Six mois de prison ferme et six mois avec sursis pour deux membres d’un commando raciste qui avaient agressé un groupe d’étudiants sur les plages du Mourillon (Toulon).
Les débats du tribunal correctionnel de Toulon se sont polarisés hier sur un dossier éminemment sensible : celui d’une agression raciste, xénophobe et homophobe à Toulon, le 22 mai dernier.
Prévenu de « violence aggravée par deux circonstances, suivie d’une incapacité n’excédant pas 8 jours », S.K. a été condamné à 6 mois de prison avec sursis, tandis que L.P., qui répondait de « violence aggravée et injure publique envers un particulier en raison de sa race, de sa religion, ou de son origine, par parole ou écrit », écopait d’une peine de 6 mois d’emprisonnement avec maintien en détention.
Tous deux devront payer, au total, 20 000 F de dommages et intérêts à leurs 3 victimes, parties civiles. Enfin, L.P. devra verser 1 F de dommages et intérêts à la LDH et au MRAP, également constitués parties civiles.
Tout avait débuté le 22 mai dernier alors qu’un groupe d’étudiants fêtait la fin des examens sur une plage du Mourillon. Soudain, une bande de jeunes gens, visiblement très éméchés, était venue leur chercher querelle, en prétendant être des policiers. Crânes quasiment rasés, vêtus de blousons de « Bomber », de treillis et chaussés de rangers, ils s’étaient présentés comme des « nazis » et des « fascistes », avant de proférer des injures racistes et homophobes en direction des étudiants. Très vite, les coups avaient succédé aux insultes. L’un des agresseurs avait même fait usage d’une bombe lacrymogène avant de s’enfuir avec le sac d’un étudiant. Trois adolescents avaient été blessés, parmi lesquels un jeune Toulonnais d’origine Mauricienne 1, victime d’une fracture du nez. (…)
A la barre, les deux prévenus ont été particulièrement silencieux. « Je regrette, j’avais bu » s’est contenté de dire L.P.. (…)
« Ils ont vomi leurs injures racistes et voulaient casser du pédé et de l’étranger » s’est exclamé le batonnier Michel Clément, conseil des 3 victimes. « D’ailleurs, l’un d’eux n’appartient-il pas à une association d’extrême droite ? » a-t-il ajouté.
Aux intérêts du MRAP, Maître Stéphane Mamou s’est employé à citer certains propos tenus par les prévenus : « On va libérer Toulon et la France. Nous sommes fiers d’être skins ! », tandis que Maître Sylvia Garcin, conseil de la LDH, condamnait à son tour ce « racisme ordinaire, ces propos diffamants et infamants ».(…)
Var Matin – 30 juin 1999