, créé la collection de poche « Repères » en 1983 et a été partie prenante de la fondation en 2005 du portail de revues Cairn Info (société dont il a été le président jusqu’à sa mort).
Cela l’a conduit à publier de nombreux ouvrages en collaboration avec la LDH, en particulier de 2004 à 2013, chaque année, ceux de la série « l’état des droits de l’Homme en France ».
Après avoir quitté la direction des éditions La Découverte tout en continuant à y diriger des collections et suivre des auteurs, il a co-fondé en 2017 le site histoirecoloniale.net qui poursuivait le travail du site ldh-toulon.net dont une grande partie était consacrée à l’histoire coloniale et à ses héritages dans notre présent. Il s’y est fortement investi jusqu’à sa mort, en étroite collaboration avec les historiens Alain Ruscio, Fabrice Riceputi et Gilles Manceron, et est toujours resté attaché au lien de ce site avec le combat de la LDH dont il partageait les récentes prises de position.
La LDH transmet ses condoléances et sa sympathie à son épouse, ses enfants, ses proches et ses amis. Elle ne l’oubliera pas.
Biographie et bibliographie de et sur François Gèze
par Gustave Massiah, président du Cedetim.
Biographie
Editeur français, né le 17 avril 1948 à Casablanca. Il a dirigé les éditions La Découverte de 1982 à 2014, maison pour laquelle il exerce ensuite une activité d’éditeur. Il est depuis 2005 le président de la société Cairn.info, portail de revues et livres de sciences humaines et sociales. Engagé très jeune dans des actions de solidarité internationale avec l’Amérique latine, il s’est ensuite fortement impliqué dans l’interprofession du livre, contribuant à plusieurs de ses instances. Et depuis les années 1990, il s’est particulièrement mobilisé contre les violations des droits humains en Algérie, au temps de la colonisation comme depuis son indépendance.
Formation et début de carrière
François Gèze est le fils de Louis Gèze (1922-1968), officier issu d’une lignée paysanne du Gers, et de Thérèse d’Aviau de Ternay (1925-2014), engagée notamment au Planning familial. Après une enfance ballottée avec ses cinq frères et sœurs entre l’Allemagne et la France au fil des affectations de son père, François Gèze a suivi la préparation aux grandes écoles. Au Lycée Pierre de Fermat de Toulouse, il était en « math spé » en mai 1968, moment pour lui décisif comme il en témoigne cinquante ans plus tard : « Les valeurs de fraternité découvertes en Mai 68 ont clairement orienté ma vie entière »1. Parallèlement à ses études à l’École des Mines de Paris (1969-1972), il a suivi un cursus d’économie du développement à l’Institut d’études du développement économique et social (IEDES) et réalisé en juin 1972 (avec Bruno Parmentier), sous la direction du professeur Ignacy Sachs, un mémoire de la VIe section de l’École pratique des hautes études (EPHE) : Pollution et compétitivité dans l’industrie du cuivre au Pérou. Contribution à une méthodologie d’évaluation des projets industriels prenant en compte la protection de l’environnement. De novembre 1973 à janvier 1975, François Gèze est volontaire du service national actif (VSNA) à l’ambassade de France à Buenos Aires (Argentine). De 1975 à 1979, il est ingénieur économiste à la Société d’études pour le développement économique et social (SEDES), puis au Bureau d’information et de prévision économique (BIPE), où il se spécialise notamment sur l’économie des métaux non ferreux2 et les échanges économiques Est-Ouest3. Il est ensuite consultant, jusqu’en 1981, au bureau d’études ACT-Consultants.
Premiers engagements : le Chili et l’Argentine
En 1969, François Gèze s’engage à Paris au Parti socialiste unifié (PSU), puis dans son émanation chargée de la solidarité internationaliste, le Centre d’études anti-impérialistes (Cedetim), animé notamment par Manuel Bridier, l’un des fondateurs du Parti socialiste unifié (PSU), et l’économiste Gustave Massiah4. Il s’implique ensuite, en 1972 et 1973, aux côtés des militants maoïstes de la Gauche prolétarienne (dont il ne faisait pas partie) qui créent en février 1973 le quotidien Libération (il y contribuera aux pages « Économie » et au suivi de l’actualité du Chili de l’Unité populaire)5. En mai 1973, après deux voyages au Chili et au Pérou, il fonde à Paris avec d’autres militants du Cedetim, dont Alain Joxe et Michel Vigier, le Comité de soutien à la lutte révolutionnaire du peuple chilien, lequel jouera un rôle important dans le vaste mouvement de solidarité qui s’est manifesté en France en faveur des exilés chiliens à la suite du coup d’État du général Augusto Pinochet, le 11 septembre 19736.
Lors de son séjour en Argentine de fin 1973 à début 1975, François Gèze mène un travail d’enquête sur les luttes sociales et politiques dans le pays, signant (sous le pseudonyme de Juan Carlos Russo) des correspondances pour l’hebdomadaire Politique Hebdo, puis un livre écrit avec le journaliste Alain Labrousse, Argentine, révolution et contre-révolutions7. À son retour en France, il crée en mars 1975, avec d’autres français bon connaisseurs de l’Argentine, le Comité de soutien aux luttes du peuple argentin (CSPLA), pour dénoncer la répression des mouvements populaires qui conduira au Coup d’État de 1976 en Argentine. Avec les animateurs de la revue Quel Corps ?8, le CSPLA sera à l’origine, en juin 1977, du Comité pour le boycott de l’organisation par l’Argentine de la Coupe du monde de football (COBA)9. À l’occasion de ce « Mundial » qui s’est déroulé en juin 197810, le COBA, fort de deux cents comités locaux dans toute la France, fera largement connaître les violations des droits humains perpétrées par la dictature militaire, avec le slogan : « On ne joue pas au football à côté des centres de torture »11,12. Au début des années 1980, François Gèze est l’un des animateurs, avec notamment le politologue Jean-Paul Hébert13 et l’amiral Antoine Sanguinetti, de l’Association française de recherches sur la paix (ARESPA), fondée par Alain Joxe14.
Carrière éditoriale
En 1977, François Gèze assure la direction de la collection du Cedetim, que François Maspero (1932-2015) a accepté d’accueillir dans sa maison, qu’il a créée en 1959. Début 1980, les Éditions Maspero connaissant des difficultés économiques, François Maspero demande à François Gèze – mandaté par le Cedetim15 – de lui prêter main-forte, ce qui permet à ce dernier de se former auprès d’une personne ayant la connaissance du milieu de l’édition. En février 1982, sans que François Gèze s’y attende, François Maspero lui demande d’assurer la présidence de la société16. Et en mai 1982, Maspero démissionne sans indemnités et cède à François Gèze pour un franc symbolique17 ses parts de l’entreprise, dont il demande seulement qu’elle change de raison sociale : elles deviendront en janvier 1983 les Éditions La Découverte, conservant le fonds de la maison18. Avec le concours de Bruno Parmentier pendant les premières années, puis de Jean-Guy Boin de 1985 à 1992, il se consacre au développement et au renouvellement éditorial de la maison. Après avoir repris les éditions Syros en 1995, La Découverte est elle-même reprise en 1998 par le groupe Havas, devenu ensuite Editis. En janvier 2014, François Gèze prend sa retraite – tout en conservant une activité de directeur de collection – et confie, avec l’accord de l’actionnaire, la direction de la maison à Hugues Jallon19,20, 43 ans, ancien directeur littéraire et directeur éditorial entre 1997 et 2010. Quand ce dernier quitte La Découverte en avril 2018 pour prendre la direction des Éditions du Seuil, il est remplacé par Stéphanie Chevrier21, 49 ans, toujours avec l’accord de François Gèze et de l’actionnaire.
Choix éditoriaux à La Découverte
À partir de 1983, François Gèze entend inscrire le développement éditorial de La Découverte dans la fidélité aux engagements qui ont été ceux des Éditions Maspero, dans un contexte intellectuel et politique qu’il estime toutefois « très différent »22, comme il le précise en 201323.
« J’ai vu ce retournement impressionnant du gauchisme à partir de la fin des années 1970. Ce n’était pas une fin, mais un effondrement d’une brutalité incroyable. L’engagement d’une partie d’une génération vers l’extrême gauche qui disait On va changer le monde et qui se retrouvait dix ans après dans un reflux total. Il y avait plus que matière à réflexion. C’est comme si tout ce bouillonnement politique et intellectuel avait été vain. Cette effervescence était le centre de gravité, la raison d’être de la maison d’édition. Du jour au lendemain, des collections entières ont cessé de se vendre, comme celle d’Althusser. Ce lendemain a créé une atmosphère pénible, ce grand cauchemar des années 1980 que François Cusset analyse dans La Décennie (2006). Mon idée a toujours été de dire : certes il faut changer l’eau du bain, mais garder le bébé, l’engagement. »
D’où des évolutions éditoriales marquées notamment par la publication, chaque année depuis 1981 (jusqu’en 2021), de l’annuaire économique et géopolitique mondial L’État du monde, créé sur une idée du géographe Yves Lacoste et de plusieurs dizaines de titres conçus sur le même modèle de « mini-encyclopédie » grand public – un choix en rupture assumée avec les impasses du « romantisme révolutionnaire » du tiers-mondisme de la période précédente24. Ou encore par la création, en 1983, de la collection de poche « Repères », initialement dirigée par l’économiste Olivier Pastré et le sociologue Michel Freyssinet (1941-2020), fruit d’une réflexion collective menée autour de la publication en économie25. Cette collection est devenue depuis l’une des principales collections universitaires dans le domaine des sciences sociales. Pour faire face à la situation difficile du secteur dans la période26, François Gèze a également fait des essais et documents un axe fort de la maison. Parallèlement, il a poursuivi ou engagé un important travail d’exploration des voies nouvelles de la recherche en sciences humaines et sociales dans diverses disciplines, avec de nombreux universitaires et directeurs de collection27. Il a approfondi un autre axe important avec l’histoire coloniale française, orientation fondatrice des Éditions Maspero. Ce qui le conduira en 2017 à participer, avec les historiens Gilles Manceron, Fabrice Riceputi et Alain Ruscio à la création puis à l’animation du site « Histoire coloniale et postcoloniale ». Ainsi qu’à la Fondation Frantz Fanon, présidée par Mireille Fanon-Mendès-France. François Gèze a enfin régulièrement accueilli à La Découverte des revues de sciences humaines et sociales, dont il a souvent souligné l’importance, comme Hérodote, La Revue du Mauss ou Mouvements (créée en 199828).
L’édition numérique
C’est d’ailleurs cet attachement à l’avenir des revues, qu’il voit comme un « laboratoire d’idées essentiel »27, qui a contribué, avec d’autres facteurs, à le mobiliser pour le développement de l’édition numérique29. Au début des années 2000, constatant le déclin régulier de la diffusion des revues imprimées, il a ainsi été partie prenante de l’initiative des Éditions De Boeck, qui ont lancé en 2005 avec La Découverte, les Éditions Érès et Belin le portail de revues Cairn.info (société dont François Gèze est depuis le président). Son succès, largement confirmé au fil des années, « a permis de sauver de la disparition le fragile écosystème des revues de SHS, les revenus des revues numériques compensant la baisse de ceux des revues imprimées »27.
Cette orientation, selon François Gèze, est le résultat d’une expérience antérieure27 :
« Dans les années 1990, j’ai publié des auteur·rices pionniers sur cette question, comme Pierre Lévy, avec son livre L’Intelligence collective. Pour une anthropologie du cyberespace (1994), une théorie de ce qu’est Internet, qui était alors très loin d’être aussi développé qu’aujourd’hui. Le numérique m’intéressait beaucoup et j’ai commencé par faire des cd-rom. Dès la fin des années 1980, nous en avons publié plusieurs, par exemple sur la guerre d’Algérie ou sur l’histoire de Che Guevara. Puis nous avons réalisé un cd-rom avec tous nos annuaires L’État du monde publiés depuis 1981, qui est devenu ensuite un site Internet (arrêté depuis, du fait de la concurrence de Wikipédia). Tout cela nous a permis d’apprendre les techniques du numérique. »
Cette expérience l’a conduit à s’investir à partir des années 2000 dans les instances interprofessionnelles mobilisées par le Syndicat national de l’édition (SNE) pour accompagner la « mutation numérique » du secteur30. Il sera notamment l’un des promoteurs du programme ReLire de numérisation des livres indisponibles du XXe siècle (dont il a été membre du comité scientifique de 2013 à 2016), géré à partir de 2012 par la Bibliothèque nationale de France (BnF), puis mis en œuvre par la société FeniXX, filiale du Cercle de la librairie créée en 2014. Et depuis 2021, il préside pour trois ans la Commission numérique du Centre national du livre.
Fonctions interprofessionnelles dans l’édition
Dès le début des années 1980, François Gèze s’est investi dans les instances de l’interprofession du livre, en premier lieu le Syndicat national de l’édition (SNE) et, à partir de 2000, le Cercle de la librairie. Il estimait en effet essentiel pour sa maison de participer aux évolutions de l’écosystème du livre pour mieux assurer l’audience des livres qu’elle publiait, à un moment où sa situation économique était très fragile, comme l’a souligné dans sa thèse consacrée à La Découverte la sociologue Camille Joseph : « S’il fallait tout faire pour sauver la maison, c’était d’abord pour des raisons politiques »31.
Il a été le premier président, en 1983, du Bureau du livre français à New York, créé par François Samuelson pour développer la vente aux États-Unis des droits de traduction des livres français32. Il a présidé la Société de caution mutuelle de l’édition française (SOCMEF) de 1991 à 1996. Il est président depuis 1995 du groupe des éditeurs universitaires du SNE et vice-président du Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC), qu’il a présidé de 1996 à 1999. Il est membre fondateur et administrateur de l’Association pour le développement de la librairie de création (ADELC, créée en 1988 à l’initiative des Éditions de Minuit, Gallimard, Le Seuil et La Découverte, avec le soutien de France-Loisirs)33. Il a été président, de 1990 à 1993, de la Commission de liaison interprofessionnelle du livre (CLIL), réunissant éditeurs et libraires, qui a conduit à cette époque la réforme du transport du livre en France. Depuis 2008, il est membre du bureau de la Commission numérique du SNE34. Il a également été membre du Conseil du livre (de 2008 à 2010), du conseil scientifique de la BnF (de 2008 à 2014)35 et du conseil scientifique de l’ENSSIB (de 2008 à 2013).
L’engagement pour l’Algérie
C’est en assurant à partir de 1982 la direction de La Découverte, qui prenait la suite des Éditions François Maspero, que François Gèze s’est intéressé à l’histoire et la situation de l’Algérie, comme il s’en expliquera27 :
« En lisant ce qu’avait publié [François Maspero], j’ai notamment découvert l’histoire et la réalité de l’Algérie, bien loin de la vision réductrice que nous, militant·es anti-impérialistes français·es, en avions à l’époque, celle d’un pays socialiste du tiers monde, engagé dans le soutien aux luttes de libération. Des figures intellectuelles algériennes comme Mouloud Mammeri, un grand anthropologue de la culture berbère qui publiait chez Maspero, m’ont fait découvrir la réalité du régime, véritable dictature qui ne disait pas son nom. »
Ce constat, doublé de celui de la large méconnaissance en France des réalités de la longue colonisation de l’Algérie, l’a conduit à publier (ou rééditer) de nombreux titres consacrés aussi bien à la période coloniale qu’à celle de l’Algérie indépendante36. Et à s’engager, après le coup d’État militaire de janvier 1992, auprès de celles et ceux qui dénonçaient les violations des droits humains perpétrées contre la population, tout au long des années 1990, par les forces spéciales des généraux au pouvoir comme par les groupes armés se réclamant de l’islam (dont le Groupe islamique armé, GIA). Ces prises de position publiques ont été fortement contestées par des intellectuels français et algériens qui dénonçaient des accusations à leurs yeux non fondées contre l’armée algérienne. Ce fut le cas notamment après les grands massacres de l’automne 1997 revendiqués par les groupes armés se réclamant de l’islam : une polémique opposa alors dans les colonnes du Monde Bernard-Henri Lévy, d’une part, Pierre Vidal-Naquet et François Gèze, d’autre part. Le premier accusa les seconds de succomber au « syndrome Timisoara », en « s’appuyant sur des rumeurs ou des ragots pour fonder une analyse », et de « banaliser le crime [des islamistes] en le diluant »37. Ce à quoi le seconds répondirent : « Tous les services de renseignements occidentaux ont acquis la conviction que les GIA sont largement infiltrés par les hommes de la Sécurité militaire, qui s’en servent pour diviser et discréditer les islamistes et entretenir un climat de terreur afin de prévenir toute révolte populaire. […] Il nous faut réaffirmer que, contrairement à ce que prétend B.-H. Lévy, nous ne recommandons pas “le dialogue sans conditions avec des gens qui, hier encore, prêchaient le meurtre des civils et de la démocratie”. Les islamistes sont des ennemis politiques, mais ils doivent être combattus avec les moyens de la démocratie et non par ceux de la barbarie »38.
En 1997, François Gèze a rejoint l’association de défense des droits humains en Algérie Algeria-Watch, créée la même année en Allemagne39, et sur le site de laquelle il publie et reprend régulièrement depuis des articles d’analyse. Avec de nombreux militants des droits humains, français, algériens et européens, il a coorganisé en novembre 2004 à Paris une session du Tribunal permanent des peuples sur le thème « Les violations des droits de l’homme en Algérie (1992-2004) »40. Adossée à toute une série de rapports détaillés, cette session a largement documenté les « violations graves des droits de l’homme et du peuple algérien perpétrés par les services de sécurité de l’État, par leurs auxiliaires ainsi que par toute force ou tout groupe armé se réclamant de l’islam », ainsi que le rôle central dans cette répression de la police politique du régime, le Département du renseignement et de la sécurité (DRS, ex-Sécurité militaire). Parallèlement, il a publié à La Découverte des ouvrages importants confirmant ces analyses, dont : Nesroulah Yous (avec Salima Mellah), Qui a tué à Bentalha ? Chronique d’un massacre annoncé (2000) ; Habib Souaïdia, La Sale Guerre. Le témoignage d’un ancien officier des forces spéciales de l’armée algérienne (2001)41 ; Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire, Françalgérie, crimes et mensonges d’États (2004) ; Jean-Baptiste Rivoire, Le Crime de Tibhirine. Révélations sur les responsables (2011).
QUELLES SYNERGIES ?
INTERVENANTS :
François GÈZE, ancien PDG des éditions La Découverte, membre du Syndicat national de l’édition (SNE) et président de Cairn.info. Il est depuis 2017 l’un des co-animateurs du site Histoire coloniale et postcoloniale.
Edwy PLENEL, fondateur du quotidien en ligne Mediapart, utilisateur et soutien des trois sites internet en question.
Claude PENNETIER, co-directeur du Maitron.
Malika RAHAL, chercheuse à l’IHTP-CNRS, co-animatrice du site 1000autres.org,
Fabrice RICEPUTI, enseignant et chercheur, co-animateur du site histoirecoloniale.net et du site 1000autres.org, « Alger 1957 – des Maurice Audin par milliers ».
Publications
Livres
• François Gèze et Alain Labrousse, Argentine, révolution et contre-révolutions, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Combats », 1975, 286 p.
• Avec Omar Benderra, Rafik Lebdjaoui, Salima Mellah (dir.), Hirak en Algérie, La Fabrique Éditions, 2020.
Articles
• « Où va l’édition française ? », Esprit, septembre 1989.
• « L’édition en panne ? », Esprit, mars-avril 1992.
• « Les défis de l’édition française », Le Débat, n° 86, 1995.
• « La double nature du livre », Bulletin des bibliothèques de France, 1999.
• « Le scénario VUP-Hachette et l’écosystème du livre », La Découverte, 9 octobre 2002.
• « Les enjeux de la distribution », Esprit, juin 2003.
• « Le bel avenir de la librairie indépendante », Les Cahiers du SLF (Syndicat de la librairie française), n° 1, novembre 2004.
• « Quels droits d’auteur pour la création numérique ? », SGDL, 5 décembre 2006.
• « Un éditeur face au numérique », SGDL, 20 octobre 2009.
• « Le livre dématérialisé : un essai de prospective », ENSSIB, 19 novembre 2009.
• « Nous sommes à un tournant majeur de l’histoire de l’édition », Altermondes, 1er décembre 2012.
• « Éditer à gauche : les défis de l’époque », Les Zindigné(e)s, 22 avril 2015.
• « Les mutations contemporaines des métiers de l’édition », Université Blaise-Pascal à Clermont-Ferrand, 8 septembre 2015.
• « Quelle politique numérique pour l’édition de savoir ? Les enseignements de la “loi Lemaire” », Le Débat, n° 188, 2016.
• « “On ne peut pas industrialiser l’acte de création éditoriale”. Interview de François Gèze par Sylvain Bourmeau », AOC, 25 septembre 2021.
Histoire coloniale
• « L’héritage colonial au cœur de la politique étrangère française », in Nicolas Bancel, Pascal Blanchard, Sandrine Lemaire (dir.), La Fracture coloniale. La société française au prisme de l’héritage colonial, La Découverte, 2005.
• « Les “intégristes de la République” et les émeutes de novembre », Mouvements, n° 44, 2006.
• « L’éloge de la colonisation est de retour », Le Monde, 11 novembre 2010.
• Avec Gilles Manceron, « Regardons en face le passé colonial de la France », Le Monde, 18 février 2017.
« La “doctrine de la guerre révolutionnaire” (DGR), genèse, mise en œuvre et postérité », in Catherine Teitgen-Colly, Gilles Manceron et Pierre Mansat (dir.), Les Disparus de la guerre d’Algérie, L’Harmattan, 2021.
Algérie
• « Algérie : pourquoi le silence ? », Esprit, août-septembre 1997.
• « Aux origines de la violence », Mouvements, novembre-décembre 1998.
• « Françalgérie : sang, intox et corruption », Mouvements, no 21-22, 2002.
• Avec Pierre Vidal-Naquet, « Algérie : l’armée terroriste », Les Inrockuptibles, n° 362, 30 octobre 2002.
• Avec Lahouari Addi, « L’Algérie, nouveau modèle d’État “démocratique” tortionnaire », Le Monde, 3 août 2004.
• « Armée et nation en Algérie : l’irrémédiable divorce ? », Hérodote, n° 116, 2005.
• Avec Salima Mellah, « Le GSPC, un “groupe islamiste de l’armée” algérienne ? », in Didier Bigo, Laurent Bonelli, Thomas Deltombe (dir.), Au nom du 11 septembre…, La Découverte, 2008.
• « Algérie : révélations posthumes du journaliste Saïd Mekbel », Rue89, 27 février 2008.
• « L’assassinat des moines de Tibéhirine : vers la vérité ? », Mediapart, 14 septembre 2009.
• « Le jeu trouble du régime algérien au Sahara », in Michel Galy (dir.), La Guerre au Mali, La Découverte, 2013.
• « Le terrible aveu d’un dirigeant algérien : “Nous sommes les derniers pieds-noirs” », Algeria-Watch, 24 janvier 2014.
• « Hocine Aït-Ahmed, acteur et témoin majeur de notre époque », La Découverte, 13 janvier 2016.
• Avec Salima Mellah, « Algeria. The impossible transitional justice », in Nadya Nedelsky et Lavinia Stan (dir.), The Encyclopedia of Transitional Justice, Cambridge University Press, New York, 2021.
• « Au-delà des mémoires de la guerre d’Algérie, les ravages de la colonisation », Mémoires en jeu, n° 15-16, hiver 2021-2022.
• « Trente ans après le coup d’État : le devoir de solidarité », Algeria-Watch, 15 janvier 2022.
Autre
• François Gèze, in Mai 68 par celles et ceux qui l’ont vécu, 2018, Christelle Dormoy-Rajramanan, Boris Gobille et Erik Neveu (dir.), François Gèze, « La découverte de la fraternité », L’Atelier, p. 272-273.
• François Gèze, « La bataille des matières premières minérales : multinationales contre pays producteurs. Le cas du cuivre et de l’aluminium » [archive], Tiers Monde, vol. 17, no 66, 1976.
• François Gèze et Patrick Gutman, « Les liens économiques entre l’Est et l’Ouest sont-ils irréversibles ? », Le Monde diplomatique, mai 1980.
• Notes de lecture de la revue, « Christoph Kalter, Die Entdeckung der Dritten Welt: Dekolonisierung und neue radikale Linke in Frankreich », sur Le carnet du Mouvement social.
• François Samuelson, Il était une fois Libération : reportage historique agrémenté de cinq entretiens inédits de Jean-Paul Sartre, Michel Foucault, Maurice Clavel, Benny Lévy et Serge July, Flammarion, 2007.
• « Trois cents comités de base pour soutenir la lutte révolutionnaire du peuple chilien », Le Monde, 26 mars 1974.
• Mathieu Gaulène, « Quel corps ? / Quel sport ? 35 ans de critique radicale du sport », Nonfiction.fr, 10 juin 2010.
• Fonds personnel de François Gèze, Marina Franco, Archives COBA et CSLPA, La Contemporaine, Nanterre, 2004.
• Daniel Denis et François Gèze, « L’exploitation politique des grandes rencontres. Une géographie sportive trop méconnue », Le Monde diplomatique, avril 1978.
• Jean-Gabriel Contamin et Olivier Le Noé, « La coupe est pleine Videla ! Le Mundial 1978 entre politisation et dépolitisation », Le Mouvement social, 2010.
• François Gèze, « Argentine : l’Esma, centre de torture devenu lieu de mémoire », Rue89, 7 novembre 2016.
• Anne Bucas-Français, « Notice Jean-Paul Hébert », Dictionnaire Maitron, 11 novembre 2015.
• Alain Joxe (dir.), Demain la guerre ? Colloque de l’Association française de recherches sur la paix, Paris, Éditions ouvrières, 1981.
• Colloque. Les mobilisations altermondialistes, Eric Agrikoliansky 3-5 décembre 2003, Association Française de Science Politique.
• « François Maspero, cet homme libre à qui je dois tant », Bibliobs, 14 avril 2015.
• « François Maspero, anticolonialiste humaniste », Histoire coloniale et postcoloniale, 16 avril 2015.
• François Gèze : Être éditeur pour diffuser des idées auxquelles nous tenons, Libération, 13 avril 2015.
• Hugues Jallon succèdera à François Gèze à La Découverte, Livres Hebdo, 12 décembre 2013.
• Éditions La Découverte, troisième génération, Nouvel Obs, 12 décembre 2013.
• Édition : Stéphanie Chevrier remplace Hugues Jallon à La Découverte, Bibliobs, 12 janvier 2018.
• « Penser le monde à nouveaux frais. Entretien avec François Gèze » [archive], Mouvements, 2019.
• Frédérique Roussel, « Trente ans de crise des sciences humaines », Libération, 1er mai 2013.
• François Gèze, « Entretien », Notre librairie. Revue des littératures du Sud, 2002.
• Jean-Michel Chahsiche, « L’économie aux Éditions Maspero et La Découverte au tournant des années 1980 », Raisons politiques, 2017.
• François Gèze, « La crise de l’édition en sciences humaines », La Quinzaine littéraire, 1986.
• « Penser le monde à nouveaux frais. Entretien avec François Gèze », Mouvements, 2019.
• Arnaud Lechevalier, Anne-Sophie Perriaux et Yves Sintomer, « Histoire(s) de Mouvements. Entretien avec Gilbert Wasserman », Mouvements, 2003, p. 139-149 (lire en ligne [archive]).
• Hélène Seiler-Juilleret, « Les premières politiques numériques des maisons d’édition Armand Colin et La Découverte (1998-2005) », in Anthony Glinoer et Pascal Durand (dir.), « Les Maisons d’édition francophones au prisme de leurs archives, IMEC, 2022.
• François Gèze, « Le livre dématérialisé : un essai de prospective », Presses de l’Enssib, 2011.
• Camille Joseph, Les Éditions La Découverte : la gestion d’un héritage éditorial, thèse EHESS, 2010.
• « Pour le développement des librairies de création », Le Monde, 26 janvier 1989.
• Communiqué SNE, 19 juillet 2021.
• Roger Chartier prend la présidence du conseil scientifique de la BNF [archive] in Livres Hebdo 15 avr. 2015.
• « Catalogue thématique La Découverte, Algérie », La Découverte, janvier 2022.
• Bernard-Henri Lévy, « Algérie : gare au syndrome Timisoara », Le Monde, 12 février 1998.
• François Gèze et Pierre Vidal-Naquet, « L’Algérie de Bernard-Henri Lévy », Le Monde, 5 mars 1998.
• « Présentation », Algeria-Watch, 13 décembre 2009.
• Comité Justice pour l’Algérie, « Les violations des droits de l’homme en Algérie (1992-2004) », Algeria-Watch, 5-8 novembre 2004.
• Catherine Simon, « François Gèze, éditeur de combat », lemonde.fr, 19 juin 2001.
Presse
« François Gèze, éditeur de combat », Le Monde, 2001.
« Un éditeur, le cœur engagé », Le Journal des alternatives, 2003.
« François Gèze, 30 ans de Découverte », Les Influences, 2013.
« Trente ans de crise des sciences humaines », Libération, 2013.
« La Découverte, coureur de fonds », Livres Hebdo, 2013.
« La Découverte, le témoignage et la vérité », Le Monde, 2013.
« François Maspero, l’homme à qui je dois tant », L’Obs, 2015.
« Penser le monde à nouveaux frais. Entretien avec François Gèze », Mouvements, 2019.
Radio
• « À voix nue avec François Gèze », France Culture, 5 épisodes, 2013.
• « François Gèze, éditeur ingénieur et ingénieux », par Joseph Confavreux et Jade Lindgaard.
• « François Gèze, comprendre et défaire le cœur de la répression », par Jérémy Rubenstein.
• « François Gèze, un grand éditeur, un camarade et un ami », par Hugues Jallon.
• « Adieu, François Gèze ! », par Joëlle Stolz.